Du tonus !!

lundi 21 janvier 2008
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Il y avait ce vendredi 18 janvier une réunion des communistes marseillais pour essayer dans l’embrouillamini actuel, d’analyser la situation, définir quel point de vue rassembleur ils pouvaient faire connaître dans la période et quels contenus mettre en avant dans les combats politiques futurs.

Ce que l’on peut dire de façon générale sur cette initiative sur laquelle Danielle Bleitrach donne son point de vue sur son blog, que la diversité des présent-e-s et la teneur du débat ont donné du tonus aux participants à cette rencontre qui est appelée à avoir des suites.

Ci-après le rapport introductif qui a servi de base à la discussion.

La réunion de ce soir est à la fois pas nouvelle mais à la fois une première. :
-  Pas nouvelle parce que ce n’est pas la première fois qu’à Marseille ou ailleurs se réunissent des gens se revendiquant communistes quelque soit par ailleurs leur choix d’appartenir ou non à une organisation donnée,
-  Une première parce que l’évolution des choses précipite cette rencontre au point d’en faire par sa composition, son contenu et ses buts une nouvelle étape importante pour celles et ceux qui cherchent une réponse politique aux souffrances de notre peuple.

Cette rencontre a été précipitée pour deux raisons essentielles :

-  L’interrogation de communistes en direction de Rouges suite au ralliement du PCF à Guérini : « Et vous que faîtes vous ? »
-  La volonté de Rouges Vifs d’avoir l’opinion des communistes dans la période et ce avant toute prise de position publique. Réunion guidée par un fil rouge…vif : comment rassembler les communistes aujourd’hui dispersés ?

Ce sont ces deux raisons cumulées qui expliquent le caractère et la date de cette réunion. Non pas réunion publique, mais rencontre de gens qui se reconnaissent porteurs d’un idéal commun. Réunion dans une période compliquée où – élections obligent – nombre d’entre nous sont absents…en réserve de la république. Mais réunion qui prend date avec les enjeux d’aujourd’hui et de demain.

La turbulence électorale récente n’est ni un accident de parcours, ni un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle est la conséquence d’un long processus qui, si nous n’y prenons garde, conduira, non seulement à la disparition du PCF, mais encore et surtout à la désagrégation de la pensée communiste dans notre pays.

Sans refaire toute l’histoire, ce qui n’est pas l’objet de ce soir, juste quelques éléments récents :

-  La période 97 – 2002 où les communistes ont du avaler les plus grosses couleuvres comme la mixité public privé, la loi Joxe, les CRS contre les chômeurs ou la non intervention de l’Etat face à la mise en œuvre de plans de licenciements massifs…
-  La prise de position au soir du 29 mai pour le rassemblement « des organisations de gauche qui avaient appelé à voter OUI et celles qui ,avaient appelé à voter NON ».
-  La douloureuse expérience des collectifs antilibéraux avec au bout l’échec de la présidentielle.

Au fond ce qui est posé aujourd’hui avec la dérive qui s’accentue d’année en année - malgré la résistance des communistes « de l’intérieur ou de l’extérieur » - c’est : qu’est ce que ça veut dire être communiste aujourd’hui ?

Je ne ferai pas l’injure aux participant-e-s de ce soir de leur infliger une définition partielle et approximative en réponse à cette question, mais juste deux éléments :

-  Etre communiste c’est avoir un idéal de partage du bien commun qui est notre planète, sans distinction de frontières, en refusant toute aliénation ou domination d’un individu sur un autre.
-  Pour avancer vers cet idéal lointain on a besoin d’une organisation qui travaille les idées, les mette en perspective avec le vécu concret de la population, œuvre pour la transformation sociale en visant ce but.

Quand on justifie les privatisations on s’éloigne du but et on rend la question de l’organisation secondaire.
Quand on crée la sécurité sociale, on prend une mesure anticapitaliste et on donne du sens à la nécessité d’une organisation révolutionnaire pour aller plus loin.

On a besoin d’une organisation pour définir des axes, un projet, une stratégie, mais aussi on a besoin d’une organisation parce que l’on ne peut pas être, devenir ou rester communiste tout seul. C’est cela qui a conduit à la création de Rouges Vifs et récemment à celle de Communistes de France. La pensée est collective et la résistance à la machine de guerre idéologique du capital l’est forcément aussi. On connaît tous des camarades qui, isolés de toute organisation, du haut de leur tour d’ivoire idéologique, ont perdu pied et ont dérivé…

Etre communiste aujourd’hui, c’est apporter sa pierre à une organisation qui donnera un point de vue et ouvrira des perspectives. Pour ne prendre que quelques exemples :
-  Quel point de vue communiste sur le développement du port ?
-  Sur la politique municipale du logement (où tant de votes se sont faits à l’unanimité du conseil municipal) ?
-  Quelle remise en cause d’Euromed, avant-garde économique de la Californie de l’Europe ?
-  Quelle position sur la gratuité des transports qui doivent rester un service public ?
Et encore on a échappé à l’América Cup qui faisait l’unanimité du conseil municipal…
-  Que dire sur les évènements internationaux, Cuba, la Palestine, le Venezuela, le Pakistan ?
-  Quel rassemblement avec les PC d’Europe et du monde, rassemblements dans lesquels la France brille trop souvent par son absence dans la dernière période ?

