Le camion des vacances

mercredi 2 novembre 2005
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Expulsée d’un appartement qu’elle squattait à Plan d’Aou, la famille Meguenni-Tani se retrouve dans le camion aménagé pour les vacances. Et ne squatte plus désormais que le trottoir devant la Logirem.
" UNE famille de trois enfants à la rue ", " Aidez cette famille ! " : des morceaux de carton marqués à l’encre noir sont accrochés sur le rideau de fer la Logirem. Devant les bureaux du siège de ce bailleur social, boulevard National, un camion blanc stationne. A l’intérieur vit la famille Meghenni-Tani : les parents et trois enfants de 6 à 11 ans. Le jeudi 20 octobre, ils se sont fait expulser du logement qu’ils squattaient dans le bâtiment B3 les Corvettes dans la cité Plan d’Aou.

La descente aux enfers remonte à 2003. Les Meghenni-Tani doivent quitter le logement privé qu’ils occupent à la Granière, mis en vente après le décès du propriétaire. Après avoir été un temps hébergée chez des proches, la famille se réfugie dans le camion qu’elle a aménagé pour passer les vacances. Jusqu’en février 2004 où elle décide d’ouvrir la porte d’un appartement fermé dans la cité de Plan d’Aou où la mère, Radhila, a passé son enfance. En avril 2005, c’est la première expulsion qui provoque un retour au camion. Le 10 juin dernier, soutenus par le Comité Chômeurs CGT, les Meghenni-Tani retournent squatter l’appartement des Corvettes jusqu’au 20 octobre, date à laquelle ils sont, à nouveau, expulsés. A nouveau contraints au camion, ils squattent depuis le trottoir devant la Logirem. " Et nous ne partirons pas sans avoir trouvé une solution avec la Logirem " insiste Charles Hoareau, leader du Comité Chômeurs CGT.

La cité Plan d’Aou fait l’objet d’une opération de démolition-reconstruction. D’où la présence de nombreux logements vides et murés. " Nous avons mis en Å“uvre la procédure habituelle en cas de squat pour procéder à l’expulsion, car c’est par la voie légale que l’on obtient un appartement " confirme Martine Dallest de la Logirem. " Il faut savoir que nous gérons un parc de 20.000 logements sur la région Provence Alpes Côte d’Azur et la Corse. Notre liste d’attente est de 15.000 logements alors qu’à peine un millier se libère chaque année. Ils sont attribués dans des commissions où le critère d’ancienneté est prépondérant " poursuit la représentante du bailleur qui a d’ailleurs reçu la famille Meghenni-Tani l’après-midi de l’expulsion.

Pour la Logirem, la première demande de cette famille remonte à 2004. Ce que nie Radhila qui se rappelle avoir déposé un dossier en 1996 : " notre appartement de la Granière étant trop petit et humide, mon fils faisant de l’asthme, j’avais fait des demandes auprès de la Logirem mais aussi HMP ; l’OPAC, Marseille Habitat... "
" Une erreur informatique étant toujours possible, il est évident que si Mme Meghenni-Tani retrouve un de nos courriers attestant de cette demande de 1996, elle deviendra prioritaire pour obtenir un logement " commente alors Martine Dallest. La priorité peut cependant aussi être motivée par une situation d’urgence. Ce qui est le cas quand une famille de trois enfants se retrouve à la rue. Le préfet dispose alors d’un contingent lui permettant de loger ces familles en priorité. " Nous avons alerté le préfet sur cette situation " a ainsi souligné Laurence du Comité Chômeurs. En attendant, une famille est toujours sur le trottoir.


Epilogue : suite à une semaine d’actions variées et grâce en particulier au soutien de la cité mais aussi des passants qui par milliers ont signé une pétition, la famille s’est vue attribuer un appartement...enfin



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