Il s’en passe de drôles chez WIKO à Marseille.

dimanche 21 octobre 2018
par  Rouge Midi
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Vous connaissez Wiko ? Non ? Wiko est cette marque commerciale française de téléphones mobiles et de smartphones, appartenant au fabricant chinois Tinno.
Ses les produits sont importés et commercialisés via la PME Wiko Mobile, basée à Marseille et qui compte environ 200 salarié-e-s.
Une PME ? Si on veut ! En fait celle-ci est totalement contrôlée par le groupe chinois Tinno, un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, plus de 5 000 salarié-e-s et numéro 2 en France depuis juillet 2013, avec 17,4 % de part de marché en 2017 hors opérateurs…On est loin de la PME.
Si les dirigeants de l’entreprise peuvent se réjouir de sa progression économique fulgurante (en février 2011 l’entreprise vendait 119 téléphones par mois contre 800 000 mensuels aujourd’hui et 10 millions pour l’année 2016 !) les salarié-e-s eux n’en tirent pas forcément avantage témoin l’histoire de Saïd [1], représentant syndical CGT dans l’entreprise. Ci-après ses réponses à nos questions et un extrait de sa déclaration à la direction lors de l’entretien dans le cadre de la procédure de licenciement.

1- Saïd : cela fait plusieurs mois que les salariés de l’entreprise WIKO, et plus spécialement les membres de la CGT, sont en conflit avec WIKO : peux-tu nous en expliquer les raisons ?

Depuis 2016 les conditions de travail au sein de WIKO sont en constante détérioration, en étant exhaustif, la non revalorisation des salaires, le management par le stress dans plusieurs services, le non remplacement des départs, sont autant de faits qui créent un profond malaise chez les salariés de WIKO.
Par ailleurs, WIKO depuis que j’ai été désigné comme représentant de section syndicale en 2016, fait preuve à mon sens d’un mépris total des revendications de la CGT et de son représentant, se permettant même de procéder, au début de l’année 2018, à l’ouverture du local syndical, sans aucune autorisation des 3 syndicats présents dans l ’entreprise et laissant le local ouvert pendant 2 jours. A ce jour, après des travaux entrepris dans ce local, celui-ci reste cloisonné par une baie vitrée, permettant par là-même l’identification et la surveillance d’éventuels salariés qui auraient des doléances ou des critiques, voir même des revendications vis-à-vis de l’entreprise.
Les revendications transmises par la CGT afin d’améliorer les conditions de travail des salariés sont à ce jour resté en grande partie lettre morte, la direction se contentant de faire des promesses non tenues.
La fusion de WIKO en janvier 2018 avec le groupe chinois TINNO [2], n’a fait qu’augmenter l’inquiétude des salariés, le grand nombre de départs que l’on constate depuis cette fusion en est le témoignage.

2- Il y a quelques mois l’UL CGT Marseille centre a organisé un rassemblement devant l’entreprise : quelle a été la réponse de la direction ?

A la suite de ce rassemblement, la direction a continué son intimidation envers moi en tant que syndicaliste CGT, elle a cherché à instrumentaliser les témoignages d’une minorité de salariés, après m’avoir convoqué au mois de février 2018 pour des accusations diffamatoires de dénigrement de la société WIKO, ce qui m’a valu une mise à pied de 3 jours Une nouvelle convocation m’a été adressée pour licenciement en septembre 2018, pour de nouvelles accusations totalement diffamatoires de harcèlement moral, recherche de situation conflictuelle au travail et sexisme.
La direction de WIKO, s’entête à pratiquer ce qui ressemble fort à de la discrimination syndicale et tente par tous les moyens de me faire licencier à cause de mon appartenance à la CGT et des revendications des salariés que je lui ai transmises. Elle est aussi une réponse suite à la plainte pour délit d’entrave que j’ai déposée au mois de février 2018 suite à l’ouverture du local syndical sans autorisation par la direction de WIKO.

3-Tes camarades de la CGT sont même témoins que les cadres de l’entreprise t’ont accusé de vouloir monter une entreprise concurrente en Algérie !! Ce qui bien sûr n’a jamais été ton cas. Maintenant tu es convoqué dans le cadre d’une procédure de licenciement. A ton avis pourquoi et qu’en dit la direction ?

La convocation pour licenciement dont je fais l’objet, n’est que la réponse de la direction de WIKO aux revendications légitimes des salariés transmise par la CGT. La direction de WIKO essaie par cette demande de licenciement de m’empêcher de participer aux prochaines élections professionnelles prévues normalement en janvier 2019.

4-Que comptes-tu faire ?

