Le Wolfowitz et la vertu.

jeudi 19 avril 2007
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Encore président de la Banque mondiale en tout début de semaine, le dénommé Paul Wolfowitz, 61 ans, est un garçon à la main heureuse . Et d’abord parce qu’il n’en finit pas d’administrer les preuves de la plus grande humanité.

Ex-universitaire et adjoint de Rumsfeld au Pentagone, il appelle à l’attaque de l’Irak dès le lendemain du 11 septembre :

Parce qu’« il y a entre 10% et 50% de chances que Sadam soit derrière Al-Qaïda ».

Tel que.

Partisan forcené de l’intervention, il balaie d’un revers de main toute remarque sur l’avenir difficile qui attend ce pays menacé de déchirements religieux :

« Nous pensons que des leaders émergeront naturellement de la population. »

Ceux qui ont en effet émergé ne sont pas tout à fait ceux qu’on attendait.

Quelques mois plus tard, sans sourciller, il assure au magazine « Vanity Fair » que toute cette histoire, bidon, d’armes de destruction massive n’a été avancée que pour « des motifs bureaucratiques ».

Si Paulo n’est pas le dernier des cyniques, c’est au moins bien imité.

Promu voilà deux ans, toujours à l’initiative de son protecteur Bush Jr., à la tête de la Banque mondiale, Wolfowitz n’a qu’une formule :

« Quand la pauvreté recule, ce ne sont pas seulement les pauvres qui en bénéficient. Nous en bénéficions tous. »

Exact.

Si « Wolfie », son surnom le plus courant, est aujourd’hui dans le pétrin, c’est que, entre autres avanies, il a sérieusement contribué à l’extinction du paupérisme dans son plus proche entourage.

Sans même, comme le prévoit le réglement de la maison, consulter et informer diverses instances internes, il a fait augmenter de 50% le salaire, net d’impôts, de sa compagne, Shaha Riza,dircom jusqu’à ces temps derniers, du département Moyen-Orient de la Banque.

Ce qui amènera d’ailleurs l’intéressée à gagner plus désormais que sa nouvelle patronne, la secrétaire d’Etat Condi Rice (détachée dans ses services, Shaha Riza est toujours rémunérée par son ancien employeur).

Un bonheur ne vient jamais seul : selon les promesses qui lui ont été faites par Wolfowitz, notre amie, de retour, dans cinq ans, dans les locaux de la Banque mondiale, devrait y connaître une suite de promotions qui l’amèneront jusqu’aux fonctions de vice-présidente (« Le Monde », 15-16/4).

L’école du mérite, ou l’on n’y connait rien.

Précision : si Wolfie a provoqué dans ses murs une telle levée de boucliers, c’est aussi, assurent les détracteurs de l’intérieur, qu’entouré d’une garde de fer il n’a bien souvent fait que relayer dans sa gestion de la Banque les desiderata de Dobeuliou, lequel, pour le coup, n’en finit pas de perdre la main ces temps-ci.

On allait oublier :

Il est au moins un pays qui, à l’inverse de Shaha Riza, ne semble pas prendre la voie de la prospérité, c’est celui qui pendant des années a retenu toute l’attention de notre bienfaiteur.

Directeur de l’inspection générale spéciale (US) de la reconstruction irakienne, Stuart Bowen, de passage à Paris, en a fait quasiment l’aveu au « Figaro »(16/4) :par le fait de la gabegie, de la corruption, de l’inflation des « coûts de sécurité », les 21 milliards de dollars prévus par Washington pour restaurer le pays « ont été dépensés souvent en pure perte ».

Et aucune rallonge n’est aujourd’hui au programme américain.

Gouverner, c’est prévoir...

L’équipe Bush n’a jamais eu d’autre maxime.

Article de P.L dans Le Canard enchaîné du 18/04/2007

Transmis par Linsay.



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