Les GI’s en Afrique

vendredi 9 février 2007
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Le Pentagone va se doter d’un centre de commandement militaire spécial pour l’Afrique dès septembre. Pour lutter contre le terrorisme*, affirme-t-on à Washington. Cette annonce coïncide avec une visite-marathon du président chinois en Afrique ; Pékin, dont l’influence sur le continent noir est grandissante...

Georges Bush l’exigeait, Robert Gates l’a fait. Le secrétaire à la Défense, successeur de Donald Rumsfeld a annoncé la création d’un centre de commandement militaire spécial pour l’Afrique d’ici au mois de septembre. D’abord basé à Stuttgart, Africom, c’est son nom, devrait ensuite être installé dans un pays africain. Si le choix n’est pas encore arrêté, c’est le Sahel (peut-être l’Algérie ou le Niger), où sévissent les terroristes du GSPC, qui tient la cote.

Jusqu’alors, les opérations américaines sur le continent africain dépendaient de trois centres distincts : celui de Miami pour la Corne de l’Afrique, qui gère aussi le Proche-Orient et l’Asie centrale ; celui d’Hawaï, chargé du Pacifique et de l’île de Madagascar ; enfin, celui de Stuttgart, le commandement européen, censé gérer la grande majorité des pays africains. D’après Robert Gates, cette réorganisation « permettra aux Etats-Unis d’avoir de l’Afrique une approche plus efficace et plus intégrée, comparée à l’approche actuelle qui est un vestige de la Guerre Froide ».

Cette mesure fait partie d’une vision plus globale du Pentagone qui, bien avant le 11 septembre, a redéfini sa stratégie en fonction des nouvelles menaces : ainsi les transferts des bases d’Okinawa (Japon), sur l’île de Guam, dans le Pacifique et l’allègement des bases sur le sol allemand, peut-être au profit de bases dédiées au bouclier antimissile que Washington souhaite installer dans la « Nouvelle Europe » (Pologne, République tchèque) d’ici 4 ou 5 ans.

Africom répond à un besoin évident : lutter contre le terrorisme*. Lors d’une de ses tournées africaines, le président Bush affirmait que les Etats-Unis ne « laisser(aient) pas les terroristes menacer les peuples africains ni utiliser l’Afrique comme base pour menacer le monde ». De fait, l’Amérique est déjà présente militairement en Afrique, dans les pays du Maghreb et du Sahel, de même qu’en Egypte et au Kenya, à travers une assistance technique militaire et la formation de forces spéciales. Washington dispose aussi d’une base militaire à Djibouti, et d’une présence navale au large de la Somalie, dont on a pu juger dernièrement de la force de frappe aveugle.

Mais derrière la lutte contre le terrorisme* se cachent des enjeux à plus long terme. Les richesses du sous-sol africain - en matières premières et en hydrocarbures - font du continent noir un pôle de fixation de la géopolitique mondiale. L’exploitation des gisements pétrolifères du Nigéria à l’Angola, en passant par la Guinée équatoriale et la Gabon, n’est pas étrangère à la présence navale US dans le golfe de Guinée, ni au projet d’une base américaine sur l’île de Sao Tomé, au large du Gabon. D’ailleurs, les spécialistes s’accordent à dire que le pétrole africain devrait représenter un quart des importations américaines de brut d’ici 2015.

Dans ces conditions, certains n’hésitent pas à voir dans le timing de l’annonce de Robert Gates un message directement adressé à la Chine, dont le président, Hu Jintao, termine la plus longue de ses trois tournées en Afrique depuis 2004 - celle-ci l’a conduit à visiter huit pays africains, dont le Soudan (autre poids lourd pétrolier) et l’Afrique du Sud, leader économique et politique du continent. A une Chine de plus en plus pressée, Washington semble ainsi dire qu’il est lui aussi en train d’avancer ses pions en Afrique.

Source Marianne

Transmis par Linsay

* Lutte contre le terrorisme : terme américain se traduisant en français par Impérialisme (NDLR)



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