AIR FRANCE : de la privatisation aux suicides…

mardi 8 janvier 2019
par  Charles Hoareau
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« 3 suicides en quelques semaines !!! voilà où mène leur politique ! »

C’est le cri qui circulait ce matin dans l’assemblée des grévistes réunis dans le hall 4 de l’aéroport. Une grève ultra majoritaire avec en particulier 100% de grévistes à la piste.
Entre colère et émotion, les visages tendus lâchent quelques mots.
Et nombre d’entre eux parlent de cette déshumanisation voulue, de cet isolement organisé, de ces emplois du temps qui peuvent changer d’une semaine sur l’autre et qui empêchent une vie de famille normale : "Avant tu étais de matin ou d’après-midi et tu le savais pour une année. Là 7 jours avant d’un coup ils te disent ça a changé et si tu avais prévu d’aller au docteur ou d’aller manger chez des gens eh bien c’est foutu ! Il faut changer. Moi ça va je n’ai pas de famille mais comme ils font ceux qui ont enfants ? "
" Et ce chef d’escale qui arrive en disant moi je suis là pour supprimer 180 emplois : c’est normal ça ?"
Dans cette ambiance lourde le tract de l’ANC 13 circule comme une main tendue et une porte ouverte malgré tout sur l’espoir, par l’affirmation que l’on peut, que l’on doit inverser cette logique.

Reprendre ce qui nous appartient pour, comme le dira l’un des pistards "qu’ils ne soient pas morts pour rien".

AIR FRANCE : de la privatisation aux suicides…


Avant 1999 AIR France était une entreprise publique. Pas parfaite certes, plus étatisée que nationalisée, c’est-à-dire qu’elle était plus aux mains de l’appareil d’état que dans celles du peuple et les salarié-e-s n’élisaient pas leurs directions. Pas plus que les usagers ils ne pesaient véritablement sur les choix, mais c’est une logique de service public du pays qui conduisait l’entreprise et l’état-nation dirigeait.
Cela a changé totalement à partir du moment où on a fait rentrer le loup du privé dans la bergerie du public. La seule logique de gestion est devenue celle de la rentabilité à court terme.

Comme le rappelait la CGT en 2015 au moment du nouveau plan de milliers de suppressions d’emplois annoncé par la direction « La privatisation partielle de 1999, devenue totale en 2003 a répondu à une logique politique, du moins ce qui était affirmé, qui était celle d’aller chercher auprès des investisseurs privés les fonds que l’état disait ne pas avoir pour poursuivre le développement de la compagnie. Force est de constater que cela a joué contre l’emploi et contre le service rendu » .

Cette politique a un coût pour les salariés. Ainsi, comme relaté dans la même interview, « Entre 2004 et 2011 la productivité par agent a progressé de près de 37% alors que l’effectif a baissé de 10% ! ». Tout est dit ou presque.

Week-ends foutus en l’air par un planning démentiel, vie de famille déglinguée, directions zélées parce que formatées dans cette logique et dans ces conditions comment ne pas faire le lien avec les 3 suicides en quelques semaines ?

Direction et gouvernement veulent-ils poursuivre jusqu’à ce qu’on arrive à connaître ici la même situation qui a conduit ailleurs à des extrémités semblables ?

Bien sûr en face on va nous rétorquer que les 3 salariés avaient des problèmes personnels, mais ce qui est sûr c’est que les conditions de travail ne les ont pas aidés et ont même sans aucun doute aggravés ceux-ci.

L’ANC 13 considère qu’il faut revoir totalement cette logique au profit d’une logique de service public dans une entreprise véritablement nationalisée où les salariés et les usagers ont droit à la parole et pèsent sur les choix de gestion.

Le 7 01 2019



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