Xénophobes de tous les pays, haïssez-vous !

mercredi 28 novembre 2007
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Ou quand l’extrême droite nous envoie de bonnes nouvelles...

Le 14 novembre, le groupe de l’extrême droite au Parlement européen – créé en début d’année – a implosé après un accrochage au sujet des Rroms entre l’Italienne Alessandra Mussolini et ses camarades roumains.

Rompez les rangs : démobilisés, les sept députés européens lepénistes, les trois séparatistes flamands du Vlaams Belang, les cinq nostalgiques de Corneliu Zelea Codreanu [chef dans l’entre-deux-guerres du mouvement fasciste roumain Garde de fer], qui avaient lancé des mots de haine contre les Rroms roumains, et le Bulgare Dimitar Stoyanov, qui avait trouvé amusant de faire savoir aux euro députés qu’il y avait dans son pays de jolies Tsiganes à vendre et d’en annoncer le prix. Les deux membres du parti mussolinien (Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce, et Luca Romagnoli) ont eux aussi levé le camp.

“Notre groupe disparaît aujourd’hui”, a annoncé le nationaliste roumain Corne­liu Vadim Tudor, l’un des chefs d’Iden­tité, Tradition, Souveraineté (ITS). Le 14 no­vembre, ITS, le parti le plus à droite de tout le Parlement européen [présidé par le Français Bruno Gollnisch], est officiellement mort – ou plutôt il s’est suicidé, après tout juste dix mois d’existence – pour cause de dissensions internes.

Celles-ci sont nées précisément d’une échauffourée ethnico-politico-idéologique à propos des Roms, de leurs droits et de leurs comportements, après l’assassinat à Rome de Giovanna Reggiani [une Romaine morte fin octobre et dont l’assassin présumé est un Rrom roumain.

D’un côté, les députés de Romania Mare [1], choqués par certaines déclarations d’Alessandra Mussolini : “Violer la loi est devenu un mode de vie pour les Roumains.” Face à eux, Alessandra Mussolini, elle-même offensée par les attaques des nationalistes roumains contre elle – “Sacrilège, c’est une porte-parole du racisme fasciste !” – et contre le Duce : “Cette dame nous a rappelé son grand-père, le dictateur fasciste… Il y a un vieux proverbe roumain qui dit : ‘Qui est né d’un chat mangera des rats’.” “Proverbe vulgaire”, a-t-elle répliqué. Maintenant, c’est terminé : les présumés chats et rats ont quitté le groupe. Les vingt-trois membres d’ITS ne sont plus que dix-huit, et puisque le règlement du Parlement stipule qu’il faut au moins vingt députés pour former un groupe, le suicide est consommé.

Lors de l’annonce officielle, des applaudissements ont retenti à Strasbourg. Le chef du groupe socialiste, Martin Schulz, a exulté : “L’ITS est dissoute ? C’est une bonne nouvelle, ils ne pourront plus lancer de campagnes xénophobes et néofascistes avec l’argent du contribuable européen.” Ils pourront se rallier à un groupe mixte, mais fini les subventions, le porte-parole, la politique de groupe. Ce que l’on retiendra, au fond, c’est que les nationa­lismes ont soudain resurgi au sein d’un Parlement transnational. Et que cela s’est produit au moment où un fait divers comme il s’en produit dans plusieurs villes d’Europe est venu se greffer sur la politique. Et que quelques citoyens européens sont redevenus avant tout des citoyens de leurs propres pays.

Article de Luigi Offeddu dansCorriere della Sera du 22/11/2007

Transmis par Linsay


[1parti nationaliste d’extrême droite



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