Grèves tenaces dans les centres de tri

mercredi 31 janvier 2007
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Cap qualité courrier, Facteur d’avenir, décidément on ne fait pas les choses à moitié à La Poste : on regarde jusqu’au vocabulaire pour mieux faire passer la pilule de la privatisation.

Mais comme toujours les actes parlent plus fort que les mots...Et les maux engendrés les postiers les connaissent et les voient : retards de courrier, tournées allongées, tri désorganisé, salariés ballottés d’un travail à un autre, d’un horaire à un autre, travail déshumanisé...et payé à des salaires de misère, sans parler de l’intérim et autres précarités, toutes joyeusetés devenues spécialités de l’entreprise postale.

Car voyez vous nous sommes devant une entreprise qui veut arriver à « l’industrialisation de la distribution du courrier » afin d’affronter dans les meilleures conditions l’ouverture à la « concurrence libre et non faussée » au sein de l’Union Européenne notion si chère à toutes celles et tous ceux qui ont pris un coup au moral un certain 29 mai...

Pour ne pas fausser le travail on va mettre aux fesses de chaque facteur un GPS pour calculer le rendement à effectuer et pourquoi pas demain chronométrer les temps de tournée. Après tout pourquoi il n’y aurait qu’à la chaîne des entreprises automobiles que le travail serait rigoureusement minuté ?

Comme l’expliquent clairement les syndicats CGT et SUD dans l’action, tout est fait pour en finir avec la notion de service public. Faire remplacer les absents par les présents qui se taperont toujours plus de boulot, imposer des critères de rentabilité incompatibles avec la notion de service...

Et du coup les salariés se rebellent. Même s’ils n’emploient pas la même stratégie les deux syndicats posent par leurs actes la question des salaires, des conditions de travail, de la dignité, du nombre d’emplois...et par la même celle de la finalité de celui-ci. SUD a lancé l’heure de grève qui chaque nuit voit les CDD réclamer une augmentation de celle-ci. la CGT elle, privilégie les journées d’actions qui rassemblent l’ensemble du personnel (auxquelles SUD appelle) et force est de constater que de journées en journées l’action va crescendo.

Et les premiers résultats sont palpables.

Ainsi en est-il des négociations salariales prévues initialement en juin 2007, et qu’« une déferlante de lutte (10 octobre, 14 novembre, 14 décembre 2006 ; 11 janvier, 19 janvier, 30 janvier, 1er février et 8 février 2007) » a obligé les dirigeants de LA POSTE à les avancer de six mois" comme l’indique Philippe JOURDAN CGT poste. Et le dirigeant de poursuivre :

« Si l’anticipation des négociations correspond en partie à la demande de la CGT FAPT [1] , puisque nous avons insisté sur la question des salaires, il n’est pas question d’introduire la notion de mobilité, qui porte atteinte au statut des fonctionnaires et précarise l’emploi.

Ensuite nous constatons que ces par touches successives au niveau législatif et par les restructurations incessantes des services et des métiers que gouvernement et dirigeants de LA POSTE travaillent à la recomposition du paysage postal, de l’emploi et des droits des personnels pour les privatiser, j’en veux pour preuve la loi adoptée fin 2006 sur la retraite des postiers fonctionnaires.

Enfin malgré des avancées, gagnées par les luttes des postières et postiers, le projet « CAP QUALITE COURRIER », que ce soit à l’acheminement ou à la distribution (avec son volet « Facteurs d’Avenir », est contraire, néfaste, aux exigences et besoins des personnels.

En effet, tant la qualité que la quantité de l’emploi, ( la restauration, le logement, les crèches d’entreprise... ) sont des points d’achoppements forts au projet « CAP QUALITE COURRIER ».

Alors ne soyez pas étonnés que depuis des mois, le malaise couve puis s’amplifie dans tous nos services de LA POSTE et notamment au COURRIER, à l’acheminement.

Alors ne soyez pas étonnés que règne dans nos centres de tri un climat détestable.

D’autant plus qu’au lieu de répondre par la négociation et le dialogue social, les dirigeants de LA POSTE font sonner le clairon de la charge répressive.

