Cohésion sociale : derrière les discours...

mercredi 22 novembre 2006
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Le 10 novembre dernier l’intersyndicale du lycée Diderot organisait une conférence de presse (voir Rouge Midi). Lors de celle-ci tenue devant les grilles de cet établissement situé dans les quartiers Nord (à quelques mètres de l’incendie tragique du bus marseilais) ils avaient invité population et élus pour une initiative qui peut, n’en doutons pas, être le point de départ d’un travail encore plus fort avec les associations et organisations du quartier.

Ils ont fait connaître au cours de cette initiative le courrier ci-après que nous reproduisons en totalité.

LETTRE OUVERTE à Monsieur de Robien, Ministre de l’Education, et Monsieur De Gaudemard, Recteur de l’Académie d’Aix-Marseille

Messieurs,

Les personnels du lycée Diderot tiennent à vous rappeler qu’ils alertent depuis longtemps les institutions sur la situation de crise de l’établissement et du quartier. En effet, face à une augmentation des violences et incivilités liées à une tension croissante dans l’environnement extérieur et intérieur à l’établissement, ainsi qu’à l’insuffisance des moyens humains et matériels mis en Å“uvre, la majorité de la communauté éducative a exercé son droit de retrait pendant huit jours. Des fax quotidiens ont été adressés aux autorités compétentes, des heures ont été passées au téléphone pour tenter de joindre un responsable ministériel. Le rectorat a reçu une délégation, les médias ont largement couvert l’événement.

Parce que nous n’étions plus en capacité d’assurer convenablement notre mission de service public, nous avons pris nos responsabilités et interpellé notre hiérarchie, nous avons tiré la sonnette d’alarme pour réclamer le simple rétablissement des moyens d’encadrement humains perdus en l’espace de 6 mois, soit 9 postes de surveillance et 7 postes d’agents de service.
Nous avons été méprisés, et après une semaine de lutte, nous n’avons obtenu que 3 postes précaires à 20 heures par semaine. Lorsque nous vous avons signifié que cette dotation était largement insuffisante pour assurer la surveillance d’un lycée de 5 hectares, la réouverture de salles de permanence, de travail ou du foyer, vous nous avez renvoyé au principe de réalisme :« nous n’avons pas les moyens de faire plus ! ». Mais cette réalité, messieurs, nous y faisons face chaque jour, bien loin de vos bureaux, c’est celle de nos salles de classe, de notre lycée, des cités qui l’entourent, ou des autobus qui transportent nos élèves.
L’incendie de l’autobus 32 en a fourni une illustration dramatique.

Nous dénonçons une nouvelle fois la politique de relégation sociale menée par le gouvernement dans les quartiers populaires et les établissements scolaires ZEP qui s’y trouvent. Trois postes précaires alors que Monsieur Sarkozy a fourni à la ville de Marseille 200 CRS !! L’Etat nous abandonne, surdote le ministère de l’intérieur alors que c’est celui de l’Education Nationale qui pourrait prévenir de tels actes. Nous connaissons ces élèves et, faute de moyen, nous avons assisté de façon impuissante à leur glissement vers la délinquance.

Fournissez au service public d’éducation les moyens d’encadrer correctement les usagers dont nous avons la charge et de les mettre en situation de réussite scolaire et sociale, au lieu de donner la priorité budgétaire à une machine répressive qui broie les plus fragiles.

Nous sommes solidaires de Mademoiselle Galledou et de sa famille et nous les soutenons. Mama Galledou devrait être aujourd’hui dans son université et non pas dans un service hospitalier, ces jeunes mis en examen devraient être aujourd’hui dans une cour de récréation et non pas dans celle d’une prison, ne vous dérobez plus, Messieurs, car vous êtes aussi responsables.

L’intersyndicale du lycée Denis Diderot
13013 Marseille



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mercredi 22 novembre 2006 à 20h53 - par  M. J. Verny, prof d’occitan

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