La Coudraie, une cité qui résiste tel un village gaulois

mercredi 30 mai 2007
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Depuis trois ans, 129 familles d’un quartier HLM de Poissy luttent pour continuer à vivre dans leur cité promise à la démolition.

A une demi-heure en RER de Paris, le quartier de la Coudraie à Poissy (Yvelines) est une cité populaire comme il en existe des dizaines d’autres autour des grandes villes. Des barres HLM entourées de quelques arbres ; de tristes façades plantées sur de vastes parkings. La Coudraie était l’un des symboles de ces grands ensembles construits pendant les trente glorieuses, elle est aujourd’hui celui du plan de rénovation urbaine lancé par Jean-Louis Borloo.

Voilà trois ans, le maire (UMP) de Poissy, Jacques Masdeu-Arus a annoncé la démolition de ces 608 logements sociaux. Depuis, les familles plient bagages, les commerces baissent rideaux et la cité se dépeuple. Presque. 129 familles font de la résistance, décidées à rester coûte que coûte dans ce quartier. Dernier épisode de cette désertification annoncée : la fermeture à la rentrée de l’école. Dimanche, épaulés par des associations d’aides au logement, les habitants ont dénoncé, lors d’un rassemblement, cet abandon synonyme pour eux « d’épuration sociale ». Soutenues par le Dal, neuf familles de mal-logées se sont greffées à la contestation en campant dans la cité. [1]

« Dépenser 1.80 euros pour une baguette à 70 centimes »

« Tout est fait pour nous décider à partir », raconte à LCI.fr Mohamed Ragoubi, le porte-parole du collectif des habitants de la Coudraie. Selon lui, les familles ayant des dettes de loyer sont expulsées, le relogement proposé par la mairie se fait dans d’autres quartiers voués à la démolition... « Et avec la fermeture de l’école, où vont aller les 63 enfants ? », s’interroge celui qui compare ce combat à la résistance d’un village gaulois. « Ce sont les habitants de la Coudraie qui ont fait la richesse de Poissy, beaucoup travaillant notamment dans les usines Simca, aujourd’hui Peugeot, explique Mohamed Ragoubi. Ici, il n’y a plus rien, plus un commerce. Pour aller s’acheter une baguette de pain à 70 centimes, il faut dépenser un ticket de bus à 1,80 euros ! ».

Selon le collectif, la mairie propose aux familles récalcitrantes des relogements dans des quartiers « encore plus dégradés » où le loyer serait plus cher. « Effectivement un couple arrivé à la Coudraie dans les années 70 qui s’était vu octroyer un F5 parce qu’il avait des enfants, ne se verra pas relogé forcément dans les mêmes conditions n’ayant plus d’enfants à charge, reconnaît Laurence Buors, chargée de questions sur la politique de la ville. Tous les locataires sont partis volontairement. Certains ont parfois accepté de partir au bout de la huitième proposition là où les critères de 2001 imposent la fin du bail après trois refus de proposition. Et puis le loyer plus cher peut être compensée par des aides plus avantageuses. »

Deux sons de cloche

La ville ne comprend pas cette résistance des habitants. En 2001, le taux de vacances de la cité de La Coudraie était d’environ 30%. « Le bailleur France habitation, était même allé jusqu’à devoir mettre ses appartements en location dans les agence immobilières parce qu’il ne trouvait pas preneurs ! », se souvient Laurence Buors. Quand le collectif rend hommage à l’âme du quartier où se mélange solidarité et convivialité, la mairie de Poissy évoque l’économie parallèle, les exactions fréquentes, la crainte de certains habitants de témoigner et le refus du collectif de s’asseoir autour de la table pour discuter. « Le dernier médecin qui était pourtant très attaché à ce travail de proximité dans un quartier sensible a finalement dû mettre la clef sous la porte. C’était en 2003. Sa femme avait été menacée, son cabinet cambriolé », raconte Laurence Buors.

La suite ? Le plan de rénovation de la Coudraie prévoit la construction d’un hôpital. « Et le maire s’engage à reconstruire le même nombre de logements sociaux sur la commune, qui compte déjà 38% d’HLM », précise la mairie. Le permis de démolir la cité a été validé l’an dernier. Il est valable cinq ans.

Neuf familles de sans-logis réclament des réquisitions

Article d’Amélie GAUTIER - le 29/05/2007 - dans le Monde diplomatique (web)

Transmis par Linsay


[1Une trentaine de sans-logis campent depuis dimanche sur une aire de jeux de la Coudraie pour réclamer la réquisition de logements inoccupés. « 500 logements sociaux vacants, confortables et à faible loyer doivent être rasés, alors que Poissy compte 1.300 demandeurs de logements insatisfaites, que des sans logis meurent de froid chaque année, que les bidonvilles renaissent », écrit le Dal dans un communiqué. Selon la préfecture, le bailleur France Habitation a saisi lundi le juge des référés du tribunal de grande instance de Versailles en vue d’une expulsion des familles.



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