Vous croyez que c’est de bon aloi de traiter les agents de fainéants, de réprimer les grévistes en les menaçant de ne plus faire d’heures supplémentaires alors qu’ils font ces heures supplémentaires pour cause de salaire insuffisant pour vivre dignement ?

Vous croyez que c’est juste et humain que de montrer du doigt une responsable locale CGT parce qu’elle est en arrêt maladie, pour une pathologie lourde, un jour de grève ?

Vous croyez que les militants et responsables de la CGT FAPT MEDIT 13 sont des ennemis de l’intérieur et qu’il faut leur interdire l’accès au RIE (restaurant social), les pourchasser physiquement dans une salle de production ?

A ce sujet là encore vous pouvez être assurés que nous ne confondons pas Cadres et Patronat !
Salariés et Patrons !

Rompre avec notre histoire sociale, tourner le dos à nos spécificités françaises de service public ne peut se faire sans secousse.

Le droit à la communication pour tous ne se résume pas à une distribution 6 jours sur 7 et un collectage quotidien mais à une conception de justice sociale moderne et solidaire permettant à toutes les populations d’avoir accès à la culture, au savoir pour s’émanciper librement.
Les dirigeants de LA POSTE ont fait le choix délibéré à ce que LA POSTE devienne un opérateur privé prestataire de service marchand de référence internationale.

Ce choix suppose une gestion des plus libérales tournée vers une prise immédiate de bénéfices, de recherches de cash-flow, de liquidité immédiate et de retours d’investissements à court terme.

CAP QUALITE COURRIER, ce sont les centaines de Plates formes « surmodernisés » qui permettront à LA POSTE de répondre aux 400 grands clients émetteurs concentrés sur la région parisienne et le Nord de La France et récepteurs sur Strasbourg, Lyon, Aix-Marseille et Bordeaux, axes correspondants d’ailleurs aux demandes d’horaires TGV fret faites par la direction courrier.

CAP QUALITE COURRIER, c’est aussi une nouvelle organisation de travail que vous déclarez « non amendable » qui aura pour conséquence d’augmenter la productivité par agent grâce d’une part à l’automatisation mais aussi par le développement de brigades inhumaines répondant seulement aux impératifs de flux.

Ainsi entre les suppressions massives d’emplois (1000 dans les Bouches du Rhône et 40 000 au plan national) et la déqualification des métiers du Courrier, les dirigeants de LA POSTE, si nous les laissions faire, pourraient ainsi agir sur les 2 leviers économiques générateurs de bénéfices financiers pour ainsi poursuivre leur politique destructrice pour l’emploi, pour les salariés et pour la société.

Il faudra bien que sur la question de la rémunération directe, la direction de LA POSTE augmente de manière significative le salaire de base mais aussi les prestations sociales (restauration, logement, et crèches dans le service ....).

Nous faisons le choix d’investir dans les femmes et les hommes qui traillent chaque jour plutôt que dans un investissement lourd qui ne se justifie pas et qui fragiliserait les marges de manœuvres sociales.

Ainsi nous pouvons négocier les revendications suivantes qui ont à trait aux conditions de vie et de travail :

1.Maintien et le développement d’organisations de travail permettant de traiter tous les trafics et de concilier vie au travail et vie familiale et qui prennent en compte la santé au travail et la pénibilité avec le maintien des 2 nuits sur 4 et des brigades intégrales, l’arrêt des horaires atypiques et inhumains ;

2.Durée hebdomadaire du travail à 28 heures pour les brigades de nuit ;

3.Passage de tous les CDD en CDI à temps plein ;

[...]

7.Droit de revendiquer, de contester, de proposer, arrêt de toutes les pressions et intimidations à l’encontre des personnels. »

Au total un mouvement qui s’étend, persiste, qui devrait connaître de nouveaux temps forts les 1er et 8 février et arrache, pas à pas, au fil de la lutte, des avancées sociales. Un mouvement où la question du droit à la communication garantie par un service public est omniprésente chez une masse de jeunes salariés qui n’ont connu que la privatisation et son cortège de galère et de précarité.


[1Fédération des Activités Postales et de Tri nouveau nom de la fédération CGT pour prendre en compte l’éclatement des salariés de ce secteur suite aux vagues de privatisation



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