15 000 médecins étrangers refoulés au nom de la « préférence nationale »

lundi 29 janvier 2007
popularité : 4%

Billoo Joy vient du Kerala, en Inde. Il y a deux ans, il a débarqué en Grande-Bretagne pour parfaire sa formation de médecin et y trouver un emploi. Aujourd’hui, il est dans l’expectative. Son contrat de travail parviendra à échéance cette année et ne sera probablement pas renouvelé.

« Entre la préparation du Plab Test (test permettant aux médecins étrangers d’exercer au Royaume-Uni) et mon loyer, j’ai encore 2 000 livres de dettes [2 900 euros]. J’ai dû me battre pour rester ici. Je ne m’attendais pas, à nouveau, à tant d’incertitude », explique-t-il dans le The Guardian.

A l’origine de cette incertitude, une nouvelle loi introduite au début du mois d’avril dans le cadre de la régulation de l’immigration. Le texte stipule que les médecins étrangers en formation non-ressortissants de l’Union européenne ne devraient être autorisés à postuler que pour des emplois que refusent des candidats « de souche britannique ». Pour le ministère de la Santé, cette mesure vise à « réduire la dépendance de l’Etat vis-à-vis des médecins étrangers » et à « protéger les emplois destinés aux citoyens britanniques », note The Guardian.

D’après le Joint Council for the Welfare of Immigrants, chargé de veiller au bien-être des immigrés, « près de 15 000 jeunes praticiens travaillant en CDD pourraient être ainsi obligés d’arrêter leur formation et de rentrer dans leur pays d’origine », rapporte le quotidien de gauche. Une situation invraisemblable pour ces apprentis médecins, notamment sur le plan financier. « Si je retourne en Inde aujourd’hui, je perdrai tout le bénéfice de ma formation et je devrai tout reprendre à zéro, sans espoir de pouvoir payer mes dettes », prévient Billoo Joy. « Avant, il était déjà difficile de trouver un emploi. Mais aujourd’hui, c’est impossible », poursuit-il.

Pour dénouer la crise, l’Association médicale britannique (BMA) a fait savoir qu’elle rencontrerait cette semaine les responsables du ministère de la Santé et du ministère de l’Intérieur. Objectif : obtenir que la nouvelle loi sur l’immigration soit appliquée de manière progressive. L’association a également annoncé qu’elle s’opposerait systématiquement aux offres d’emploi qui excluent les médecins étrangers. « L’immigration joue un rôle important car elle permet d’améliorer le niveau de soins dans les pays en voie de développement », estime le Dr Edwin Broman, président du comité international de la BMA, cité par The Guardian. « Ils apprennent de nouvelles techniques qu’ils peuvent ensuite utiliser lorsqu’ils retournent chez eux », explique-t-il.

Pour l’instant, le ministère de l’Intérieur britannique campe sur ses positions. « L’objectif de notre système d’immigration est de recenser les travailleurs immigrés qui sont le plus utiles au pays afin de les aider à occuper les postes laissés vacants par les citoyens britanniques et européens », indiquait récemment l’un des porte-parole de ce ministère. Un discours similaire à celui tenu aujourd’hui en France.

Source The Guardian.

Transmis par Linsay



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur