Une semaine après le début des incendies

vendredi 31 août 2007
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Je me trouve en Crète. Cette île, a été relativement épargnée pour cette année, du ravage des incendies. J’ai suivi les événements dès le début des catastrophes, jeudi dernier, (il y a juste une semaine). Je les suis par la radio, la télévision, les discussions au village et quelques fois les journaux, rares dans ce village de haute montagne.

La panique s’est installée dès samedi matin. Les incendies hors contrôle. Déjà 38 morts en ce moment. Les plus belles régions du Péloponnèse touchées. Un vent très fort dans tout le pays. Des rumeurs pour des incendies dans plusieurs quartiers près d’Athènes, mais aussi des nouveaux fronts dans l’ouest du pays, dans le nord, dans les îles. La Grèce brûle !

Des fronts de 80 kilomètres. Des foyers nouveaux dans tous les azimuts.

Le sentiment est terrible en ce moment. Une tristesse profonde et une colère qui cherche le coupable. Le crime organisé est le premier venu à l’esprit.
Mais QUI veut du mal au pays ? Et à ce point...
Quelle est la cause de cette folie ?
Je n’aurai pas de réponse dans cet article. Juste une petite description et estimation de la situation que je vois en Grèce actuellement, où l’on se trouve à une période préélectorale.

On a tout entendu. Que c’est la faute aux élections législatives, annoncées quelques jours avant le début des incendies. Date annoncée pour les élections : le 16 septembre.

On parle aussi du terrorisme, de la haine des pays voisins qui veulent récupérer le tourisme. Des moyens ( en équipement et en personnel ) qui n’ont pas été suffisants ou même tout simplement qui n’existent pas. Du vent qui n’a pas cessé de souffler (il y en a qui verraient bien le destin frapper impitoyablement). Les poteaux de haute tension ont été accusés, aussi bien que les bergers qui foutent le feu pour nettoyer les champs de pâturage. Aussi ceux qui veulent s’approprier des terres forestières à des fins de spéculation immobilière, (un fléau qui a dévalisé les montagnes aux alentours d’Athènes par exemple).

Et les informations arrivent, l’une derrière l’autre. Les gens se mobilisent. Ils cherchent à éteindre le feu seuls, avec des tuyaux et des seaux. Les premiers reportages à la télé, étaient cauchemardesques. Des gens qui courent paniqués devant les caméras, ils crient, ils ne savent pas par où s’échapper. Où sont les camions de pompiers ? Où sont les équipes de la police ou de l’armée pour gérer la panique et orienter les gens ?
Avant de se mettre à bouger et à répondre aux appels d’aide, les incendies ont pris des dimensions incontrôlables.

J’écoute la radio samedi matin. Un préfet parle, la voix tremblante, épuisé, dégoûté. « Ils nous ont laissé tous seuls. Je demandais de l’aide. Les pompiers nous disaient que leur équipe était ailleurs. On ne savait pas par quelle route évacuer les gens. Personne ne pouvait nous fournir un renseignement. »
Dans le site Olympique à l’ancienne Olympie, les 10 employés sur place ont utilisé tous les moyens pour faire barrage au feu, et sauver les installations de l’Académie. Ils appelaient les pompiers, en vain. Tous seuls ils ont sauvé tout ce qu’ils ont pu. Ce n’était pas leur vocation, ils sont restés là à se battre seuls, des vrais gardiens de temple.

Samedi, l’ampleur de la catastrophe est sans précédant. Des déclarations à la presse, des réunions, et la demande de l’aide internationale. Le nombre de victimes s’alourdit, d’heure en heure. Et le coupable n’est pas encore défini. Ils ont arrêté quelque part un type,
sur une mobylette, un bulgare qui tournait dans un bois. Il leur a dit qu’il éteint des feux et juste derrière lui, ils ont vu qu’un incendie se déclancher. Ils l’ont emmené au poste de police. Ailleurs, ils ont trouvé un lièvre calciné, sur sa queue on avait attaché une torche. Ainsi en courant, il propageait le feu. Cette information je l’ai entendue à la radio, une seule fois. Tout le monde, de tous les côtés de la Grèce apportait ses témoignages, vrais et faux. Chacun son enquête, chacun sa théorie.

Le gouvernement de droite a laissé entendre la menace terroriste, ils attendent peut-être encore la revendication : ça leur sauverait drôlement la face et cacherait les carences du pays quant à l’absence inquiétante des autorités locales et d’un réel service de protection civile. L’opposition PASOK (mouvement socialiste), a trouvé l’occasion d’accuser le manque de moyens ( manque qui se manifestait déjà pendant les années où c’était eux qui détenaient le pouvoir), et l’absence de sérieux par un gouvernement qui cherche à semer dans le pays la peur et l’insécurité.

Je signale au passage toute cette polémique bipolaire des deux grands partis, qui trouvent depuis des décennies l’occasion de s’attraper sur des événements tragiques qui frappent le pays, pour faire leurs grands éloges préélectoraux et masquer ainsi leur insuffisance idéologique et leur dépendance vis à vis du même chef : le profit.

Gardez le dernier arbre pour vous pendre...

Les deux partis de la gauche le KKE (parti communiste) et le SYRIZA (coalition de gauche), refusent de participer au prochain gouvernement et de rentrer dans le jeu du vote « utile » qui a conduit la Grèce dans une alternance du pareil au même, depuis 1974.

Les forêts du Péloponnèse brûlent encore aujourd’hui et à des endroits le feu reste incontrôlable. Les annonces d’aide immédiate aux victimes, sans « formalités particulières » ont fait des queues interminables devant les banques. Et là une nouvelle inquiétude s’installe. Quelle sera l’aide qui arrivera aux réelles victimes de cette catastrophe ? Qui veillera à la juste distribution de subventions et à l’estimation de dégâts ? A quelle somme on estimera les vies perdues aux flammes ?

Le gouvernement annonçait les mesures d’aide, d’une voie solennelle pendant une demi-heure, avant hier. Parmi ces mesures, ils détacheraient 6000 chômeurs, pour aller planter des arbres dans les forêts brûlées...
Sans commentaire.

( Texte écrit par Eleni le jeudi 30 août 2007.)


La photo et sa légende sont tirées du site www.20minutes.fr



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