Les restructurations chez Volkswagen.

mercredi 29 novembre 2006
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Le groupe prévoit des réductions massives de personnel en Espagne, en Belgique et au Portugal. Le plus surprenant est le rôle attribué à IG Metal dans cette affaire accusé d’avoir négocié un accord qui préserve les intérêts des seuls salariés allemands au détriment de ceux des autres pays ce qu’ont démenti des délégués d’IG Metal en visite à Bruxelles bien que les apparences soient contre lui. Ci après deux extraits d’articles publiés en Espagne et en Belgique.

Décidément après les bravos de la CES sur le vote de la directive Bolkestein et ce qui se passe à Volkswagen , 15 jours à peine après le congrès fondateur de la CSI, celle-ci semble mal partie !

Le groupe Volkswagen a décidé d’entamer un profond processus de restructuration qui affectera les effectifs d’Europe occidentale, afin de préserver le personnel des usines allemandes. L’usine de Landaben (Navarre) sera une des installations touchées par ce plan négocié avec le syndicat allemand IG Metal.

La nouvelle a été donnée hier par le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui cite l’Espagne, la Belgique et le Portugal, comme étant les pays qui seront touchés par le nouveau projet de réduction massive de personnel prévu par Volkswagen. Selon ce quotidien, sur les 12 400 travailleurs du groupe dans ces trois pays, quelques 2 400 perdront leur emploi.

Accord avec IG METAL

D’après des sources syndicales consultées par ce journal, la nouvelle stratégie du groupe allemand découle d’un accord signé il y a 15 jours avec le puissant syndicat germanique IG Metal.

L’accord exigeait aux travailleurs allemands d’augmenter les heures de travail, sans aucune contrepartie salariale. Mais en échange, IG Metal a exigé que les réductions de personnel voulues par Volkswagen, concerne les autres usines européennes et ne touche pas celle de Wolfsburg en Allemagne.

La compagnie avait annoncé la suppression de 20 000 emplois en trois ans, essentiellement dans les usines allemandes. Cette explication correspond aux informations du journal allemand lorsqu’il affirme que la direction de l’entreprise prévoit, parmi d’autres mesures, le transfert de la production de la Golf, actuellement située en Belgique, à la centrale de Wolfsburg (forteresse des loups en allemand).

En contrepartie, Bruxelles conserverait une partie de la chaîne de production de la Polo, actuellement située en Navarre, et où travaillent 3 993 personnes.
La nouvelle stratégie de Volkswagen pour renforcer ses usines en Allemagne a été discutée le 17 novembre par le conseil de surveillance de la compagnie, dans lequel les syndicats ont une représentation.

Le directeur des ressources humaines de Volkswagen, Horst Neumann, a expliqué au journal régional Hannoversche Allgemeine Zeitung, qu’il y avait un problème avec les usines d’Europe occidentale, et qu’il fallait procéder à une réduction de personnel. Il a explicitement cité l’Espagne qui perd progressivement son avantage en coût du travail, au bénéfice de la Russie, de la Chine ou de l’Inde ; il a toutefois précisé que le groupe évitera la fermeture des entreprises.
Justement, Volkswagen a posé, à la fin du mois dernier, la première pierre de sa première usine en Russie, qui produira 115 000 véhicules par an à partir de 2009.

Décision inattendue

On ne s’attendait pas à cette décision en Navarre, car le conseiller de l’Industrie, Technologie, Commerce et Travail, José Javier Armendriz, se déclarait optimiste, il y a un mois, en ce qui concerne l’avenir de Landaben et considérait que les mauvais augures étaient balayés grâce à la signature de la prolongation de la convention collective.
Au cours de l’année 2006, 155 postes de travail ont été supprimés par le biais des préretraites et des départs volontaires. L’usine ne s’attendait pas à de nouvelles réductions de personnel, mais au contraire à une plus grande activité, à la suite des investissements réalisés pour l’atelier de peinture. (Francisco J de Palacio Madrid)

Grève en Belgique

Depuis une semaine, l’usine Volkswagen de Forest, à l’ouest de Bruxelles, est occupée 24 heures sur 24. Quatre mille des 5800 salariés sont menacés de licenciement parce que la production du modèle Golf doit être délocalisée vers l’Allemagne.

Depuis des semaines déjà, des rumeurs circulaient faisant état d’une suppression possible de milliers d’emplois et un climat tendu régnait au sein du personnel de l’usine. La confirmation du retrait de la production de la Golf de l’usine de Forest avait été annoncée à la radio le vendredi 17 novembre, vers 20 heures. L’équipe de l’après-midi a immédiatement réagi en cessant le travail et l’équipe de nuit a décidé de suivre le mouvement.

Hans Spiliers « La nouvelle annoncée à la radio a été le déclic et les travailleurs ont réagi spontanément. Ce n’étaient pas les syndicats qui ont appelé à la grève. A partir de là, l’ensemble du personnel a refusé de reprendre le travail. La production de voitures est arrêtée et nous veillons à ce que les véhicules nouvellement assemblés ne sortent de l’usine. La direction a quitté les lieux et notre personnel a pris le contrôle. Voilà la situation depuis le week-end dernier. Depuis, nous avons mis sur pied des piquets de grève 24 heures sur 24 en équipes de 300 à 400 hommes et je crois qu’on est parti pour une grève très longue. »

Christian Henneuse et Jean Weemaels, deux délégués du syndicat FGTB de l’usine de Forest ont déclaré au WSWS : « Ici, c’est une entreprise militante et les travailleurs ont déjà été traités de “terroristes économiques” après avoir fait grève pendant un mois en 1994 pour l’obtention de la semaine de 35 heures.

