Charleville-Mézières Tribunal bloqué : les chaînes sautent, la paralysie demeure

jeudi 22 novembre 2007
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La police est intervenue le 15 novembre au matin pour débloquer le tribunal de grande instance de Charleville-Mézières. Les avocats qui militent toujours en faveur du maintien de l’instruction dans les Ardennes avaient mis des chaînes aux portes pour empêcher toute activité au palais. Ils ont reçu le soutien de magistrats.

« AUJOURDHUI, quatrième jour de grève totale et d’occupation du tribunal de grande instance ». La voix du bâtonnier Dupuis emplit la salle des pas perdus. Les cinquante avocats du barreau des Ardennes se regroupent autour de lui.

« Les forces de l’ordre viennent de briser les chaînes aux portes du palais. Les magistrats qui voulaient accéder au tribunal ont fait demi-tour et ceux qui étaient rentrés avant le blocage sont repartis ». Pas un bruit. Le bâtonnier a toute l’attention de ses confrères. Il poursuit la lecture des brèves des Ardennes qu’il s’apprête à faxer à l’ensemble des barreaux de France : « Aucune nouvelle de la chancellerie. La météo est bonne. Mme Dati n’a toujours pas compris notre détermination à sauver notre justice ». Salve d’applaudissements.
La matinée a été mouvementée au tribunal de grande instance de Charleville hier. Militant toujours pour la sauvegarde de l’instruction dans les Ardennes, à 8 heures, les avocats ont remis les chaînes aux portes du palais de justice.

Les juges repartent

C’est la deuxième fois en quatre jours qu’ils provoquent la paralysie totale du TGI. « La chancellerie fait la sourde oreille, on ressort les grands moyens », lance une avocate. Elle gare sa voiture devant les grilles pour bloquer l’accès côté parking.
Une heure après, les forces de l’ordre interviennent à la demande du procureur de la République. Les chaînes sont cisaillées, les voitures déplacées. L’accès au tribunal est libéré. Physiquement en tout cas… Car les magistrats refusent d’intégrer leurs bureaux. « Je ne cautionne pas. Je ne rentre pas au palais dans de telles conditions », indique une juge, qui tourne les talons. Depuis le début du conflit, les magistrats se retranchent derrière leur devoir de réserve mais la plupart est solidaire du mouvement des avocats. « C’est pour l’avenir du tribunal qu’ils se battent. Ca nous concerne tous ».

"Cher confrère"

Par geste de soutien, les juges d’instruction quittent le palais également. Quelles que soient les remarques que cet acte leur vaudra par la suite. Ces juges sont indépendants.
Les forces de l’ordre sont toujours là. Les avocats restent dignes. A défaut de chaînes, ils continuent à paralyser le tribunal, depuis l’intérieur. Ils se relayent à la porte et renvoient les justiciables qui se présentent. Une lettre à Nicolas Sarkozy est faxée toutes les demies heures à l’Elysée. Elle est adressée à Monsieur le président et cher confrère et lui demande un entretien. Reste un hic. Deux audiences doivent se tenir : un homme hospitalisé d’office demande à être libéré et le juge des détentions et de la liberté doit décider du sort d’un homme mis en examen. Le bâtonnier reprend la parole : « Nous suspendrons la grève le temps de ces audiences mais je commets d’office l’ensemble du barreau. Ces justiciables auront cinquante défenseurs ». Nouveaux applaudissements.

Quelques heures plus tard, un contact se fait finalement avec la chancellerie. Un conseiller de Rachida Dati accepte de recevoir une délégation du barreau des Ardennes. Le rendez-vous est fixé, ce vendredi matin.

Par Christelle Lefebvre dans l’Ardennais du 16/11/2007

Transmis par Linsay



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