L’édito de Libération

lundi 30 mai 2005
popularité : 4%

Le triomphe du non

Avec plus de 55% de votes non, les électeurs français, massivement mobilisés, ont rejeté le traité établissant une Constitution européenne • Le désaveu est cinglant pour Jacques Chirac, une partie du PS et l’Europe des 25 jugée trop libérale •

Par Ludovic BLECHER

C’est un non clair, franc et massif. Les Français ont rejeté à une large majorité le traité instituant une constitution européenne : 55,2 % des électeurs se sont prononcés contre le texte et seulement 44,8% ont voté pour d’après des résultats quasi définitifs - plus de 90% des bulletins dépouillés - diffusés lundi à 0h30 par le ministère de l’Intérieur. Alors que les tout derniers sondages marquaient un timide retour du oui, c’est une douche très froide, pour tous les ouiouistes qui tablaient sur un sursaut après la dernière intervention, jeudi, du chef de l’Etat. Le non, qui caracolait en tête des sondages depuis trois semaines (il oscillait entre 52 et 53% sur les sept derniers jours, NDLR) l’a donc franchement emporté.

Dans les zones, rurales, la percée du non a été particulièrement forte. « 18 départements et territoires ont voté pour le oui (et) sont majoritairement situés dans l’Ouest de la France, en Alsace, en Rhône-Alpes, en région parisienne et dans la plupart des départements et territoires d’Outre-mer », a indiqué le ministre de l’Intérieur, Dominique de Villepin. En revanche, a-t-il poursuivi, « 25 départements ont voté non à plus de 60%, en particulier dans le Nord et le Sud de la France ». En Corrèze, terre d’élection du chef de l’Etat, le non l’emporte largement. A Tulle, chef lieu du département et fief de François Hollande, le non rafle 51,08% des suffrages.

Mobilisation massive

Pour ce vote, les électeurs se sont déplacés massivement. Le taux de particiption est important : 69,75%, selon les instituts de sondages, soit un chiffre similaire à celui du référendum de Maastricht en septembre 1992 (69,7%). C’est quand même mieux, bien mieux, que pour les élections européennes du 13 juin 2004, où 42,76% des inscrits s’étaient rendus aux urnes. Les 41,8 millions d’électeurs se sont aussi beaucoup plus mobilisés que pour les élections régionales de 2004 : 60,84% s’étaient alors déplacés. A l’élection présidentielle de 2002, la participation finale avait été de 71,6% au premier tour et 79,71 au second.

Dès ce dimanche à midi, la tendance était à la hausse à l’image de la vigueur des débats. On enregistrait un taux de participation de 25,08%, contre 20,39% en 1992. Par rapport à ce scrutin, la participation était en hausse dans 83 départements métropolitains sur 95. Cette augmentation était supérieure à 10 points dans 7 départements, la palme revenant aux Pyrénées-Orientales (+16,71) et à la Somme (+13,58), et comprise entre 5 et 10 points dans 37 autres. 20 départements avaient déjà voté à plus de 30% à midi et 33 entre 25 et 30%. Le département où l’on avait le plus voté était le Gers (35,97%) tandis que le Val-de-Marne enregistrait la participation la plus faible (16,10%).

Hypothèses

Reste maintenant à voir quelles vont être les conséquences, en France, d’un scrutin qui ébranle une bonne partie de la classe politique, gouvernement en tête. L’exécutif devra répondre à ce vote sanction mais surtout aux préoccupations sociales exprimées durant la campagne et consacrées par ce résultat sans ambage. Pour Jacques Chirac (verbatim), le désaveu est total et il devra l’assumer devant ses partenaires européens. Pour le Premier ministre, c’est peut-être le signe du départ. « Quelques soient les hypothèses, les scénarios, les décisions sont prêtes muries, rêfléchies en loyauté avec le chef de l’Etat », a affirmé dimanche Jean-Pierre Raffarin dimanche après avoir voté dans son fief de Chasseneuil-du-Poitou. Plusieurs noms circulent : Dominique de Villepin est donné favori, devant la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie. A moins que Nicolas Sarkozy (dépêche Reuters) ne devienne l’ultime recours pour donner la « nouvelle impulsion » promise jeudi par Jacques Chirac.

Au PS, aussi, la crise annoncée pourrait éclater. Certains évoquent même un parti au bord de la rupture, le choix des militants et celui du Premier secrétaire, François Hollande (pour le oui), ayant été désavoué. Laurent Fabius, le chef de file du non au PS, apparaît comme le grand gagnant de se scrutin qui le place en bonne position dans la course à la candidature pour 2006.



Commentaires

Logo de Neida
lundi 15 août 2011 à 15h08 - par  Neida

Telechargement casino en ligne

A listing of web sites relating to casino en ligne France amongst these well known of the year This year’s. The amount internet casino on the web most Dutch enjoy hold these people ?

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur