Mac Do, la maffia, les ripoux et le droit du travail…

jeudi 4 octobre 2007
par  Charles Hoareau
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Drôle de titre me direz vous qui associe 4 termes qui n’ont à priori rien à voir entre eux…Est-ce bien sûr ?

Nous avions parlé à plusieurs reprises dans ces colonnes de Mac Do et en particulier du conflit de Marseille Blancarde qui avait secoué la torpeur estivale marseillaise en 2006. Au bout d’un mois de grève les salariés avaient gagné sur l’essentiel de leurs revendications et avaient repris le travail.

L’affaire aurait pu en rester là.
C’était sans compter sur l’esprit de revanche de Mac Do Marseille dont l’essentiel des enseignes est tenu par un franchisé aux pratiques pour le moins curieuses.

Menaces, chantage, harcèlement, dans les semaines qui suivent la grève, la panoplie de la répression anti grévistes se met en place. Dans une entreprise où les salariés sont le plus souvent à temps partiel et font ce travail sous payé soit pour payer leurs études, soit dans l’attente de trouver mieux ailleurs, la méthode produit son effet. Les départs « volontaires » ou les licenciements « amiables » se succèdent.

Quand cela ne suffit pas, en particulier auprès des élus CGT, on a recours aux grands moyens.

En février dernier une vingtaine d’individus appartenant selon toute vraisemblance au milieu marseillais font irruption au Mac Do Blancarde, débranchent les caméras de sécurité, molestent plusieurs employés et menacent de mort à haute et intelligible voix et devant témoins plusieurs délégués CGT. La direction présente ne lève pas le petit doigt…ni ne porte plainte. Prévenue par les salariés, une voiture de policiers civils se rend sur place. Ceux-ci font un rapport – les agresseurs ayant pris la fuite - dont les salariés n’ont pu à ce jour recevoir une copie.

Une semaine plus tard, six salariés (tous élus CGT) sont convoqués à la brigade du grand banditisme. Confiants ils se disent que malgré l’inertie du patron (qui pourtant de par la loi est responsable de la protection des salariés) la police n’a pas traîné et que les responsables de l’agression de la semaine précédente vont être poursuivis.
Patatras !

Leur convocation n’a rien à voir avec l’agression dont ils ont été victimes mais résulte d’une plainte de leur direction…contre eux !
On leur reproche des détournements de fonds (des steaks hachés !), d’avoir jeté des produits non périmés (ce qui représente sans doute un abus de bien social !!) et d’autres faits qui tous ont ceci en commun : s’être déroulés pendant le mois de grève à La Blancarde… Après une journée de garde à vue et une perquisition à leur domicile ils sont relâchés le soir même. Les policiers, dont certains se demandent à haute voix pourquoi on les a convoqués et disent qu’ils n’ont rien à faire là, leur déclarent que rien ne sera retenu contre eux. Effectivement l’affaire sera plus tard classée sans suite…et pas un mot sur l’agression.

Il faut savoir que, comme c’est le cas habituellement, à la fin du conflit, il avait été signé un protocole d’accord qui prévoyait qu’il n’y aurait pas de poursuites ni de sanctions contre les grévistes. Alors pourquoi cette violation du protocole d’accord par la direction avec des motifs aussi grotesques ? Et surtout comment celle-ci a-t-elle pu obtenir une convocation des délégués par la brigade criminelle ?

Sans aucun rapport avec ce qui précède, nous apprenons que la direction de Mac Do Marseille a embauché, peu avant les faits, un nouveau responsable sécurité, un certain M. NAVARRO qui, sans doute adepte du travailler plus pour gagner plus arrondit ainsi ses fins de mois de retraité de… la police, dans laquelle il était – et on vous assure que c’est un pur hasard - … chef du service de police criminelle qui a convoqué les 6 délégués CGT !

Rien ne sera retenu contre les délégués au pénal, pour autant c’est s’appuyant sur cette procédure que la direction va demander le licenciement de deux salariés protégés, un délégué du personnel et le représentant CGT au CE.

Et contre toute attente l’inspecteur du travail autorise les licenciements en s’appuyant pour partie sur une procédure classée sans suite. !!!

Bien sûr les délégués font appel de la décision, ce qui vaut à l’un d’entre eux de nouvelles menaces de personnes connues dans le milieu du grand banditisme marseillais.

Evidemment la CGT est bien décidée à ne pas laisser faire. Sur tous les magasins elle entame une campagne de diffusion de tracts appelant les salariés à ne pas accepter la loi de la terreur, à lutter pour leurs revendications et à surmonter la peur bien compréhensible qui s’est installée chez certains.

Et là encore nouvelles surprises…
A Marseille St Ferréol une escouade de policiers tente d’empêcher la distribution de tracts au prétexte de…il n’y a pas de prétexte !!! Comme le fait remarquer l’un des dangereux terroristes CGT présents, si chaque fois qu’on distribue des tracts ils nous envoient une escouade il va falloir qu’ils embauchent !!

A Vitrolles la distribution intervient dans une période où les salariés en ont particulièrement assez : brimades, insultes, licenciement abusif d’un salarié…Immédiatement la grève démarre…et avec elles les pratiques macdo-marseillaises.

Des individus tentent d’intimider les grévistes, une voiture fonce sur le piquet de grève, un salarié est agressé et se retrouve à l’hôpital avec une double fracture du nez, une compagnie de CRS est dépêchée pour inspecter le piquet de grève d’une 15aine de femmes dont la plus « vieille » n’a pas 30 ans et pour couronner le tout, Majid, le délégué syndical départemental est une nouvelle fois menacé !!!

Et quelle est selon vous la suite logique de cette grève de Vitrolles qui s’est terminée depuis avec un éclatant succès sur toutes les revendications des salariés et le paiement des jours de grève ?

Majid est à nouveau convoqué dans un commissariat, celui d’Aubagne pour changer un peu…et ce n’est certainement pas pour l’aider à déposer plainte pour les menaces qu’il a reçues…

Sauf que ce coup-ci la CGT qui entre-temps a écrit à la préfecture pour demander en substance si le ministère du travail avait fusionné avec celui de l’Intérieur a prévu de ne pas laisser Majid se rendre seul à la convocation.

Un rassemblement est donc prévu vendredi 5 octobre à 9h devant le commissariat d’Aubagne.

De même, Kader et Najib, les deux délégués licenciés étant convoqués respectivement les 10 et 18 octobre (tiens, tiens, bonne date !) à la direction du travail pour leur recours : pas question de les laisser seuls !

Il va bien falloir que dans ce département la direction de l’entreprise, franchisée ou pas, reconnaisse le droit du travail et cesse de vouloir servir à ses salariés des Big Mac Mafia.


En médaillon le piquet de grève à Mac Do Vitrolles



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vendredi 5 octobre 2007 à 20h06 - par  martine

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