Sarko et le journalisme de cour : au secours !

dimanche 20 janvier 2008
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Sarko adore l’exercice : provoquer, déstabiliser, ridiculiser. Les journalistes, il ne les mène pas en bateau mais en troupeau. Lui sur son cheval, les autres derrière en carriole en Camargue pendant sa campagne. Lui seul dans la salle des fêtes de l’Elysée contre 800 cartes de presse qui lui servent de faire-valoir, la semaine dernière, pour sa rentrée de président.

Les journalistes, il adore les séduire, ils sont son miroir.

Puis les taper quand l’image qu’ils lui renvoient ne lui convient pas.

Sarko joue sur du velours.

La presse n’a pas bonne presse, sa cote est dans le fossé.

« Monarchie élective » ? L’expression le met en rogne.

On le critique, il agresse, arrogant.Il personnalise, méprisant.Une colère surjouée contre le patron de « Libé » pour faire le spectacle devant les caméras.

Hors champ, il passera un coup de fil à l’éditorialiste pour l’inviter à passer le voir.

Sarko tape d’autant plus fort qu’il sait que son interlocuteur est sans voix. Il ne peut riposter, c’est l’Elysée qui tient le micro.

Ce sont les hommes du Président qui choisissent les 22 élus autorisés à interroger.

Ce sont eux qui coupent le sifflet.

Sitôt la question posée, le micro change de main.

Pas de droit de suite pour le questionneur, pas de possibilité de porter la contradiction, d’insister si le chef de l’ Etat a répodu à côté.

Et ne comptez pas sur la solidarité de la profession pour rattraper le coup.

Les journalistes viennent en meute mais chassent en solitaire et se font ramasser un par un.

Ce n’est pas la faute de Sarko, qui n’a, lui, que la faiblesse de taper bas.

Sarko est relax avec cette presse présidentielle qu’il tutoie. Qui rit quand il piétine l’un de ses membres.

Par tradition, elle est toujours bon public avec les monarques.

Elle copine puis opine.

Et se croit irrévérencieuse quand elle pose la question convenue sur le futur mariage du Président.

Journalisme de cour plutôt que journalisme tout court, le pire c’est que plus elle se fait taper plus elle se gargarise de sa prestation le lendemain.

L’exercice de la conférence de presse, paraît-il, est appelé à se répéter au moins une fois par trimestre.

Sarko aurait tort de s’en priver.

Sur le ring, il gagne à tous les coups puisque le match est truqué et l’adversaire de paille.

Par J.-M.Th. dans Le Canard enchaîné du 16/01/2008

Transmis par Linsay



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