SNCM interview Jean Paul Israël

lundi 20 décembre 2004
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Un article de fin 2004 qui est en plein dans l’actualité

Interview de Jean Paul ISRAEL
secrétaire général du syndicat CGT de la SNCM :

Cet automne le STC a lancé une grève à la SNCM : pourquoi la CGT ne s’est pas jointe au mouvement ?
Il y avait quelques revendications auxquelles on aurait pu adhérer mais elles masquaient (mal) des revendications nationalistes. Nous ne nous sommes pas laissés piéger par une intersyndicale. Suite à l’accord STC/SNCM on n’a pas fait acte d’opposition pour ne pas priver les salariés des acquis obtenus. Mais on a mené l’action pour renverser la vapeur, pour qu’il n’y ait pas d’embauche discriminatoire ou au copinage mais au contraire sur la base de l’ancienneté et de l’annuaire officiel des mouvements du personnel. Nous avons fait en sorte que la DRH en Corse n’ait pas les pleins pouvoirs.

Dans ce conflit et à l’occasion de l’accord SNCM/STC il a été mis en avant les notions de résidents Corses et non corses : qu’en penses tu et qu’en est-il ?
En fait le STC avançait masqué et sous prétexte qu’il fallait que l’activité profite à la région Corse il a tenté d’obtenir un rééquilibrage des embauches sur la base de la « corsisation » des contrats. La CGT, ni à la SNCM, ni ailleurs n’a jamais pris en compte ces considérations. Nous avons toujours revendiqué le droit au travail pour tous et toutes sans distinctions de l’origine des demandeurs d’emploi. A la SNCM, de façon naturelle et géographique la majorité des salariés est issue des départements des Bouches du Rhône et de Corse. Il y a aussi nombre de salariés originaires d’Afrique noire : nous devrions demander la limitation de leur nombre voire leur licenciement sous prétexte de rééquilibrage ? De même quand le STC demande le transfert de la centrale d’achat d’Aubagne en Corse ce n’est ni plus ni moins qu’une demande de délocalisation franco-française mettant en concurrence les salariés entre eux. Nous, nous sommes partis d’une réalité qui est celle d’une activité en dents de scie et nous avons regardé ce que nous pouvions gagner en droit. Ainsi on a fait requalifier 167 contrats de travail. Il en reste 700 pour lesquels nous n’y sommes pas encore arrivés.
On a une pratique d’octroi des CDD par ancienneté, le STC a voulu casser cela, nous on l’a officialisé ! On maîtrise puisqu’on siège dans les commissions d’avancement.
Si on avait écouté le STC il y aurait 300 personnes sur le carreau

A ton avis pourquoi la direction a signé avec un syndicat minoritaire lors d’un conflit lui aussi très minoritaire ?
C’est une volonté politique. Elle ne considère pas le transport comme un outil de développement mais comme un moyen d’enrichir des compagnies privées qui vivent de l â€ËÅ“assistanat. Sur cette question il y a une vraie carence des politiques. On a fait de la poudre aux yeux avec la création d’une zone franche qui coûte fort cher et a créé zéro emploi.
Soit on veut une compagnie régionale et on crée au maximum, 450 emplois, soit on vise au développement de la compagnie nationale. Aujourd’hui, celle-ci emploie 2400 salariés dont 816 résident en Corse. La SNCM est financée par l’Etat et non pas par une région seule. Dans ce domaine la Nation est garante d’équité et d’égalité de traitement de la part d’une entreprise de service public et ce dans la transparence d’utilisation des deniers publics.
A l’inverse Corsica Ferries [entreprise privée NDLR ] qui était déjà sur les rangs en 96 alors que la mise en Å“uvre de l’ouverture au privé date de 99, a des comptes opaques tout en bénéficiant de subventions.
Il y a de plus un illogisme à payer une compagnie concurrente qui veut la mort de la SNCM. C’est sur toutes ces questions que nous avons demandé la tenue d’une table ronde.

Quelle a été l’attitude du gouvernement ?
Si on s’en tient à son discours général en particulier sur le droit de grève et sur les grèves minoritaires, face à une grève démarrée sans préavis, elle est incompréhensible....

Tu parles de la Nation mais l’Europe sociale alors ?
L’Europe sociale je ne l’ai pas vue ni d’ailleurs je ne vois pas ce que pourra changer...fondamentalement( !) la charte des droits fondamentaux. Comment vont-ils faire sur la continuité territoriale ? [NDLR : dispositif garantissant l’égalité des prix sur le territoire quelque soit le mode de transport utilisé. C’est ce qui permet aujourd’hui une égalité des prix entre Corse et continent du bateau par rapport au train]
En fait il faut revenir sur la loi Joxe.
Au nom de cette loi on donne une enveloppe à la région Corse et la région PACA n’a pas de droit de regard.
Elle organise une décentralisation qui casse le service public des transports.
L’ Union Européenne a permis une recapitalisation à des conditions qui tuent l’entreprise nationale et sont voulues par le grand patronat qui voie dans l’activité transports uniquement une source de profit.




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