« Notre usine est la seule qui n’applique pas le système de travail dit “plus-minus” qui est en vigueur chez VW. C’est un système qui soumet directement les travailleurs à la demande du marché capitaliste. Et parce que nous avons refusé de travailler ici à Bruxelles sous ce système, ils vont légiférer pour nous l’imposer. »

Les deux délégués syndicaux ont exprimé des craintes que VW pourrait envisager de se débarrasser d’un effectif bien organisé pour recruter plus tard du personnel non organisé à des conditions d’embauche plus mauvaises. C’est exactement ce qui s’est passé il y a quelques années chez Ford à Genk.

A la question de savoir quel rôle joue l’IG Metall, le syndicat de la métallurgie allemande, les deux délégués du FGTB ont précisé que trois collègues d’IG Metall étaient venus jeudi à l’usine VW de Forest. Ils étaient venus de trois usines VW différentes, de Braunschweig, de Kassel et de Salzgitter. Deux étaient responsables de tout le noyau des militants de leur entreprise et le troisième était quelqu’un du comité d’entreprise. « Ces gens nous ont expliqué ce que fut leur combat lors des dernières conventions collectives en Allemagne. Ils nous ont dit quels sacrifices ils ont dû faire au niveau salarial, les gains de productivité qu’ils ont dû faire parce qu’ils ont été mis eux aussi devant le même fait accompli : sacrifices ou délocalisation. »

Les représentants du syndicat IG Metall auraient promis d’informer les travailleurs de leurs entreprises et de les mobiliser. Ils avaient promis qu’il n’y aurait en aucun cas à Bruxelles des licenciements pour raisons économiques. « Le message des représentants d’IG Metall avait été que, lorsqu’ils ont négocié leurs propres accords ils ont exigé qu’il n’y aurait pas de répercussions sur d’autres entreprises européennes. C’est la première chose qu’ils nous ont dite. »

Henneuse et Weemaels ont également déclaré que le comité d’entreprise était avant tout préoccupé de trouver des solutions au moyen d’un plan social acceptable pour atténuer les répercussions des licenciements sur le personnel, ce qui signifie en d’autres termes que du côté syndical la suppression des 4000 emplois est déjà acceptée. Le comité d’entreprise a exigé pour le moment que les salaires soient payés durant la grève et ce, jusqu’au 15 décembre.

Le président du conseil d’administration de VW, Reinhard Jung, a indiqué clairement que 4000 emplois seraient supprimés. Jung avait même carrément plaidé en faveur de la fermeture de l’usine de Bruxelles.

Les deux délégués se sont plaints du rôle que jouent les médias : « Les seuls messages qui passent pour le moment à la télévision ce sont des gens qui disent qu’ils veulent partir avec de l’argent, il n’y a aucune interview avec des travailleurs qui disent, nous, on veut maintenir notre emploi. Regardez la presse populaire, on ne voit que des gens qui pleurent alors que les gens demandent du travail et veulent sauver leur emploi. »

C’est ce qui est confirmé par les travailleurs devant les grilles de l’usine Volkswagen à Forest qui ne sont nullement prêts à accepter la perte de leurs emplois. Après l’annonce officielle de la suppression d’emplois faite après l’assemblée générale qui a eu lieu mardi, le personnel a éjecté du site les gardiens d’usine et deux policiers en civils. La situation s’est même dégradée quelque peu lorsque les travailleurs ont occupé une route et que la police a posté des centaines de policiers et positionné des canons à eau dans les rues adjacentes.

En réponse à une question sur le syndicat européen, Luystermans a dit : « Le syndicat européen c’est une marionnette pour l’instant. Sur le plan social, rien n’est fait, c’est un grand problème. »

Il a ajouté : « Il est grand temps que tout le monde se réveille à tous les niveaux. Il n’est jamais trop tard, mais maintenant il est grand temps. » Se référant à la guerre en Irak il a poursuivi : « En Irak, c’est la guerre du capital, les gens n’en veulent pas et c’est pourquoi je suis ici. Ce n’est pas seulement pour moi. »

« Si on enlève la Golf, c’est la fermeture, il faut au moins 200 000 voitures par an. »
Eddy de Martelaere a expliqué : « 4000 travailleurs sont touchés ici et il n’y a pas d’autre travail. On est là pour défendre notre emploi. Il y a ici de bonnes chaînes de montage et pourtant presque tout va être fermé. Avec ça, on ne fait que le jeu des chauvinistes, par exemple le Vlaams Belang (Intérêt flamand). C’est un groupe nationaliste et je suis contre.

Le monde des affaires opère au niveau international et monte les travailleurs les uns contre les autres. Dès que la nouvelle des suppressions d’emplois à Bruxelles était connue, le cours de l’action VW a immédiatement enregistré une très forte hausse. »

Le 2 décembre aura lieu à Bruxelles une manifestation internationale et interprofessionnelle pour protester contre les suppressions d’emplois. (www.wsws.org.)



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