Le prix d’un homme.

mercredi 28 février 2007
par  Charles Hoareau
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Quel est le prix d’un homme ?

La question pourrait paraître saugrenue depuis que l’esclavage a été aboli partout dans le monde ou presque..

Vous, moi, nous serons sans doute d’accord pour dire que la vie d’un homme cela n’a pas de prix

Mais pour celles et ceux qui nous gouvernent ?

- Expulsée de La Renaude dans les conditions que l’on sait [1] , Dolorès, un soir, dans le fourgon qui lui servait de refuge a perdu ses deux jumeaux qu’elle attendait de Joseph. N’était ce qu’une péripétie et le prix à payer pour la nécessaire poursuite de la politique de vente du foncier et de l’immobilier au promoteur qui lorgne sur la cité HLM municipale ?
N’y tenant plus, le comité chômeurs CGT - comme il l’a souvent fait évitant ainsi parfois que d’autres vies humaines soient passées aux pertes et profits - l’a alors relogée dans un appartement laissé vide par la ville de Marseille. Celle-ci fera sans doute un procès. Comment tranchera alors la justice ?

Etat de nécessité, assistance à personne en danger ou atteinte au droit de propriété ?
Selon ce que les juges retiendront ils diront aussi le prix qu’ils accordent à l’humain...

- En descendant un escalier dangereux d’un immeuble insalubre [2] Farouk est mort. Cela a-t-il ému le propriétaire ? Pas le moins du monde !
Convoqué devant une commission préfectorale qui doit statuer (enfin !) sur l’état d’insalubrité irrémédiable de l’immeuble il s’en est pris aux locataires qu’il a rendus responsables de tous les maux...et pas un mot pour Farouk. Comble du cynisme ou de l’inconscience il a fait savoir à Barisa sa veuve qu’il ne lui rendrait pas la caution et qu’il fallait qu’elle se dépêche de lui rendre les clefs car il devait faire visiter l’appartement à un prochain locataire on devrait dire une prochaine victime...

Là aussi la justice saisie conclura-t-elle à un regrettable accident ou à un homicide par cupidité ?

La préfecture saisie dans ces deux cas bien avant que ces drames n’arrivent n’a pas réagi à temps. Le préfet, ni pire ici qu’ailleurs, a simplement obéi à une logique qui a permis que ces morts aient lieu

-  Dans la même période on apprenait que 3 salariés de Renault (38, 39 et 44 ans) et deux de l’usine Citroën les Ayvelles près de Charleville-Mézières s’étaient suicidés mettant en cause leurs conditions de travail. La Justice conclura -t-elle à la faute inexcusable des employeurs ou à la fragilité psychologique de salariés inadaptés au monde du travail ?

-  Les milliers d’africains morts en tentant de venir illégalement en Europe sont ils victimes de la faute à pas de chance ou d’un système qui n’accorde à la vie que peu de prix ?

Le fondateur de la JOC avait pris comme devise : « la vie d’un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde », slogan quelque peu repris par la LCR avec la formule : « Nos vies valent plus que leurs profits ».

Communistes parce qu’humanistes nous faisons partie de cet ensemble de gens qui mettent l’humain et le prix de la vie au dessus de tout.
C’est parce qu’il est inhumain que le capitalisme n’est pas acceptable.
C’est parce qu’il est inhumain que nous sommes anticapitalistes.

Joseph lui, a trouvé du travail et se remet à espérer dans son nouvel appartement,
à Diebold les ouvriers hier jetés à la rue comme quantité négligeable, ont gagné,
à Marseille les mal logés se rebellent et cela se voit jusque devant le palais de Justice :
ça aussi cela n’a pas de prix...


[1voir rubrique Est ce ainsi que les hommes habitent ? articles (nombreux) sur La Renaude

[2là aussi plusieurs articles dans la même rubrique



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