Regards de mai 2005

lundi 9 mai 2005
popularité : 3%

MEDIAS : LE MATRAQUAGE DU OUI

Depuis des semaines, les partisans du « OUI » au projet de Constitution se taillent la part belle dans les médias, que ce soit dans les journaux, les radios ou à la télévision. C’est un véritable pilonnage ! Le site d’ACRIMED « Action critique des médias » (http://www.acrimed.org) a relevé que, toutes émissions confondues, les intervenants favorables au « oui » avaient eu droit aux deux tiers du temps d’antenne. C’est le même rapport à la radio.

Encore faudrait-il ajouter tous les journalistes et chroniqueurs qui mènent insidieusement campagne pour le oui sous couvert d’explication des articles du Traité. Bernard Guetta c’est devenu un éminent spécialiste tous les matins sur France-Inter sans personne pour le contredire ou corriger ses mensonges et ses omissions. « Le Monde » s’est engagé ouvertement pour le oui par la voix de son directeur Jean-Maire Colombani. Laure Adler mène ouvertement campagne pour le oui comme « directrice de France Culture ». Devoir de réserve, connais pas ! Les lycées et les universités sont inondés de matériel de propagande financé par les contribuables européens.

Même les « Tours d’Europe » organisées par les médias pour informer sur les autres pays de l’Union Européenne servent la propagande du oui. Jamais n’a été donnée la parole à George Debrunne, syndicaliste belge, Oskar Lafontaine, socialiste allemand, Paul Lannoye, Verts de Belgique, Luis Llach, chanteur catalan, qui sont opposés au Traité Constitutionnel.

La grosse artillerie médiatique du oui a enrôlé tous les « ténors » : Lionel Jospin qui fait la leçon à ses petits camarades et qui a été félicité par Jacques Chirac, Simone Veil et Giscard d’Estaing malgré leur devoir de réserve lié à leur statut de membre du Conseil constitutionnel et bien sur, Jacques Delors, ex-président de la Commission européenne. Il multiplie les déclarations et les interviews, apparaît régulièrement dans les débats mais personne n’a osé lui rappeler ce qu’il avait déclaré quelques jours avant le referendum de 1992 sur Maastricht : « Votez oui à Maastricht et on se remettra au travail tout de suite sur l’Europe sociale » !! Personne ne l’interroge non plus sur l’association « Notre Europe » qu’il a créée après son départ de la Commission ; présidée actuellement par Pascal Lamy, cette association mène, par ses colloques, ses études, la campagne pour le oui, sans doute pour justifier les 612.000 euros que lui versera le budget européen en 2005.

LE SECRETAIRE GENERAL DE LA CES EN CAMPAGNE (suite)

Jusqu’à présent, John Monks, secrétaire général de la CES (Confédération européenne des syndicats) menait seul, avec le relai de la CFDT en France, sa campagne pour défendre le projet de Constitution. Il ne se contente plus d’inviter le président du Conseil au Comité exécutif de la CES (voir bulletin Polex N°6). Il s’allie avec le secrétaire général du patronat européen (UNICE), Philippe de Buck.

Le 14 avril, au cours de la soi-disant « Semaine pour l’emploi » décrétée par la Commission européenne, les secrétaires généraux de la CES et de l’UNICE ont adopté une déclaration commune pour soutenir la Constitution en soulignant : « Après vingt ans d’existence, le dialogue social européen a fait la preuve de sa valeur ». Les salariés, qui ont subi la baisse de leur pouvoir d’achat, les privatisations, les délocalisations etc...apprécieront à sa juste valeur les « bienfaits » de ce dialogue social.

On attend encore des dirigeants syndicaux nationaux pour « commenter » cette déclaration. Dans une récente interview au journal « Le Monde », le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, n’y trouve rien à redire mais il ne se gêne pas pour mettre son grain de sel dans la bataille actuelle du referendum : « Quelle qu’elle soit, l’issue du referendum ne changera pas le quotidien des salariés le 30 mai au matin ». Une façon de renvoyer dos à dos les partisans du oui et du non, de justifier l’abstention et de décourager les syndicalistes engagés pour le non parce qu’ils ont compris que l’avenir des salariés, leurs conditions de vie et de travail dépendaient pour une grande part de l’adoption ou du rejet du Traité constitutionnel. Fort heureusement, de nombreuses unions locales et départementales, fédérations professionnelles s’engagent pour « un non de lutte pour imposer d’autres choix en France et en Europe ».

LE PARLEMENT EUROPEEN POUR UN SIEGE DE L’UNION EUROPEENNE A L’ONU.

