Rentrée sociale et politique : où en est-on ?

vendredi 28 septembre 2018
par  Charles Hoareau
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I. La situation internationale et ses évolutions

On peut se demander si dans l’histoire récente il y a eu situation aussi complexe et porteuse tout à la fois de grands dangers mais aussi de potentialités nouvelles.
Les USA font un bond de plus de 100 ans avec de fait un retour à la doctrine dite du « Corollaire de Roosevelt » , doctrine énoncée en 1904 qui est en somme la justification de toutes les exactions et actes de terrorisme dès que les intérêts des multinationales américaines sont en jeu. De ce fait, non seulement les USA ne reconnaissent pas les décisions de l’ONU (ce qui n’est pas nouveau) mais en plus se retirent du conseil des droits de l’homme de l’ONU (où Cuba vient d’être brillamment réélu) créé pourtant suite à leurs exigences en 2000 et font peser sur le monde des menaces de guerre comme rarement dans la dernière période.
La France en parfait petit caniche les suit dans ce domaine : il n’y a qu’à voir les déclarations de Macron sur la Syrie, l’Iran ou sur la Russie quitte, en ce qui concerne cette dernière, à se contredire quelques jours plus tard.
- Ainsi en Syrie, le soutien à peine voilé à ceux que l’Occident déclare combattre est de plus en plus évident
- Menaces de guerre encore en Méditerranée avec le soutien le plus éhonté aux exactions et aux crimes de plus en plus grands de l’état israélien.
- Guerres au Yémen où l’Arabie Saoudite bombarde la population avec les armes occidentales et décapite ses opposants sans que cela de soulève l’indignation chez celles et ceux qui nous parlent de droits de l’homme dès qu’il s’agit du Venezuela ou de Cuba.
- Menaces de guerre ou guerres par groupes fanatiques interposés en Afrique pour la maitrise de l’extraction des matières premières.
- Menaces de guerres enfin en Asie avec la stratégie du Pivot Asia (et là on ne peut pas accuser le « fou pratique » Trump puisque c’est Obama et son équipe qui l’ont dévoilée en 2011) qui veut octroyer aux USA le rôle dominant sur toute l’Asie et l’Océanie.
Pour autant cette volonté hégémonique de l’impérialisme se heurte à des résistances dont il ne s’agit pas de les idéaliser mais simplement de les constater comme un obstacle à cette volonté de faire le monde selon « Mr Capitalisme US ». Il s’agit principalement de la montée en puissance de la Chine et de la Russie, de la volonté affirmée de nombres de pays de refuser d’évoluer sous le joug du néocolonialisme et de l’impérialisme et la volonté des peuples qui affirment leur désir de voir respecter leur souveraineté.
Nombre d’articles de rouge midi ou du site ANC portent sur ces questions. Quelques exemples.
- Ce qui se passe en Syrie autour de la bataille d’Idlib qui a fait dire à juste titre au représentant syrien à l’ONU, Dr Bachar al-Jaafari : Celui qui s’est battu contre le terrorisme à votre place ne cèdera pas à vos menaces…
- Il y a bien sûr les BRICS et la contestation de l’hégémonie du dollar
- Les nouvelles routes de la soie qui sont dans l’esprit de la Chine et de ses dirigeants une nouvelle manière de prendre en compte le multilatéralisme du monde.
- Il y a l’OMC et les accords de libre-échange qui peinent à s’imposer devant la résistance des peuples au point que Trump ait menacé de quitter l’institution
- Il y a ces pays africains qui veulent sortir du Franc CFA
- Il y a la montée du BDS, le Paraguay qui rompt avec Israël et le refus de l’Espagne de vente d’armes à l’Arabie Saoudite.
- Il y a ces « pays musulmans (Iran, Pakistan, Malaisie) qui s’arriment à la Chine » rompant avec une allégeance sans faille aux Etats Unis qui fut la règle naguère.
- Il y a enfin ce qui se passe en Asie. Après ce qui est sans doute le début de la fin pour la situation de colonisation que subit la Corée du Sud, la révolte d’une ampleur jamais vue qui éclate au Sri Lanka contre le gouvernement pro-US

Plus près de nous, en Europe il y a cette inquiétante poussée des forces nationalistes que la politique de l’UE favorise en niant les volontés populaires et en avançant de manière dictatoriale dans son projet de remise en cause des droits. Pour autant là aussi la situation est contrastée et des exemples le montrent tous les jours. Malgré toutes les forces médiatiques et les batailles idéologiques menées sur le thème de « l’UE horizon indépassable », la question de la pérennité de cette construction est posée. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, le dernier passage de François Ruffin à France Inter, montre, au-delà de ce qu’on peut penser par ailleurs de l’ensemble de son intervention sur les questions d’environnement et la possibilité de « réguler le capitalisme » (sic !) il y un fait maintenant patent la question de la fin de l’UE est désormais dans le débat politique et la campagne européenne peut en être le reflet si nous pesons dans ce sens-là.

