Regards de mars 2007

mardi 13 mars 2007
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Progression des attaques racistes dans l’Union Européenne

La dernière étude du "Centre européen contre le racisme et la xénophobie" (EUMC), basé à Vienne, met en évidence une recrudescence des attaques racistes en 2006. Dans un pays de l’Union européenne, l’augmentation a même atteint 70% ! Dans de nombreux Etats membres, l’augmentation se situe entre 25 et 45%, a dû reconnaître le commissaire européen en charge de la Justice et des Affaires intérieures, l’italien Franco Frattini. Cette forte progression du racisme est notamment favorisée par les discours anti-immigrés et racistes des partis et dirigeants d’extrême-droite qui sont rarement sanctionnés et qui contribuent à la banalisation du racisme dans la population et à la rupture des solidarités.

Dans certains pays, des mouvements n’hésitent pas, en toute impunité, à glorifier le nazisme. Au Parlement européen, un député polonais a distribué un pamphlet ouvertement antisémite. Dans de nombreux pays, les gouvernements expulsent des immigrés et leur font subir des discriminations au logement, à l’emploi et au travail, contribuant ainsi à alimenter la haine de l’Autre.

Malgré cette progression inquiétante du racisme, qui se traduit trop souvent par des attaques racistes pouvant aller jusqu’à la mort, les gouvernements de l’Union européenne n’ont toujours pas trouvé d’accord sur un projet de directive européenne condamnant le racisme et la xénophobie comme des délits.

Mais, au-delà des textes législatifs, la mobilisation doit se poursuivre à tous les niveaux dans les partis, les syndicats, les associations pour rejeter l’exclusion ainsi que les replis identitaires et xénophobes. Cette mobilisation est l’affaire de tous pour pouvoir "vivre ensemble, libres, égaux, solidaires".

Défense de la laïcité

Malgré les pressions du Vatican, relayé par de nombreux gouvernements comme la Pologne (qui a inscrit Dieu dans sa Constitution) et des partis démocrates-chrétiens, les gouvernements des pays de l’Union européenne avaient refusé de faire référence aux « valeurs chrétiennes » dans le projet de Constitution européenne. Celui-ci faisait toutefois référence aux « héritages religieux » de l’Europe et prônait un dialogue avec les églises. Mais ce projet ne faisait aucune référence à la laïcité.

Depuis le rejet de ce projet, grâce à la victoire du non en France et aux Pays-Bas, la Commission des Episcopats de l’Union européenne (COMECE) et le Vatican interviennent régulièrement pour essayer de faire prendre en compte les valeurs ou les racines chrétiennes dans les traités européens. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, entretient un « dialogue permanent » avec les religions et les Eglises qui l’amènent à rencontrer régulièrement leurs représentants.

La chancelière allemande et actuelle présidente du Conseil européen, Angela Merkel, qui fait le forcing pour faire adopter en juin un accord des 27 sur une feuille de route pour un nouveau Traité, souhaite qu’une référence aux racines chrétiennes de l’Europe soit intégrée eau texte : " La période de sécularisation a été importante mais je nous voie vivre dans un monde transformé où il appartient aux politiques et aux textes politiques d’énoncer avec une plus grande clarté leurs racines spirituelles(...) Je ne peux pas nier que j’aurais préféré qu’il y ait une référence plus évidente à Dieu basée sur les idéaux chrétiens dans la Constitution ."

Cette pression permanente des Eglises a amené des parlementaires européens et des associations à défendre la laïcité en Europe. Le 27 février, une cinquantaine de députés européens, les « Catholiques pour un libre choix », « l’Union éthique et humaniste internationale », la « Fédération humaniste européenne » ont adopté dans la perspective du 50e anniversaire du Traité de Rome (25 mars 2007) une « Déclaration de Bruxelles » pour souligner leur attachement aux « valeurs laïques de l’Europe ».La déclaration se prononce également pour l’égalité entre hommes et femmes et rejette les discriminations fondée sur la race, l’origine, la religion, le genre, l’orientation sexuelle et le handicap. Elle affirme le droit pour chacun d’adopter et de suivre la religion de son choix mais sans que cette religion puisse être utilisée pour limiter les droits des autres.

