Sa réputation de Panzer Cardinal n’était pas usurpée. Deux ans à peine après avoir enfilé la mitre papale et être entré en possession des clefs de Saint Pierre, Benoît XVI est en train de se mettre à dos la moitié de l’humanité.

Non content d’avoir blessé une majorité de musulmans avec des déclarations plus maladroites que réellement malintentionnées - mais vécues comme telles - suite à son discours de Ratisbonne, en septembre dernier, sur le caractère violent de l’islam, voilà que le Saint-Père en remet une couche à propos des Amérindiens. Lors de son voyage au Brésil, le premier sur les terres très chrétiennes d’Amérique latine depuis son intronisation, le Pape a purement et simplement nié la responsabilité de l’Eglise dans la déstructuration des civilisations précolombiennes. Florilège : « Le Christ était le sauveur auquel ils (les Amérindiens) aspiraient silencieusement », ou encore « L’annonce de Jésus et de son Evangile n’a comporté à aucun moment une aliénation des cultures précolombiennes et n’a pas imposé une culture étrangère »... A vous couper le souffle !

Des déclarations qui ont suscité un véritable tollé aussi bien chez les organisations qui militent pour les doits des indigènes, que chez les historiens, ou au sein même de l’Eglise catholique en Amérique du Sud.

Ainsi la théologienne Cecilia Domevi, membre de la Conférence des évêques d’Amérique latine (Celam), qui a fait part à l’AFP de son « total désaccord », précisant que « l’évangélisation a été une imposition ambiguë, violente, un choc de cultures, qui a causé un préjudice total aux Indiens ». Même son de cloche, voire de tocsin, dans les communautés amérindiennes. Le Bolivien Felipe Quispe, haut dignitaire chez les Indiens Aymaras, a déclaré que « le Pape (était) ignorant de l’histoire » des conquêtes, ajoutant que « la croyance absolue de posséder la seule vérité avait entraîné les conquérants et les prêtres à détruire sans aucun discernement les dieux des peuples américains et à imposer des autels avec la croix et l’image de la sainte vierge ». Idem chez le directeur de l’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC), Evelis Andrade, qui ne peut accepter « que l’Eglise nie sa responsabilité dans l’anéantissement de notre identité et de notre culture », et chez celui de la Fondation nationale de l’Indien (un organisme brésilien chargé des questions indigènes) : pour Aloysio Antonio Castelo Guapindaia « il y a bien eu une imposition de la religion pour dominer les populations locales ».

On est loin de l’image d’un Jean-Paul II qui avait demandé pardon aux peuples amérindiens au nom de l’Eglise, à l’occasion d’une assemblée de la Celam en 1992. Rappelons qu’une des motivations du voyage de Benoît XVI était de reconquérir les âmes égarées dans les différentes Eglises évangéliques - des « sectes » au « prosélytisme agressif » selon lui - qui pullulent au Brésil ; chacun pourra juger de l’efficacité de telles prises de position !

Serait-ce le vent de l’« anti-repentance » lequel, après avoir soufflé sur la France avec la loi de 2005 sur les aspects positifs de la colonisation, court plus au sud, en direction du Vatican. On voit bien là les travers d’une idéologie qui en vient à nier des pans entiers de l’histoire et empêche l’émergence de mémoires communes.

Un certain Bartholomée de Las Casas, prêtre dominicain du XVI^e siècle qui, le premier, avait lutté pour adoucir le sort des Amérindiens, doit se retourner dans sa tombe.

Le 16/05/2007- par Skander Houidi web Marianne

Transmis par Linsay

On laisse à l’auteur son appréciation sur le caractère « maladroit plus que malintentionné » des déclarations papales. Il nous semble nous qu’elles sont dans la droite ligne de la pensée de quelqu’un qui a été un serviteur zélé de Hitler.