Les forces politiques françaises qui s’affirment progressistes et veulent changer de société ne peuvent faire l’impasse sur ce contexte international et au contraire doivent lier constamment le local, le national et l’international

II. La rentrée politique et sociale en France

Alors que le gouvernement est gangréné par les affaires, il attaque sur tous les fronts et nous assistons à une volonté d’imposer les plus grands reculs sociaux qu’ait connus notre pays. Il mène cette politique avec morgue et mépris, sans même utiliser le paravent de l’UE
Face à cela on a besoin d’un mouvement social qui résiste et aujourd’hui force est de constater que cette résistance a du mal à se concrétiser et s’unifier ce qui pose débat dans le mouvement syndical. Comme pose débat la question stratégique de la création du rapport de forces entre celles et ceux qui veulent instaurer une cloison étanche entre syndical et politique et celles et ceux qui veulent unir toutes les forces pour résister à l’attaque globale et frontale. Evidemment nous nous situons dans cette ligne-là.
Le courant de classe va-t-il arriver à « emballer la machine » ? Nul ne le sait mais en tous cas il est de la responsabilité des militants révolutionnaires que nous sommes de tout faire pour y arriver en nous inscrivant dans les luttes tant locales que nationales en répondant notamment présents aux appels du mouvement social, syndical et/ou associatif.
Dès cette rentrée le calendrier est riche en rendez-vous de lutte : aidons à leur réussite avec notre expression et notre visibilité (tracts, badges, drapeaux…).
C’est dans ce contexte que vont intervenir deux événements politiques d’inégale importance mais qui nous concernent de près.

Par ordre chronologique il y a le congrès du PCF avec des débats (dans lesquels évidemment l’ANC n’interviendra pas respectant en cela la souveraineté des membres du PCF), débats sur la base de textes qui diffèrent les uns des autres avec pour celui qui rassemble nombre de camarades qui ont la double affiliation PCF/ANC des questions ne serait-ce que lorsqu’on consulte la liste des signataires eu égard à leurs positions différentes entre eux sur les nationalisations, l’UE ou l’alliance avec les autres forces politiques…Chacune et chacun pouvant d’ailleurs comparer ces textes à notre Manifeste et se faire une opinion…

Le deuxième événement c’est la tenue des élections européennes qui seront, n’en doutons pas, un galop d’essai sur le plan de la tactique électorale qui prévaudra pour les municipales. D’ores et déjà les manœuvres ont commencé à « gôche » avec la désignation comme « chef de file » du PCF (et non pas tête de liste ce qui donc préfigure la possibilité d’une union future) d’un adjoint à la maire de Paris. Qu’en diront les membres du PCF y compris ceux qui ont vilipendé cette union ? L’union du parti va-t-elle prévaloir sur des exigences de positions claires de rupture avec l’UE ?

La FI, qui semble vouloir faire une union presque tous azimuts ce qui n’est pas sans problème pour nous est traversée par ces débats (plan A/plan B) sur l’UE sans que l’on sache avec certitude à quoi ils vont aboutir tant la nouvelle volonté de rassembler la « famille » risque de bousculer la donne…

Et nous que ferons-nous ? Il est clair que nous devrons nous exprimer en nous appuyant sur ce que nous écrivons dans notre Manifeste sur cette question.
De même sur les municipales ce qui doit nous guider ce sont nos propositions et non les alliances…

III. Le rôle de l’ANC dans les semaines à venir et notre congrès

Plus que jamais nous devons affirmer nos analyses, nos propositions et mener débat avec le monde du travail sur celles-ci. Nous observons une croissance de notre influence et du courant de sympathie autour de nous. Cela se traduit par une montée régulière (quoiqu’encore lente) du nombre d’adhésions et de l’audience de notre communication (sites ANC, rouge midi, réseaux sociaux…). La ligne est claire : affirmer notre identité sans un sectarisme qui nous empêcherait de rechercher en permanence les majorités d’idées nécessaires pour faire avancer le changement de société.

Pour autant nous sommes à la croisée des chemins. Construire un rassemblement qui pèse dans le débat politique national, demande à chacune et chacun d’entre nous de retrouver les voies d’un engagement politique, d’avoir une activité sur le lieu de travail et de vie, d’agir pour la constitution de groupes locaux. Retrouver une activité politique tenace où chaque membre s’engage voilà le défi qui nous est posé.

Congrès de l’ANC.
Il aura lieu le 19 janvier 2019. D’ores et déjà 3 éléments sont à mettre en débat : le bilan de notre activité et notre orientation jusqu’au prochain congrès, notre communication, l’équipe de direction et l’organisation à mettre en place. Nous en reparlerons afin qu’il soit l’événement à la hauteur de nos ambitions de changement.



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