Discrimination à l’embauche : le BIT démontre

samedi 17 mars 2007
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Inégalité à l’embauche, traitement différencié, autant de réalités observées et chiffrées par le bureau international du travail dans son rapport 2006. A compétence égale, 4 fois sur 5, c’est Marion qui sera choisie plutôt qu’Aminata.

« C’est pas encore une Rachida qui appelle. »

« L’entreprise recherche des â€ËÅ“gens locaux’. »

Ces commentaires sont rapportés par des enquêteurs d’une étude sur la discrimination, publiée le 14 mars, à l’initiative du bureau international du travail (BIT).

Six mois de « testing » et 2 440 candidatures, pour des résultats peu glorieux.

La méthode est simple :

Par binôme de même sexe, un candidat d’origine « hexagonale française » et un candidat d’origine « maghrébine ou noire africaine », tous français, postule à la même offre d’emploi.

Pour réaliser au mieux ce test, le BIT s’est attaché à mettre ensemble deux personnes au profil similaire, qu’il soit vestimentaire, ou scolaire.

Les candidats, âgés de 20 à 25 ans, se sont vus attribuer des patronymes typiques comme « Kader Larbi, Binta Traore, ou Emilie Moulin ».

Six grandes agglomérations ont été mises à l’épreuve : Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris et Strasbourg.

Quant aux emplois ciblés, il s’agissait de secteurs de basse et moyenne qualification, là où la concurrence est la plus directe entre les jeunes.

L’étude emploie le terme de « discrimination » quand un des deux candidats s’est vu traité de façon moins favorable et désavantageuse que l’autre.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

- les candidats français d’« origine étrangère » doivent déposer trois ou quatre fois plus de candidatures pour obtenir le même nombre de réponses positives que les autres.

Et 4 fois sur 5, c’est Marion qui sera choisie plutôt qu’Aminata.

A toutes les étapes du processus d’embauche, prise de contact téléphonique, entretien physique, la discrimination s’immisce.

Bien souvent, la technique de la « mise en attente » sert d’échappatoire.

- Selon le BIT, trois fois sur quatre, l’employeur ne rappelle que le candidat d’origine hexagonale.

Autre technique, le mensonge.

Pour Mme Traore, « le poste est déjà pourvu », alors que Mme Moulin est invitée « à passer déposer son CV ».

Les différences de traitement sont plus fréquentes dans l’hôtelerie-restauration, que dans les autres domaines testés (commerce, bâtiment, service à la personne...).

- Et les personnes originaires d’Afrique subsaharienne pâtissent encore plus de la discrimination que celles originaires du Maghreb.

- Le BIT estime à 51% le taux de discrimination en France, et seulement 11% des employeurs pratiqueraient l’égalité de traitement !

Rappelons aux 89% restant que la loi punit toute discrimination à l’emploi en raison des origines raciales, ethniques, ou nationale de

- Trois ans d’emprisonnement, et de 45 000 euros d’amende.

Article de Camille Robert dans Marianne du 15/03/2007

Transmis par Linsay

Consulter le rapport du BIT (113 pages)



Documents joints

Rapport <span class="caps">BIT</s

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