Les brèves de septembre octobre 2005

jeudi 13 octobre 2005
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LA NORVEGE DONNE L’EXEMPLE

Il y a quelques semaines, le gouvernement norvégien a décidé, pour des motifs éthiques, de retirer ses fonds de huit groupes d’armement (dont le groupe français Thalès) pour ne plus contribuer à la fabrication d’armes particulièrement meurtrières.

Le gouvernement norvégien a également soumis au « Conseil sur l’éthique » la question de sa participation (même faible) au capital de la compagnie pétrolière TOTAL « au regard de ses activités en Birmanie » dirigée par une junte militaire qui continue de maintenir en résidence surveillée Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, et d’interdire les libertés fondamentales.

Pour protester contre l’occupation illégale du Sahara Occidental par le Maroc et l’exploitation, tout aussi illégale, de ses ressources naturelles (phosphate, pétrole, pêche), le gouvernement norvégien a retiré tous ses avoirs d’une compagnie pétrolière qui a signé un contrat avec les autorités marocaines pour la prospection du pétrole sur le territoire du Sahara Occidental. Il a également décidé de mettre un terme à tout achat de phosphates provenant du Sahara Occidental.

Un bel exemple à suivre et un point d’appui pour les associations qui mènent des actions, pouvant aller jusqu’au boycott, des compagnies qui exploitent sans vergogne les ressources de pays, souvent pauvres, avec de graves conséquences pour les populations et l’environnement, au seul bénéfice de dirigeants corrompus

CANADA : MOBILISATION CONTRE LES TRIBUNAUX RELIGIEUX

En 1991, a été promulguée au Canada une loi dite « de l’arbitrage » pour autoriser les règlements à l’amiable (donc extrajudiciaires) de litiges au droit familial et successoral en fonction de croyances religieuses et même de pratiques sectaires. Appliquée dans la province de l’Ontario, cette loi a permis la création d’un « Institut islamique de justice civile » chargé d’arbitrer les litiges familiaux relatifs aux droits des femmes et aux droits successoraux au sein de la communauté musulmane. Dès lors qu’un « arbitrage religieux » serait rendu pour trancher un litige, la décision serait finale et lierait les parties qui s’adresseraient au tribunal canadien pour la faire exécuter.

Cette « sharia law » permettrait donc aux Canadiens musulmans de sortir du système judiciaire civil et de régler leur différends familiaux, par exemple un divorce, par un imam. Il n’était pas étonnant dans ces conditions que « l’Institut islamique de justice sociale » proclame que « tous les bons musulmans ont l’obligation de ne s’adresser qu’à cette instance ».

Des associations de femmes canadiennes de confession musulmane, soutenues par des organisations laïques, se sont opposées vigoureusement à l’application de cette loi sous le mot d’ordre « Non à la charia au Canada. Abolition des tribunaux religieux en Ontario. Pas d’immixtion des instances religieuses dans le système judiciaire ». Leur mobilisation a été relayée dans le monde entier, notamment en France, par des manifestations et des délégations à l’Ambassade du Canada.

Cette mobilisation internationale a abouti à une victoire puisque le premier ministre de l’Ontario a décidé d’abolir les tribunaux religieux : « Il n’y aura plus de « sharia law », plus d’arbitrages religieux. La loi sera la même pour tous ». Des responsables de toutes les religions essaient encore de faire revenir le premier ministre sur sa décision.

Cette victoire des associations féministes et laïques constitue un encouragement à poursuivre l’action contre les fondamentalistes religieux qui veulent, sous prétexte de « relativisme culturel », imposer leurs règles en-dehors des lois et pour l’égalité des droits de tous les citoyens, notamment des femmes. Comme l’affirme le prix Nobel Taslima Nasreen : « Nous avons besoin de la laïcité, nous avons besoins des Lumières ».

JP Le Marec



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