Le Medef s’asseoit sur l’apprentissage gratuit.

mardi 15 mai 2007
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L’INFRACTION à la loi est flagrante et elle concerne plus de 400 000 élèves (16 à 25 ans) inscrits dans les Centres de formation d’apprentis (CFA).
Alors qu’il est théoriquement gratuit, ce genre d’enseignement donne lieu, dans de nombreux centres, et de plus en plus souvent, au versement de « frais d’inscription » parfaitement illicites.

Et, plus fort, ni les élus, ni les ministères (Emploi, Education) concernés, ni l’Inspection du travail ne s’en émeuvent.

Mieux, plusieurs Régions (chargées de la formation), contactées par les syndicats, ont juré - au mépris de l’évidence - que ces pratiques n’avaient pas cours chez elles.

Résultat, quelques apprentis ont créé des sections syndicales dans leur établissement et la CGT vient de porter l’affaire devant la justice.

Gérés par les chambres de commerce ou de métiers, par des groupements d’entreprises privées, par des organisations professionnelles (contrôlées, la plupart du temps, par le Medef ou les syndicats patronaux), les centres de formation invoquent des motifs parfois folkloriques pour justifier leurs exigences : « timbres d’examen », « accès Internet », « aide au développement à l’international », et même « remédiation jeune en difficulté » (sic).

Et ces menus services coûtent bonbon :
166 euros pour un centre du bâtiment dans le Rhône,
300 à 400 euros pour un établissement spécialisé dans la coiffure, à Caen, et même
550 euros pour un centre similaire, à Château-Thierry.

D’autres refusent d’indiquer leurs tarifs ou en garantissent la gratuité, avant de réclamer, par exemple, lors de l’inscription, des « frais pour entretien du vêtement de travail ».

Pour expliquer ce que la CGT appelle aimablement un « racket organisé », les patrons gestionnaires de centres invoquent souvent des difficultés financières et la pingrerie des Régions qui les subventionnent insuffisamment.

« Les apprentis qui ne paient pas les frais ne seront pas réinscrits l’an prochain et le CFA risque de fermer », s’est vu répondre par l’administration un élève du Centre des Mouliniers (Saint-Etienne).

"En réalité, indique un syndicaliste, la comptabilité de ces établissements est difficile à contrôler, car ni les salariés ni les élus régionaux ne sont représentés aux conseils d’administration.

Il faut pourtant trouver une solution : chaque année, des millions d’euros de frais sont perçus illégalement !".

Possible, mais le Medef est si pauvre...

- Article de Jean-François Julliard dans le Canard enchaîné du 09/05/2007

Transmis par Linsay



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