Une soirée au profit de SOS MEDITERRANEE

mercredi 25 juillet 2018
par  Garlaban
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…Cette association qui sauve les migrants qui se noient dans la mer
C’était dimanche dernier, une soirée concert dans le cadre du festival de musique d’Aix en Provence
Y aller parce qu’il faut la soutenir, pour qu’elle continue
Y aller parce que ce que vivent les migrants nous révulse
Y aller pour apporter une petite participation
…. Et vivre une bien belle soirée !

C’est un endroit prestigieux qui a été choisi pour venir en aide aux plus déshérités de la planète : l’auditorium du conservatoire Darius Milhaud, essentiellement en bois, réalisé en 2013 par un architecte japonais et pouvant accueillir 500 personne. Ce soir-là c’était complet

Une partie de l’équipage du navire de sauvetage l’Aquarius est venue sur scène. Après la présidente de l’association explique la situation de l’aquarius et dénonce ceux qui refuse de l’accueillir, cela en toute illégalité, un jeune marin officier de marine marchande raconte :
Il raconte les sauvetages « nous sommes au plus près de cette tragédie, car nous nous penchons sur ces personnes pour les sortir de la mer avec nos bras. Parfois, les bateaux en perdition sont remplis d’eau de mer mélangée à du fioul, les gens sont plein de mazout, ils doivent abandonner leurs vêtements… » Il continue, il s’enflamme, l’ émotion nous submerge : « quand la mer est agitée, quand personne ne sait nager, quand il y a des bébés, » il raconte la peur dans les yeux de ceux qu’ils sauvent, il raconte quand c’est trop tard

Il raconte comment leur bateau chargé de 600 migrants s’est vu refuser l’accès aux ports d’Italie, après la décision du 1er ministre italien d’extrême droite. « Des jours et des jours avec tout ce monde à bord, 3 heures d’attente pour avoir un repas, autant pour aller aux toilettes, les sacs en plastics en guise de protection… Plusieurs jours à chercher un port où pouvoir et débarquer, et plusieurs jours pendant lesquels nous ne sauverons personne….En ce moment même, c’est l’heure où les canoés et les barques commencent la traversée. Certains coulerons, nous ne serons pas là » …
Quand il s’arrête de parler la salle est debout.

Le spectacle suit, entre musiques et lectures :
Du piano par Alain PLANES qui joue Gabriel Fauré et Debussy, et accompagne le baryton Stephane Degout

Les voix d’Isabelle Adjani pour un extrait bouleversant de « 3 femmes puissantes » de Marie N’Diaye, de Maylis De Kerangal qui lit « A ce stade de la nuit  » dont elle est l’auteur, et Anne Alvaro qui nous offre un extrait du « discours de l’indien rouge » du poète palestinien Mahmoud Darwich.

Rokia Traoré après des commentaires sans concession sur la situation faite aux migrants chante plusieurs chansons traditionnelles maliennes accompagnée au n’goni (instrument à cordes) par Mamah Diabaté
Par sa présence, par le choix des textes et des musiques, chaque artiste a montré là son engagement, son parti pris pour la solidarité, pour la vie, à l’unisson avec les marins de l’Aquarius, à l’unisson avec nous, le public.

Le 20 juillet 2018

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Réponse du Chef Seattle devant le Congrès américain en 1854 à l’offre du gouvernement qui lui "proposait" d’abandonner sa terre aux blancs, en retour d’une "réserve" pour le peuple amérindien,

Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ?
L’idée nous paraît étrange.
Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ?
Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple.
Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte est sacré dans le souvenir et l’expérience de mon peuple.
La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l’homme rouge.
Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu’ils vont se promener parmi les étoiles.
Nos morts n’oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l’homme rouge.
Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous.
Les fleurs parfumées sont nos sœurs ;
le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères.
Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney,
et l’homme
tous appartiennent à la même famille.
Aussi lorsque le Grand Chef à Washington envoie dire qu’il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous.
Le Grand Chef envoie dire qu’il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous.
Il sera notre père et nous serons ses enfants.
Nous considérons, donc, votre offre d’acheter notre terre.
Mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée.
Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de l’eau mais le sang de nos ancêtres.
Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l’eau claire des lacs parle d’événements et de souvenirs de la vie de mon peuple.
Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.
Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif.
Les rivières portent nos canoës et nourrissent nos enfants.
Si nous vous vendons notre terre, vous devez désormais vous rappeler,
et l’enseigner à vos enfants,
que les rivières sont nos frères et les vôtres,
et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère.
Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas nos mœurs.
Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c’est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin.
La terre n’est pas son frère, mais son ennemi,
et lorsqu’il l’a conquise, il va plus loin.
Il abandonne la tombe de ses aïeux et cela ne le tracasse pas.
Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas.
La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l’oubli.
Il traite sa mère — la terre — et son frère — le ciel — comme des choses à acheter, piller, vendre, comme les moutons ou les perles brillantes.
Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu’un désert.
Je ne sais pas.
Nos mœurs sont différentes des vôtres.
La vue de vos villes fait mal aux yeux de l’homme rouge.
Mais peut-être est-ce parce que l’homme rouge est un sauvage et ne comprend pas.
Il n’y a pas d’endroit paisible dans les villes de l’homme blanc.
Pas d’endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d’un insecte.
Mais peut-être est-ce parce que je suis un sauvage et ne comprends pas.
Le vacarme semble seulement insulter les oreilles.
Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l’homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d’un étang la nuit ?
Je suis un homme rouge et ne comprends pas.
L’Indien préfère le son doux du vent s’élançant au-dessus de la face d’un étang et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi, ou parfumé par le pin pignon.
L’air est précieux à l’homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle :
la bête, l’arbre, l’homme, ils partagent tous le même souffle.
L’homme blanc ne semble pas remarquer l’air qu’il respire.
Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur.
Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l’air nous est précieux, que l’air partage son esprit avec tout ce qu’il fait vivre.
Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir.
Et si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit où même l’homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés.
Nous considérerons donc votre offre d’acheter notre terre.
Mais si nous décidons de l’accepter, j’y mettrai une condition :
l’homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères.
Je suis un sauvage et je ne connais pas d’autre façon de vivre.
J’ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l’homme blanc qui les avait abattus d’un train qui passait.
Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister.
Qu’est-ce que l’homme sans les bêtes ?
Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit.
Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l’homme.
Toutes choses se tiennent.
Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos aïeux.
Pour qu’ils respectent la terre, dites à vos enfants qu’elle est enrichie par les vies de notre race.
Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres :
que la terre est notre mère.
Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre.
Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes.
Nous savons au moins ceci :
la terre n’appartient pas à l’homme ; l’homme appartient à la terre.
Cela, nous le savons.
Toutes choses se tiennent, comme le sang qui unit une même famille.
Toutes choses se tiennent.
Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre.
Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie :
il en est seulement un fil.
Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même.
Même l’homme blanc — dont le Dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble — ne peut être dispensé de la destinée commune.
Après tout, nous sommes peut-être frères.
Nous verrons bien. Il y a une chose que nous savons, et que l’homme blanc découvrira peut-être un jour :
c’est que notre Dieu est le même Dieu.
Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas.
Il est le Dieu de l’homme, et sa pitié est égale pour l’homme rouge et le blanc.
Cette terre Lui est précieuse, et nuire à la terre, c’est accabler de mépris son créateur.
Les blancs aussi disparaîtront, peut-être plus tôt que les autres tribus.
Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.
Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du Dieu qui vous a amenés jusqu’à cette terre et qui, pour quelque dessein particulier, vous a fait dominer cette terre et l’homme rouge.
Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d’hommes et la vue des collines en pleines fleurs ternies par des fils qui parlent.
Où est le hallier ? Disparu.
Où est l’aigle ? Disparu
1854

Extraits du poème Discours de l’indien rouge qu’a inspiré à Mahmud Darwich le discours du chef Seattle

1 – Ainsi, nous sommes qui nous sommes dans le Mississippi. Et les reliques d’hier nous échoient. Mais la couleur du ciel a changé et la mer à l’Est a changé. O maître des Blancs, seigneur des chevaux, que requiers-tu de ceux qui partent aux arbres de la nuit ? Elevée est notre âme et sacrés sont les pâturages. Et les étoiles sont mots qui illuminent… Scrute-les, et tu liras notre histoire entière : ici nous naquîmes entre feu et eau, et sous peu nous renaîtrons dans les nuages au bord du littoral azuré. Ne meurtris pas davantage l’herbe, elle possède une âme qui défend en nous l’âme de la terre. O seigneur des chevaux, dresse ta monture qu’elle dise à l’âme de la nature son regret de ce que tu fis à nos arbres. Arbre mon frère. Ils t’ont fait souffrir tout comme moi. Ne demande pas miséricorde pour le bûcheron de ma mère et de la tienne. ( … )

3 – Nos noms sont des arbres modelés dans la parole du dieu et oiseaux qui planent plus haut que les fusils. Ne coupez pas les arbres du nom, vous qui venez guerre de la mer. Et ne lancez pas vos chevaux flammes sur les plaines. Vous avez votre dieu, et nous, le nôtre. Vos croyances, et nous, les nôtres. N’ensevelissez pas Dieu dans des livres qui vous ont fait promesse d’une terre qui recouvre la nôtre. Ne faites pas de Lui un huissier à la porte du roi.
Prenez les roses de nos rêves pour voir ce que nous voyons de joie ! Et sommeillez au-dessus de l’ombre de nos saules, pour vous envoler mouettes et mouettes, ainsi que s’élancèrent nos pères bienveillants avant de revenir paix et paix. Il vous manquera, ô Blancs, le souvenir de l’adieu à la Méditerranée et vous manquera la solitude de l’éternité dans une forêt qui ne débouche point sur un abîme, et la sagesse des brisures. Et il vous manque une défaite dans les guerres. Et un rocher récalcitrant au déferlement du fleuve du temps véloce.
Et il vous manquera une heure pour une quelconque contemplation, pour que grandisse en vous un ciel nécessaire à la tourbe, une heure pour hésiter devant deux chemins. Euripide un jour vous manquera, et les poèmes de Canaan et des Babyloniens, et les chansons de Salomon à Shulamit. Et vous manquera le lys sauvage pour la nostalgie, et vous manquera, ô Blancs, un souvenir qui apprivoise les chevaux de la démence et un cœur qui racle les rochers afin qu’ils taillent dans l’appel des violons.
Et il vous manque et manque l’hésitation des armes. Et s’il faut nous tuer, ne tuez point les êtres qui avec nous d’amitié se lièrent et ne tuez pas notre passé. Et il vous manquera une trêve avec nos fantômes dans les nuits stériles, un soleil moins enflammé, une lune moins pleine, pour que le crime apparaisse moins fêté sur vos écrans. Alors prenez tout votre temps pour la mise à mort de Dieu.(…)

7 – Il y a des morts qui sommeillent dans des chambres que vous bâtirez. Des morts qui visitent leur passé dans les lieux que vous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construirez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l’aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent. Laissez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts.


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