En adoptant le 14 avril une résolution sur « les principaux aspects et les choix fondamentaux de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) », les groupes démocrate-chrétien, socialiste et libéral ont poussé jusqu’au bout la logique du Traité Constitutionnel qui prévoit la désignation d’un ministre européen des Affaires étrangères et confère explicitement une personnalité juridique à l’Union européenne.

Le Parlement européen a estimé en effet que « l’Union européenne devrait à l’avenir disposer d’un siège au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, ce qui donnerait tout son sens à une véritable politique étrangère et de sécurité commune réellement efficace ». Il s’est trouvé des députés français et anglais pour voter ce texte dont l’application aboutirait à la mise à l’écart de la France et de la Grande-Bretagne du Conseil de sécurité pour être remplacées par l’Union européenne....Les médias français ont été très discrets sur ce vote du Parlement européen !

L’UNION EUROPEENNE ALLIEE AUX ETATS-UNIS CONTRE CUBA.

Malgré l’appel lancé par plus de 4000 écrivains, artistes, universitaires et parlementaires de très nombreux pays (dont 6 prix Nobel), la Commission des droits de l’homme des Nations-Unies a cédé au chantage des Etats-Unis et adopté une résolution contre Cuba par 21 voix contre 17 et 15 abstentions. Les autorités américaines ont exercé d’intenses pressions (politiques et commerciales) auprès des pays de l’Europe de l’Est, d’Afrique et d’Amérique Latine. Elles ont par exemple menacé un pays africain de fermer leur marché à ses exportations de cotons.

Bien qu’ayant décidé de reprendre les relations avec Cuba (voir la visite du Commissaire européen Louis Michel), l’Union européenne s’est alignée sur la position des Etats-Unis en apportant son parrainage à la résolution contre Cuba. L’Union européenne s’est également opposée avec les Etats-Unis à une résolution présentée par Cuba condamnant « l’utilisation des mercenaires pour violer les droits de l’homme et le droit des peuples à l’autodétermination » qui a été malgré tout adoptée par 35 voix contre 15.

Au cours du débat, le ministre cubain des Affaires étrangères, M. Felipe Perez Roque (qui avait été reçu récemment à Strasbourg par des parlementaires européens pendant une session plénière) a dénoncé l’attitude des Etats-Unis qui « nous accusent parce qu’ils craignent notre exemple, parce qu’ils veulent mettre un terme à notre vocation d’indépendance, parce qu’ils essaient d’écraser l’exemple d’un pays qui n’a pas voulu se soumettre à ses diktats ».

MENSONGE ET HYPOCRISIE SONT LES « MAMELLES » DU OUI.

Il est difficile de départager les partisans du oui en matière de mensonge et d’hypocrisie tant ils font preuve de « talent » ! Récemment, un journaliste du « Monde » vantait le souci démocratique de la Constitution avec la pétition d’un million de citoyens au moins (article I-47). Pour mieux enfoncer le clou, il précisait que cette initiative « obligeait » la Commission à soumettre une proposition appropriée. Le texte se contente « d’inviter » la Commission....Bernard Guetta, qui sévit tous les matins sur France-Inter, encense « l’économie sociale de marché » en oubliant de citer la suite du texte : « hautement compétitive ». Le 2 mai à Paris, Jacques Chirac a précisé que la Constitution consacrait « l’exception culturelle » alors que ce concept ne figure pas dans le texte qui se contente de la « diversité culturelle ». De nombreux commentateurs font semblant d’assimiler les services publics aux services d’intérêt économique général (SIEG) alors que ces derniers ne sont même pas définis dans le Traité.

Nicolas Sarkozy a rejoué la scène de « Bruxelles, bouc émissaire » : « Les technocrates, les eurocrates, les commissaires européens ont pris le pouvoir car c’est nous qui le leur avons abandonné ». Quand il était ministre, il a pourtant signé des directives que la Commission s’était contentée de proposer. C’était bien Chirac et Jospin, et pas les commissaires, qui ont signé aux différents Conseils européens des décisions pour accélérer les libéralisations et relever de cinq ans l’âge de la retraite.

Le premier vol de l’Airbus A380 a permis aux hypocrites de faire un festival. Pour Ségolène Royal, c’est « un messager pour le oui ». Pour Jacques Chirac, c’est une « success story européenne ». Ils n’ont pas été les seuls à récupérer l’Airbus pour le oui. Sauf que cet avion n’a rien à voir avec la construction européenne, ses institutions, ses politiques. C’est uniquement le résultat d’une coopération entre Etats en dehors des mécanismes de l’intégration européenne.



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur