Michael Moore accusé de violation de l’embargo contre Cuba...

mardi 22 mai 2007
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Il y a déjà longtemps que l’on sait que le ridicule ne tue pas. Et surtout pas Bush....

Michael Moore le cinéaste américain auteur de documentaires dénonçant tout à tour la gestion Ford (Roger et moi), le travail des enfants (The Big one), le lobby des armes (Bowling for Columbine), les liens de Bush avec Ben Laden sur fond de guerre pétrolière en Irak (Fahrenheit 9/11 ) a accusé, samedi 12 mai, George W. Bush de tentative d’intimidation, à quelques jours de la première au Festival de Cannes de "Sicko", son dernier film, qui éreinte le système de santé américain.

En effet le 2 mai le cinéaste a reçu une lettre du Trésor l’informant de l’ouverture d’une enquête pour une possible violation de l’embargo commercial américain limitant les déplacements vers Cuba. Il dispose de 20 jours ouvrés pour fournir des détails sur son séjour dans l’île et les noms des personnes qui l’y ont accompagné.

Le plus incroyable de cette enquête c’est le motif même de cette pseudo violation. Michael Moore est en effet accusé d’avoir fait soigner à Cuba en mars dernier des secouristes du 11 septembre que le gouvernement US avait laissé tomber !!

Harvey Weinstein, patron de la maison de production "Le moment choisi est stupéfiant. On pourrait croire que nous sommes à l’origine de cela. On dirait un roman !", ajoute-t-il, soulignant la publicité ainsi faite au film.

Michael Moore de son côté souligne que les laboratoires et les groupes de santé privés qu’il dénonce dans "Sicko" ont largement financé la campagne de réélection du président Bush en 2004, et appuient depuis quatre ans les candidats républicains. "Je peux comprendre pourquoi le principal bénéficiaire de ces contributions -le président Bush- voudrait harceler, intimider et potentiellement empêcher ce film d’être vu par un public le plus large possible".

Comme le dit à Cuba l’agence Granma. "Toute ressemblance avec le McCarthysme ne serait pas fortuite" [1]

A Cannes Michael Moore a affirmé que son film était "un appel à l’action" pour que les Américains fassent changer leur système privé de santé et le rendent plus égalitaire.

"Je ne veux pas attendre dix ou vingt ans pour avoir une couverture médicale universelle aux Etats-Unis...Les compagnies privées d’assurance médicale ont pour obligation de maximiser les bénéfices de leurs actionnaires", a-t-il poursuivi. "C’est immoral, ça ne devrait pas arriver dans une société comme la nôtre".
Selon Moore, 50 millions de personnes sont exclues du système de santé parce qu’elles ne peuvent pas payer leur assurance privée.

Dans son film, fidèle à son habitude il montre des exemples choc et poignants, comme celui de cet accidenté dont deux doigts ont été coupés et qui doit choisir lequel on lui recoudra car il n’est pas assuré et ne peut payer pour les deux.

C’est la séquence du film où il montre qu’il emmène des sauveteurs du 11 septembre à Cuba pour se faire soigner qui lui a valu ses ennuis actuels.

« Je risque la prison pour avoir fait ce film, et je ne le prends pas à la légère », a affirmé Moore « Pourquoi s’en sont-ils pris à moi dix jours avant Cannes ? .... Si quelqu’un a une idée des motivations de l’administration Bush contre ce film, vous pouvez me le dire », a-t-il ajouté.

Par ailleurs voilà ce qu’il écrit sur son site

C’en est fini ! Mon nouveau film, Sicko est achevé et sera projeté en première mondiale ce samedi soir au Festival de Cannes. Comme pour Bowling for Columbine et Fahrenheit 9/11, nous sommes fiers d’avoir été choisis par ce prestigieux festival pour y présenter notre travail.

J’avais l’intention de garder Sicko secret et ne le montrer quasiment à personne avant sa première cannoise. C’est ce que j’ai fait et, comme vous avez pu le noter si vous recevez mes rares lettres de diffusion, je suis resté très silencieux à propos de ce que je faisais. Entre autres, parce que je travaillais très dur pour compléter le film. Mais mon silence était aussi dû au fait que je savais que l’industrie de la santé - une industrie qui produit plus de 15 % de notre PIB - n’allait pas aimer la majorité de ce qu’elle verrait dans ce film, et que je pensais qu’il valait mieux ne pas la contrarier plus tôt que nécessaire.

Eh bien, je crois qu’aller tranquillement à Cannes n’était pas au programme. Sous un prétexte étrange, le deux mai, le gouvernement Bush a entamé une action en justice contre moi quant à la manière dont j’aurais obtenu certains éléments qu’ils croient figurer dans le film. Comme aucun d’entre eux n’a vu le film (du moins, je l’espère !), ils ont décidé à l’inverse de Fahrenheit 9/11 de ne pas attendre que le film sorte et soit trop vu pour commencer leur attaque.

Le Secrétaire de Bush au Trésor, Henry Paulson a lancé une enquête sur un voyage que j’ai accompli à Cuba pour tourner des scènes du long-métrage. Ces scènes concernent un groupe de secouristes du onze septembre qui souffrent d’affections contractées lors de leur travail sur Ground Zero. Ils ont reçu peu ou prou d’aides de la part du système de santé du gouvernement. Je ne veux pas révéler ce qui se passe dans le film, car je ne veux pas vous gâcher la surprise (même si je suis sûr que vous en entendrez beaucoup parler après samedi).

De plus, nos avocats m’ont conseillé de ne pas en dire trop pour le moment, comme le film se rend dans un endroit bien plus terrifiant que Cuba. Soyez sûrs d’une chose : aucune loi n’a été enfreinte. Tout ce que j’ai fait, c’est simplement violer cette règle du journalisme contemporain qui dit « ne posez pas de questions à ceux qui sont au pouvoir ou vos privilèges de bouche seront abolis ».

Cette action préventive menée par le gouvernement Bush juste avant la première cannoise de Sicko ont conduit nos avocats à craindre pour la sécurité du film, remarquant que le Secrétaire Paulson pourrait arguer du fait que le contenu du film a été obtenu par une violation de l’embargo que notre nation fait actuellement peser sur Cuba, et les lois de voyage qui interdisent au citoyen moyen de notre pays libre de prendre l’avion pour l’île. (La loi n’interdit à personne de profiter du Premier Amendement et de défendre son droit à un journalisme libre, les documentaires étant des oeuvres protégées de journalisme).


[1Le Mac Carthysme, du nom du sénateur américain Mac Carthy est la chasse aux communistes qui fut organisée dans les années 1950 aux Etats-Unis.



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