Lettre à mes camarades

jeudi 30 avril 2020
par  Charles Hoareau
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Nous sommes dans une période particulière qu’aucun d’entre nous n’avait imaginé…
Nous étions en plein combat contre Macron et son monde, nous résistions pied à pied à ses projets de foutre en l’air nos valeurs de solidarité nationale et de sécurité sociale et puis d’un seul coup, depuis le 15 mars, nous sommes à l’arrêt. Confinés ou pas, nous sommes réduits au silence, suspendus pour mener notre vie à des décisions d’incompétents qui n’ont rien vu venir, à des menteurs patentés qui disent tout et son contraire depuis 3 mois. Incompétents et en plus cyniques, qui tentent dans la période de donner un coup d’accélérateur à leur projet d’effacement de tout ce qui fait nos droits. La privation de libertés en plus !
Et ils espèrent y arriver, non pas parce que nous serions devenus un peuple de résignés, mais parce qu’ils manient l’arme de la peur au point de faire passer la pandémie actuelle comme le premier signe de la fin de notre civilisation, voire même de l’espèce humaine…
Cette peur qui tétanise des armées entières de combattantes et de combattants du progrès social, des cohortes de militantes et militants du bonheur, elle nous réduit au silence, hormis quelques moments d’applaudissements calfeutrés, et nous fait regarder des trains de licenciements et de reculs sociaux qui en d’autres temps auraient mis le feu au pays…
Pouvons-nous continuer ainsi et attendre que le roi nous donne l’autorisation de sortie ?
Nous rappelons-nous qu’une simple augmentation du prix du pain a suffi dans ce pays (et dans d’autres) pour initier une révolution ?
Nous sommes la veille du 1er mai, journée symbole s’il en est. Symbole parce que de Chicago à Fourmies, du 1er mai de 1936 qui préfigurera les grandes luttes de mai juin à celui de 2002 contre le fascisme, de ceux clandestins de 1941 au million de personnes du 1er mai 1945 à Paris le lendemain de la mort d’Hitler, de celui de 1946 au Japon dévasté par la guerre à celui de 1949 à Ramallah au lendemain de la Naqba, des morts du 1er mai 1950 à Soweto au 1er mai 1960 à Paris contre la guerre d’Algérie, de l’immense 1er mai parisien de 1968 à celui de Washington en 1971 pour la paix au Vietnam, depuis 1886, dans le monde entier, la classe ouvrière n’a jamais cessé de manifester bravant les interdictions et la répression parfois meurtrière et les arrestations.
Et nous y renoncerions cette année ?
Au nom de quoi ?
Au nom de l’union contre la pandémie ?
Il a bon dos le coronavirus contre lequel le gouvernement n’a au bout de 3 mois toujours pas encore mis en place les tests en nombre suffisants, ni fourni à la population des masques qui devraient être gratuits puisque c’est une question de santé publique !
Bien sûr je comprends la peur (ou la prudence) de celles et ceux qui manifesteront depuis leur fenêtre ou leur balcon.
Bien sûr les banderoles et les drapeaux accrochés aux façades seront autant de signes de résistance.
J’apprécie toutes les initiatives, quelles que soient leur forme, que prend la CGT (et d’autres) pour que cette journée ne soit pas passée sous silence.
En ce qui me concerne, et bien sûr en respectant les sacro-saintes règles de la « distanciation sociale », je serai dans la rue demain faisant miens les vers de Ferrat :
« En groupe en ligue en procession
Et même seul à l’occasion
Il est temps que je vous confesse
Je suis de ceux qui manifestent »

Et le document estampillé officiel par la royauté « Attestation-de-déplacement-dérogatoire », qu’en fais-tu me direz-vous ?
Mais tout est prévu ! Alinéa 4 : « déplacement impérieux pour l’assistance aux personnes vulnérables ».
Le 1er mai je manifesterai pour les personnes :
- que le capitalisme a rendu « vulnérables » selon le terme royal,
- dominées, discriminées, exploitées, précarisées, exclues de droits comme nous disons dans notre langue à nous.
Je manifesterai en pensant à celles et ceux d’Athènes, de Séoul, de Kobané, de La Havane et de Caracas, de Gaza ou de Soweto, contre les guerres coloniales, contre l’impérialisme et pour la solidarité internationale
Les 135€ éventuels ou toute autre forme de répression, qui dépendent aussi de notre nombre, pèsent peu au regard de l’histoire.
Camarades, à vos fenêtres ou dans la rue bon 1er mai de lutte !


