Des expulsions hors de prix.

dimanche 24 février 2008
popularité : 5%

« ABSOLUMENT furieux ! ».Telle est l’humeur du procureur et de plusieurs juges de Paris après la descente des flics, le 12 février, dans un foyer africain du XIIIe arrondissement de Paris.

Le procureur, Jean-Claude Marin, envisage même de faire part au préfet de police de son fort mécontentement « car dans cette affaire, rapporte un magistrat, l’utilisation de la procédure judiciaire n’est pas fair-play du tout ! »

C’est peu de le dire.

En octobre 2007, en effet, les RG signalent le foyer de la « Terre aux Curés » comme un repaire de répugnants marchands de sommeil.

Du coup, un mois plus tard, une instruction, confiée à Alain Nguyen, est ouverte.

Et, le 12 février, à 6 heures, 400 policiers encerclent les lieux.

« L’information judiciaire a mis en évidence l’existence de filières de logeurs hébergeant à prix fort des travailleurs migrants dans des conditions insalubres et contraires à la dignité humaine », claironne la préfecture.

Neuf suspects sont placés en garde à vue.

Quelques heures plus tard, le juge d’instruction doit se rendre à l’évidence, rien ne peut être retenu contre eux.

Certes, comme dans tous les foyers africains, on partage les chambres et les loyers, mais aucun délit.

Quand aux 30 portes fracassées par les flics, c’était certainement pour rendre les lieux plus conformes à la « dignité humaine »...

Au passage, les policiers embarquent une centaine de sans-papiers. Et, à 7 heures du matin, un officier rend compte au juge, sur son portable, « du nombre de 116 personnes interpellées ainsi que de leur identité respective ».

Une plaisanterie : pour décliner toutes ces identités, il aurait fallu des heures.

Expédiés à Rouen et à Evry, 20 sans-papiers ont été libérés pour vice de procédure.

Les autres ont défilé devant les juges des libertés, à Paris, « avec des audiences non-stop, jour et nuit », pestent certains magistrats.

Le 18 février, ces audiences-marathons se poursuivaient en appel, et une quarantaine d’étrangers de plus avaient été libérés.

Mieux encore, les avocats ont découvert, effarés, l« imprimé (à en - tête du centre de rétention) présenté à leurs clients pour qu’ils se désistent »purement et simplement de l’instance engagée (...) contre l’arrêté de reconduite à la frontière" pris à leur encontre.

Pour les avocats, cela s’appelle une « tentative d’escroquerie au jugement » et ils vont porter plainte.

« Le juge d’instruction ne décolère pas, s’emporte un magistrat, les RG se sont moqués de lui en camouflant une rafle de sans-papiers derrière de prétendues filières » de marchands de sommeil.

Une opération hors de prix, mais rien n’est trop beau pour faire plaisir à Hortefeux.

Par Dominique Simonnot dans Le Canard enchaîné du 20/02/2008

Transmis par Linsay


Après avoir arrêté quatre sans-papiers, le 29 août dernier, dans une communauté Emmaüs de Haute-Marne, les gendarmes ont de nouveau interpellé deux membres de la même communauté, le 4 février, avant de les faire placer en rétention.Lors des premières arrestations, l’ancien président d’Emmaüs devenu sous-ministre de Sarko, Martin Hirsch, gêné, assurait avoir téléphoné au préfet de Haute-Marne. Visiblement sans résultat...



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur