Pour Ibrahima Sylla : Vérité, justice !

lundi 4 juin 2007
par  Charles Hoareau
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C’est ce seul slogan qu’inlassablement scandent les manifestants répondant ainsi au porteur de micro, Kele. A l’appel du comité de soutien [1] ils descendent La Canebière ce samedi 2 juin 2007 en un cortège grave et digne.

Au premier rang sa femme en blanc et jaune

Cela fait maintenant deux mois qu’Ibrahima 28 ans, paisible étudiant guinéen, a été retrouvé mort et l’enquête semble ne pas avoir avancé d’un pouce. Tout ce que l’on sait c’est qu’il rentrait de son travail aux alentours de 00h30 lorsqu’il a été cruellement battu à mort. Son ou ses agresseurs lui ont porté trente et un coups de couteau, l’ont aspergé d’essence et brûlé sans doute pour faire disparaître toute trace.

Ibrahima était arrivé en France en octobre 2005. Il laisse derrière lui une femme, aujourd’hui enceinte de six mois, qui a enfin pu obtenir un visa lui permettant de venir ici pour le rapatriement du corps qui aura lieu le lendemain de cette manif dernier hommage à un jeune unanimement apprécié par celles et ceux qui l’ont connu.

Kele dira au micro comment ses proches peuvent témoigner du fait qu’il travaillait dur. Dur pour ses études de mathématiques, dur pour payer celles-ci et pour envoyer de l’argent à sa famille au pays. Malgré tout il trouvera du temps pour aider d’autres étudiants qui avaient du mal à suivre ou que des circonstances diverses avaient mis en difficultés scolaires. Une gentillesse reconnue de tous qui rend encore ce crime plus révoltant.

Ce qui ne laisse pas d’interroger ses amis et sa famille c’est le peu d’écho de cette affaire dans la presse jusqu’à ce jour [2] et le peu de soutien et de prise en compte par les élus. Si comparaison n’est pas raison il ne peut manquer de venir à l’esprit de chacun des manifestants d’autres exemples de crimes horribles ou d’actes barbares qui ont connu récemment un autre traitement et des condamnations publiques fermes et justifiées de la part de celles et ceux qui ont des responsabilités.

Nous ne voulons que la justice...

Le père d’Ibrahima présent enfin lui aussi [3] dira à la presse avant la manif : « Nous ne voulons pas de vengeance. Nous voulons simplement connaître la vérité et que justice soit faite, parce que ce qui est arrivé à mon fils demain peut arriver à n’importe lequel d’entre nous. »

Vérité, justice : que demander de plus ? Que demander de mieux ?

Par moments les slogans faiblissent et la marche se fait silencieuse. Alors Kele dit en quelques mots à la population rencontrée les raisons de cette marche. Sur les trottoirs les gens sont abasourdis, une femme découvrant l’affaire, ne peut retenir ses larmes et toutes et tous de se perdre en conjectures sur les causes réelles du drame. Acte crapuleux ? Crime raciste ? On veut savoir...

Arrivée sur le Vieux Port la manif se transforme en rassemblement où Kele prend la parole. Quelques mots graves pour rappeler qui était Ibrahima et les raisons de cette marche. « Comme le dit le père d’Ibrahima tout l’or du monde ne lui rendra pas son fils. On ne veut que la vérité...Il y a 3 ans c’est Karim, un autre jeune qui a été assassiné....Marseille est une ville d’accueil depuis des millénaires, nous ne voulons pas y connaître la peur comme ces étudiants africains qui parlent de repartir... »

Kele prend la parole avant la minute de silence

Quand il remercie les soutiens [4] sa voix s’étrangle, mélange de douleur et de colère contenue. Puis deux minutes de silence sont observées par une assemblée émue et déterminée.

Pour Ibrahima nous continuerons à exiger Vérité, justice !


[1collectifjusticeetpaixsyllahibrah@yahoo.fr

[2La presse locale était présente à cette manifestation qui aura contribué à un peu plus lézarder le mur du silence

[3Comme la femme d’Ibrahima il n’avait pu obtenir de visa avant et participer à une précédente initiative du comité de soutien

[4LDH, Résister, Collectif 13 des droits des femmes...



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