L’interventionnisme français est un frein à la démocratie en Afrique

mardi 5 décembre 2006
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"Des Tchadiens dans la tourmente parce que des rebelles du Front uni pour le changement (FUC) se rapprocheraient de N’Djamena, des Centrafricains inquiets de l’avancée fulgurante des membres de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), mouvement rebelle, vers Bangui, des Ivoiriens meurtris à cause de la partition de leur pays en deux entités, etc."

Le quotidien burkinabé Le Pays perçoit un facteur commun à ces situations dramatiques : "l’interventionnisme de la France dans ces Etats, c’est-à-dire le Tchad, la République centrafricaine et la Côte-d’Ivoire".

"Sous le couvert des fameux accords de défense - aux relents fortement coloniaux - qui la lient à ces pays, l’Hexagone a dû, à un moment donné, apporter son appui à tel ou tel acteur politique. Le soutien tacite ou clair de Paris permet aux bénéficiaires de tirer un tant soit peu leur épingle du jeu. C’est ainsi qu’en mars 2003 le général François Bozizé, après plusieurs tentatives infructueuses, s’empare du pouvoir en Centrafrique. Au Tchad, Idriss Déby, avec la modification, cette année, de la Constitution décriée par son opposition, réussit le coup de force de se maintenir à la tête de l’Etat. A Abidjan, Laurent Gbagbo est toujours le locataire du palais de Cocody."

Malheureusement, constate l’éditorialiste, "l’interventionnisme français en Afrique a rarement résolu durablement les problèmes. Dans bien des cas, il n’a fait que contribuer à exposer les pays à des lendemains explosifs. Au lieu de travailler à l’ancrage de la bonne gouvernance et de la démocratie sur le continent, les dirigeants français ont souvent opté pour pactiser avec des leaders politiques dont les préoccupations ne correspondent pas toujours à celles des populations. Il est vrai que « la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts, » et que les fameux accords de défense derrière lesquels s’abrite l’Hexagone pour intervenir dans la vie des Etats africains ne sont en fait que des accords de préservation d’intérêts."

C’est contre cette attitude que s’élève le quotidien du Burkina Faso.

"Il est temps que ce comportement cynique des leaders politiques français cesse. La France doit changer son fusil d’épaule et coller à son discours de pays de droits de l’homme."

Et "agir dans ce sens n’est pas contraire à la préservation des intérêts de la France sur le continent. Tout est une question de vision. La situation politique de la Mauritanie ou du Mali semble aujourd’hui plus propice à la défense des intérêts de la France qu’il y a quelques années. La stabilité politique, chère aux investisseurs occidentaux, existe au Mali, grâce à la relative démocratie qui y règne de nos jours.
Pour ce qui est de la Mauritanie, on peut avancer, au vu de la transparence qui a caractérisé les dernières élections législatives et municipales, qu’elle est sur la bonne voie. Si la France avait travaillé au respect des principes démocratiques au Tchad, en République centrafricaine et en Côte-d’Ivoire, on n’assisterait pas aujourd’hui à ces différentes rébellions."

"Les leaders du continent doivent comprendre que la voie de la stabilité politique ne passe pas forcément par Paris à travers les fameux accords bilatéraux de défense, eux qui sont toujours prompts à invoquer le principe de souveraineté pour s’écarter des pays voisins au moindre différend avec leurs dirigeants, mais qui sont prêts à tout pour collaborer militairement avec la France."

Car, affirme le journal, "en tout état de cause, il n’y a pas aujourd’hui de meilleur rempart contre l’insécurité politique que la démocratie. Par les temps qui courent, seul le peuple est un allié fiable pour les hommes politiques, qu’ils soient du Nord ou du Sud. L’Afrique ne saurait déroger à cette règle universelle, sans compromettre les aspirations des populations au progrès et au bonheur."

Linsay avec AFP



Commentaires

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mercredi 6 décembre 2006 à 13h53 - par  Titophe

Une presentation tres synthetique des mefaits de la Francafrique, dont le narrateur n’est autre que Verschave lui-meme, merite certainement d’accompagner cet article. Elle est disponible ICI
@micalement,
Titophe

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