J’ai transmis plusieurs éléments à l’inspection du travail, en leur indiquant les grandes difficultés que j’ai en tant que représentant du personnel et syndicaliste pour faire valoir les droits et revendications des salariés chez WIKO.
J’ai aussi transmis à la direction par courriel un ensemble de revendications de la CGT et depuis le mois d’aout 2018 je n’ai aucun retour.

Dans ces conditions la balle est dans le camp des salarié-e-s que la CGT appelle à se mobiliser…

Réponses à la Direction

Bonjour,

Je vous confirme que j’ai bien écouté les éléments qui me sont reprochés.

Étant déjà informé des accusations portées contre moi dans la lettre recommandée reçue de votre part, je me permets de vous lire ce jour ma réponse la plus circonstancielle possible (…).

Je vous informe que même si du point de vue de la direction de WIKO , ces éléments me sont reprochés en tant qu’employé, je me présente devant vous en tant que Délégué Unique du Personnel Suppléant, membre du comité d’entreprise, mais aussi comme Représentant de section syndicale CGT.
Pour moi, cette volonté de me licencier (objet de ma convocation ce jour) est directement liée à la discrimination syndicale dont j’estime faire l’objet de la part de la direction de WIKO en raison de mon activité syndicale et de représentant du personnel suppléant depuis plusieurs années.

Cette discrimination syndicale, est selon mon sentiment et celui de mon syndicat la CGT, une volonté claire de la direction de WIKO de m’empêcher de participer aux prochaines élections professionnelles (…).

Je précise aussi que cette discrimination syndicale de la part de la direction, me semble d’autant plus grave, qu’elle se fait en instrumentalisant les commentaires d’une petite minorité de salariés de WIKO (…).

Cela me vaut aujourd’hui des accusations graves et injustes, qui sont dans la réalité sans fondement et ne représentent aucunement mon comportement au quotidien au travail.

Je reviens maintenant sur les faits qui me sont reprochés :

1- Concernant la supposée recherche de situations conflictuelles et les accusations d’instrumentalisation du CHSCT, par ma responsable Hiérarchique, je vous confirme que Mme M…, agit par pure vengeance suite à ma plainte contre elle au CHSCT pour harcèlement moral.

(…) Je précise ,par ailleurs, que lors de mes entretiens d’évaluation annuel en 2017 et 2018 avec Mme M…, elle ne m’a indiqué à aucun moment qu’elle avait des difficultés avec moi sur du comportement , je trouve étonnant et incompréhensible , la situation qu’elle décrit, alors que l’on travaille ensemble depuis plus de 4 ans .

En réalité, [il s’agit d’]une tentative de Madame M… de me faire licencier par vengeance, après m’avoir harcelé depuis le mois de septembre 2017. Je dispose de témoignages de salariés de WIKO indiquant avoir entendu à plusieurs reprises des termes insultants et discriminants contre le syndicalisme et moi en tant que syndicaliste CGT : « un syndicaliste CGT de merde qui se croit intouchable » et qu’il faudrait « le faire licencier au plus vite ». Lors du rassemblement de la CGT en bas des locaux de WIKO, je cite « ils nous font chier ces syndicalistes de merde »
(…)
3- Concernant les supposés propos sexistes, je tiens à vous rappeler dans un premier temps que je suis adhérent d’une organisation syndicale (La CGT) qui combat ardemment le sexisme, je partage profondément cette préoccupation, qui fait partie intégrante de mon engagement syndical et de mes convictions.

Je vous rappelle aussi, que j’ai personnellement défendu par le passé une question en tant que représentant des salariés au sujet de l’égalité salariale homme/ femme chez WIKO face au directeur général de WIKO. J’ai aussi représenté des salariés de sexe féminin, à leur demande, lors d’entretien de licenciement avec la direction.

Mon éducation et mes valeurs sont à l’encontre de toutes les discriminations. Mon comportement n’a jamais été différent selon que mon interlocuteur soit une femme ou un homme. Cette accusation calomnieuse dont je fais l’objet de la part de Mme M… me touche au plus haut point, car elles sont tout le contraire de mes valeurs et de mon comportement.

4- Concernant le supposé harcèlement moral, j’indiquerai juste que les propos tenus par Mme M… sont faux(…)

5-Concernant l’attitude persistante que me reproche la direction, je vous rappelle que j’ai contesté par courrier recommandé le 07/03/2018 votre mise à pied disciplinaire
Toutes ces fausses accusations après avoir tant donné à WIKO depuis 2013, ne font que confirmer que ma présence ici pour cet entretien de licenciement est le résultat de la haine de la direction de WIKO envers les syndicats qui revendiquent des avancées pour les salariés et particulièrement la CGT dont je suis le représentant de section syndicale chez WIKO.

Saïd M

[1Le prénom a été changé

[2En fait il s’agit d’un rachat à 100% NDLR



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