Parallèlement à l’adoption de cette déclaration, une rencontre laïque internationale s’est tenue les 10 et 11 février à Montreuil à l’initiative de nombreuses personnalités et associations (notamment "Algérie Ensemble", UFAL) pour faire face à la résurgence des discours d’extrême-droite raciste et xénophobe et à la montée des intégrisme religieux mais aussi pour défendre « les acquis démocratiques et laïques, les droits humains universels, l’égalité des sexes, le droit de s’exprimer, de critiquer, d’aimer et de vivre librement ». Des représentants de nombreux pays (France, Belgique, Algérie, Iran, Pologne, Inde, Congo, Sénégal) ont participé à cette rencontre (dont les médias ont très peu parlé) qui s’est conclue par un Appel pour « la création d’un bureau international laïque » (pour plus de renseignements : secrétariat@laicity.info).

Vols secrets de la CIA : un rapport accablant du parlement européen.

Après un an d’enquête, une centaine d’auditions et plus de 200 témoignages, sur les opérations illégales menées par la CIA sur le territoire européen, le rapport de la commission d’enquête du Parlement européen a été adopté en séance plénière, le 14 février par 382 voix contre 256 et 74 abstentions. Ce rapport est accablant, tant pour les autorités des Etats-Unis que pour les gouvernements des Etats membres.

Preuve a été apportée que les « restitutions extraordinaires » de la CIA, c’est-à-dire l’enlèvement et le transport (le plus souvent aérien) de terroristes présumés en dehors de toute procédure judiciaire, étaient généralisées en Europe entre 2001 et 2005. Les services secrets et les gouvernements des Etats membres ont fermé les yeux sur ces pratiques dont ils étaient informés et certains pays ont même « accueilli » dans leurs prisons ces terroristes présumés. D’autres prisons secrètes « ont pu se trouver sur des bases militaires américaines ». Le Parlement européen a ainsi confirmé ce que révélait dès mars 2006 le secrétaire général du Conseil de l’Europe : « L’Europe est, dans sa quasi-totalité, un terrain de chasse libre pour les services de renseignements étrangers ».

Le Parlement européen a également critiqué le Conseil des ministres pour son manque de coopération, Javier Solana, Haut représentant de la politique extérieure, qui a menti « par omission » ainsi que le coordinateur de la lutte contre le terrorisme, le néerlandais Gijs de Vries. Deux jours après le vote du Parlement européen, M. de Vries a démissionné en déclarant : » La lutte antiterroriste doit être menée dans le respect des lois » et en invitant les pays occidentaux à « appliquer ce qu’ils prêchent ». Comme s’il retrouvait une liberté de parole après sa démission, il a déclaré : "Ces enlèvements et ces vols sont immoraux, illégaux et contre-productifs". Il a insisté sur la nécessité de déclarer illégale la torture, notamment dans « les pays tiers » où elle a servi à extorquer des aveux à des terroristes présumés. Le rapport de la commission d’enquête a effectivement dénoncé les transferts par avion de suspects pour les conduire vers des prisons de pays complices (comme le Maroc et l’Egypte) pour y être torturés.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a refusé de témoigner devant la commission d’enquête. Au cours du débat en séance plénière, le Conseil s’est défaussé en refusant, d’une part, de faire pression sur les gouvernements concernés pour qu’ils fournissent « des informations complètes et objectives » et, d’autre part, de procéder à une enquête indépendante. Bien entendu, les autorités étasuniennes, par la voix de John Bellinger, conseiller juridique du département d’Etat, ont rejeté les conclusions de la commission d’enquête jugées « partiales, inexactes et injustes ». Ces propos ne pourront faire oublier ceux du président George W. Bush qui a officiellement confirmé en septembre 2006 le recours à la pratique de prisons secrètes de la CIA à l’étranger.

Ce même 14 février, les Etats-Unis étaient encore sur la sellette au Parlement européen qui a adopté une résolution condamnant le régime obligeant les compagnies aériennes à transmettre le contenu de leurs bases de données sur les voyageurs aux agences étasuniennes. Cette collecte et l’utilisation par les Etats-Unis de données personnelles des citoyens de l’Union européenne est considérée comme une violation de leur vie privée et une tentative de restreindre leur liberté.



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