Plus que jamais signons et faisons signer l’appel https://www.change.org/Pandémie-lucidité-et-détermination



Commentaires

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vendredi 1er mai 2020 à 09h48 - par  Gilles Madec

Bonjour Jean-Pierre
Moi-même USR CGT (19) (aussi NPA pour tout dire), j’ai proposé sans succès à mon syndicat et à l’intersyndicale départementale d’organiser des mini rassemblements en respectant les règles de confinement. La proposition n’a pas été reprise. Nous faisons quand même un rassemblement le jour d’après (demain) puisque certains marchés sont ouverts.

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jeudi 30 avril 2020 à 09h42 - par  SUNER

Nous avons pris l’initiative avec certains Gilets jaunes et certains camarades du NPA de nous rassembler le 1er Mai devant un lieu symbolique par les temps qui courent. Nous respecterons bien entendu la distantion sociale , mais pour recréer ce fameux lien social dont nous avons tant besoin. Le combat de demain commence aujourd’hui. Le capitalisme amène de par sa nature la guerre , la misère,rajoutons la pandémie accélérée

jeudi 30 avril 2020 à 09h06

Oui Jean Pierre. J’avais bien vu et on est donc bien d’accord !!

Logo de Jean-Pierre Tricaud
jeudi 30 avril 2020 à 08h43 - par  Jean-Pierre Tricaud

"Je reviens sur la question du 1er Mai.

L’idée de manifester en dépit du confinement pour montrer notre colère et notre exigence d’une rupture radicale peut s’avérer possible.
À condition qu’elle soit largement relayée par de nombreuses forces politiques, associatives et syndicales, au premier rang desquelles nombre d’organisations de la CGT, à commencer par sa CONFEDERATION, dont je ne sais si ce sujet a été débattu. Cela me surprendrait beaucoup que ce soit le cas.
J’ai lu « qu’il ne fallait pas se laisser voler le 1er mai ».
Je pense que de tels rassemblements, en prenant quelques précautions (type masques…), pourraient fort bien se tenir (à 5 ou 6 sur une largeur de rue, en file distante de 1m/2m...).
Je suis conscient aussi du risque de contribuer à diffuser le virus et à faire repartir la pandémie, notamment dans les régions où elle fait de gros dégâts.
Je mesure aussi la responsabilité qu’aurait prise, dans ce cas là, la CGT et le jour d’après pourrait nous être difficile à assumer…
Mais ne rien faire n’est-il pas aussi préjudiciable ?
Entrons nous dans une résistance passive (pour rester en terme poli) ou nous engageons-nous dans une (des) action (s) de Résistance et prenons nous un risque ou pas ?
Toute proportion gardée, en 1940, les citoyens se sont trouver à faire un choix, celui d’un choix de société, subir ou résister, et celles et ceux qui ont l’on fait ne connaissaient pas la fin de l’Histoire (leur histoire), et savaient qu’ils prenaient un risque et ils l’assumaient.
Il a peut être moyen de chercher comment les « héros » d’aujourd’hui (personnels de santé, pompiers, ambulanciers, salariés des commerces, agents des services publics et de propreté...) pourraient être mis en avant ce jour là, au delà ou en plus des concerts quotidien de 20h, de tout autre acte de soutien.
Nous n’allons pas attendre le 14 juillet où MACRON les fera défiler sur les Champs Elysées.
Je ne sais qui aurait assez d’autorité, de pouvoir, d’écoute pour interpeller la Confédération CGT, et lancer le débat.
A méditer, mais il faut faire mûrir rapidement le fruit ! Il ne reste bas beaucoup de temps.
Pour moi, passer un blanc sur ce 1er mai, ce serait ne pas préparer les mobilisations, les combats futurs.
Nous devons « quoi qu’il en coûte ?? », nous permettre de mesurer l’état du rapport de forces, de lutter contre l’esprit de résignation, prendre le pouls de nos syndiqués-es, anticiper sur le comportement et l’état moral des travailleurs.
Quoi de mieux que de se remettre « en marche » pour des syndicalistes révolutionnaires."

Jean-Pierre TRICAUD,
Secrétaire USR CGT 24"

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