Naître sur des planètes opposées

samedi 23 décembre 2006
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Un rapport récent de l’association Save The Children révèle que la Suède est le meilleur endroit au monde pour donner naissance à un enfant, et le Niger, le pire

Le quotidien britannique The Guardian a visité ces deux pays et constaté que le fossé entre les deux était vraiment immense, en termes d’accueil, de confort et surtout de soins. Il a également noté à quel point les choses au Niger pourraient s’améliorer.

Le Niger est officiellement le pays le plus dangereux pour mettre un enfant au monde. Statistiquement, une mère n’a que 16 % de chances d’être assistée par une sage-femme et une chance sur sept de mourir en accouchant. Quant à son enfant, il a 15 % de chances de ne pas atteindre l’âge de 1 an. Le quotidien britannique a rencontré Dahara, une jeune femme de 26 ans qui habite à deux heures de route de Zinder, la capitale du Niger à l’époque de la présence française. La jeune femme est venue accoucher dans un lieu qui de l’extérieur ressemble à des toilettes publiques mal entretenues. A l’intérieur, deux petites pièces : une salle d’accouchement, meublée d’un vieux brancard et d’un bureau, et une salle de repos, composée d’un matelas à même le sol et d’un berceau grisâtre. Quelques heures après son accouchement, Dahara installe son bébé sur son dos à la mode africaine et repart chez elle à pied. Elle doit parcourir ainsi plusieurs kilomètres. Le mari de Dahara n’a pas assisté à la naissance de son fils. Au Niger, la naissance d’un enfant est exclusivement l’affaire des femmes.

A quelque 6 000 kilomètres de là, la maternité d’Uppsala, au nord de Stockholm. "C’est un peu comme un voyage dans le temps, du Moyen Age au XXIe siècle", précise le quotidien. Donner naissance en Suède est à des années-lumière du Niger, avec toutefois les mêmes protagonistes : une mère et un enfant. Carmen Helwig, qui vient de donner naissance à une petite fille légèrement prématurée, a subi une césarienne afin d’éviter toute complication. La mère et la fille rentreront chez elles quand tout ira bien. Le père quant à lui a assisté à l’accouchement et décidé de prendre un congé parental pour s’occuper de sa fille. En attendant, il peut dormir dans la chambre double mise à la disposition de sa femme par l’hôpital. "Une fois de retour à la maison, si j’ai le moindre problème, je peux téléphoner à la sage-femme de lâ€ËÅ“hôpital qui viendra m’aider", explique Carmen Helwig.

Carmen est tout l’opposé de Dahara, l’une des mères les plus favorisées au monde. Les éventualités qu’elle ait un problème sont infimes, même si tout risque n’est pas exclu. Le risque de mourir en accouchant est de 1/29 800. Les soins anténataux sont gratuits. En Suède, 99 % des femmes accouchent dans les hôpitaux publics, tous équipés d’une technologie de pointe. Elles disposent en outre de longs congés de maternité. Les mères interrogées à Uppsala par The Guardian sont unanimes pour reconnaître qu’elles sont très bien prises en charge.

Alors que l’hôpital d’Uppsala est propre, spacieux et calme, celui de Zinder est vieux et mal entretenu. La peinture s’écaille, il n’y pas d’air conditionné (malgré la température qui atteint souvent les 40 °C), des chats s’y baladent et il y a du monde partout. En Suède enfin, la maternité est gratuite, au Niger, les femmes doivent payer. Et si la somme est ridicule aux yeux des Occidentaux, 1 000 francs CFA pour une visite anténatale, elle est énorme pour la majorité des familles, le revenu moyen annuel par habitant étant de 127 000 francs CFA (soit 190 euros).

La suppression des frais médicaux, l’éducation des mères, la formation de sages-femmes et d’infirmières, l’amélioration des infrastructures hospitalières, voilà tout ce dont le Niger aurait besoin pour accéder à un monde idéal dans lequel la vie - celle des femmes en accouchant et celle des enfants en venant au monde - n’est plus en danger.

Source THE GUARDIAN

Transmis par Linsay



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