Etre communiste aujourd’hui c’est être membre d’un parti porteur d’un projet révolutionnaire de transformation sociale, capable d’animer un front populaire de notre temps.

Etre communiste aujourd’hui c’est tirer analyse et stratégie de la ligne de rupture politique qu’a constitué et constitue encore la bataille pour le NON à la constitution.

Etre communiste aujourd’hui, aux antipodes de ce que nos adversaires prétendent, ce n’est pas affirmer un repli sectaire nostalgique, mais être à l’avant gade de la création de majorités d’idées pour peser dans le sens de la transformation sociale, base de notre idéal d’émancipation humane.

Dire cela c’est rappeler que nos postures idéologiques, nos alliances stratégiques, ne peuvent être que la conséquence du projet que l’on porte et bien sûr en aucun cas être la cause de nos positionnements.
Sans aller plus avant dans ce développé qui n’est pas un détour mais notre pont de départ obligé, je voudrais simplement dire que c’est ce sentiment partagé qui est à l’origine de l’appel « Nous assumons nos responsabilités » en mars 2000, qui a depuis évolué vers la création d’associations locales coordonnées nationalement.

Nous sommes partis du constat objectif que nombre de communistes avaient quitté le parti et ne voulaient pas y remettre les pieds, nombre de communistes se battaient à l’intérieur, d’autres enfin, moins nombreux, étaient prêts à se reconnaître communistes si un point de vue communiste était exprimé.
Si nous avions voulu créer un autre parti ou rejoindre un parti communiste existant nous n’avions que l’embarras du choix : Communistes de Perlican, PCOF, PRCF…Ce ne fut pas et ce n’est toujours pas notre choix.

Si nous voulons que les idées communistes existent, soient visibles et pèsent dans le débat politique national, il faut que les communistes (quelque soient pour l’instant les choix qu’ils font par ailleurs) se rassemblent, s’expriment et agissent. Cette lisibilité allant de pair avec une union avec d’autres forces allant dans le même sens. C’est cette posture qui explique qu’aujourd’hui se retrouvent à Communistes de France des membres du PCF, des sections et même des fédérations, mais aussi des individus isolés avant qui retrouvent dans ce collectif un lieu de réflexion et d’action politiques.
Ici, dans le 13, la création de Rouge Midi est l’expression publique de cette volonté.

C’est en ayant cette démarche en tête que nous avons lancé en septembre le document Un autre projet pour Marseille. Ce document abordait le projet, que l’on pourrait qualifier « anti Gaudin » et il était proposé pour être signé en commun aux organisations invitées par le PCF et présentes à la réunion de septembre (PCF, LCR, Alternatifs, Verts) auxquelles nous avons rajouté les collectifs antilibéraux.
On peut d’ailleurs réfléchir au fait qu’aucune de ces organisations n’a saisi l’importance de la bataille sur un projet qui permettait à la population de s’emparer de la politique municipale : logement, emploi, transports…

Si une telle bataille avait été menée en commun et non par les seuls Rouges Vifs, son ampleur plus grande aurait obligé le PS à se positionner par rapport aux grandes lignes du projet, enfin du moins on peut l’espérer.
Au lieu de cela, toute la question de la stratégie électorale a tourné autour de celle des élus et des places à pourvoir.

La question d’un autre projet pour Marseille reste entière et la récente annonce gouvernementale concernant l’avenir des Ports Autonomes, si elle n’est pas une surprise, renforce encore la nécessité de mener la lutte de classes sur ce terrain, vital pour l’avenir de la ville.

Ponctuellement, sur le plan stratégique, il peut y avoir entre nous des différences, comme il y en a sur l’appartenance ou non au PCF ou sur le positionnement vis-à-vis du congrès. Certains sont prêts à rejoindre la liste LCR/CUAL, d’autres à se retirer dans leur coin ou à se rabattre sur les cantonales, d’autres enfin, contraints et forcés, à faire campagne pour la liste Guérini. La réunion de ce soir doit nous aider à nous rassembler, pour aujourd’hui et pour le futur, sur un positionnement commun.
En ce sens elle peut être un acte fondateur.



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