Les brèves de décembre 2005

mercredi 7 décembre 2005
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• GRANDE-BRETAGNE : Le peuple britannique, qui avait été très majoritairement opposée à la guerre en Irak, reste tout aussi fermement hostile à l’occupation ; 57% souhaitent le retrait des forces d’occupation et 51% veulent une date précise. La guerre et l’occupation ont déjà coûté près de 5 milliards d’euros à la Grande-Bretagne.

• SUISSE : C’est la première fois qu’un pays soumet l’utilisation d’OGM au suffrage de ses habitants. Résultat : 55,7% des Suisses se sont prononcés par referendum pour un moratoire de cinq ans sur l’utilisation des OGM dans l’agriculture.

• BIRMANIE : Le prix Nobel de la Paix (également Prix Sakharov du Parlement européen) Aung San Suu Kyi a été maintenue en résidence surveillée pour six mois supplémentaires par la junte militaire birmane qui régente le pays depuis 1962.

• POLOGNE : Les homosexuels sont victimes d’un climat d’intolérance allant jusqu’à des mesures de répression. Des dirigeants politiques, y compris du gouvernement, tiennent un discours homophobe, des événements publics organisés par des associations homosexuelles sont interdits pour offense envers les sentiments religieux de la population. Le bureau gouvernemental chargé de la promotion équitable des minorités sexuelles a été supprimé, ce qui met en cause le respect par la Pologne des normes européennes concernant l’interdiction de toute discrimination.

• ETATS-UNIS : En 1976, la Cour suprême fédérale a rétabli la peine de mort. Depuis cette date, le cap des 1000 exécutions devrait être bientôt franchi (dont près de la moitié dans deux Etats le Texas et la Virginie). Le 10 décembre, des manifestations ont lieu pour demander l’abolition de la peine de mort et la libération de Mumia Abu-Jamal.

• ISRAEL : Mordechaï Vanunu a passé plus de 18 ans en prison pour avoir divulgué à la presse qu’Israël disposait d’armes nucléaires. Depuis sa libération, il était assigné à résidence en Israël qui lui refuse le droit de s’expatrier. Récemment, il a été une nouvelle fois arrêté au point de contrôle de Jérusalem pour avoir violé les restrictions qui lui ont été imposées.

• NIGERIA : A douze ans, Hauwa Ibrahim a fui son village natal pour échapper au mariage forcé. Devenue avocate, elle a engagé la lutte contre la charia introduite depuis 1999 dans les Etats du Nord du pays. Pour avoir défendu les personnes poursuivies par les tribunaux religieux, condamnées notamment à la lapidation, elle reçoit ce mois-ci le prix de la liberté de l’esprit du Parlement européen.

• ALGERIE : Le gouvernement propose la réconciliation et la concorde aux islamistes mais maintient la presse, celle qui est indépendante et laïque, dans son collimateur. Mohamed Benchicou, le directeur du « Matin », est en prison depuis juin 2004. Ce harcèlement judiciaire est surtout politique. Pour y mettre fin, il faut poursuivre la campagne lancée par l’Humanité pour sa libération et la relaxe de tous les journalistes algériens.

• COREE : En septembre 2003, un paysan sud-coréen s’était poignardé lors du Sommet de l’OMC à Cancun pour demander que « ceux qui travaillent dur soient plus respectés ». A la mi-novembre, un maire d’une commune rurale s’est empoisonné à l’occasion du Sommet du Forum Asie-Pacifique pour protester contre l’augmentation des importations et la baisse du prix du riz prévues par l’OMC.

• NORVEGE : La Norvège donne une fois de plus le bon exemple (voir le bulletin polex N°13). Les étrangers, qui bénéficient depuis 1982 du droit de vote aux élections locales, sont bien représentés dans les conseils communaux : Oslo, 20,3% des élus pour 16,3% de la population, Drammen 16,3% (pour 12,3%), Lorenskag, 8,5% (pour 8,3%) (pour plus de renseignements sur la citoyenneté et le droit de vote des étrangers, consulter le site : www.lettredelacitoyennete.org).

• UN LIVRE INDISPENSABLE : Dans le débat actuel sur la mémoire coloniale, que certains veulent à tout prix occulter, il faut lire « Mémoire algérienne » de Henri Alleg qui raconte son expérience de militant communiste anti-colonial en Algérie avec modestie et clairvoyance. Le récit de sa vie et de sa résistance qui éclaire sur la colonisation mais aussi sur la période actuelle (« Mémoire algérienne » aux Editions Stock).

• TUNISIE : La poursuite des violations des droits humains par le gouvernement tunisien avant et pendant le Sommet mondial sur la société de l’information n’a pas empêché les délégations des Etats membres d’y participer. Pour protester contre la tenue de ce Sommet à Tunis, le conseiller personnel du secrétaire général des Nations-Unies, le professeur neerlandais Cees Hamelink a eu le courage de démissionner en déclarant : « L’organisation d’un tel Sommet dans un pays qui bafoue d’une façon aussi flagrante les droits de l’homme enlève au thème tout son sérieux ».

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CUBA : LE PARTI-PRIS DES MEDIAS

Les médias occidentaux essaient de donner de Cuba l’image d’un « goulag tropical » avec l’association « Reporters sans frontières » comme chef d’orchestre. Ils attirent l’attention sur les prisonniers d’opinion mais passent sous silence les conséquences du blocus, les succès remportés dans les domaines de la santé et de l’éducation (reconnus par l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Unesco).

Cuba sous les eaux suite au passage d’un cyclone

Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les médias n’aient pas dit un mot sur le meeting de solidarité avec le peuple cubain qui a rassemblé des centaines de personnes le samedi 12 novembre à Saint Denis avec des délégations et des messages venus de nombreux pays. L’Humanité n’en a fait aucun compte-rendu mais a même refusé une publicité payante pour annoncer la réunion !

Peu de médias ont signalé qu’à une écrasante majorité (182 voix contre 4 et 1 abstention), l’Assemblée générale des Nations-Unies a adopté une résolution exprimant « la nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis à Cuba ». Depuis que l’embargo est appliqué (1961), c’est la 14° fois qu’il est condamné par les Nations-Unies avec une majorité de pays toujours plus élevée (en 1992, la résolution n’avait recueilli que 59 voix). Malgré ce vote massif, cette résolution est toujours sans effet.

En raison de cet embargo, qui a des conséquences dramatiques pour l’économie cubaine, le tourisme représente une bouée de sauvetage même s’il n’est pas exempt de problèmes pour la population. Dans la dernière période, les médias ont choisi un nouvel angle d’attaque pour porter de nouveaux coups à l’économie cubaine en essayant de dégoûter les touristes potentiels. C’est ainsi que Canal + avait programmé une émission intitulée : « L’apartheid entre Cubains et touristes »....Comme la plupart des journaux, l’Humanité avait annoncé cette émission sans aucune réserve. J’ai protesté en adressant cette lettre le 16 novembre au rédacteur en chef :

« J’ai été profondément choqué par la page « Médias Télé » de l’Humanité du 15 novembre. Sous la signature de Ca.C., un article présente, sans aucune critique, ni réserve, une émission de Canal+ sur « l’apartheid entre Cubains et touristes ». L’article se conclut même par un jugement lapidaire sur Cuba « un système en faillite totale ». Quelle caricature !

Je voudrais apporter mon témoignage de « touriste » français à Cuba en été 2004. J’y ai loué une voiture pour parcourir tout le pays. J’ai tous les jours pris des Cubains de tous milieux sociaux en autostop (le blocus entraîne effectivement de graves difficultés dans le domaine des transports). J’ai pu discuter avec eux, être reçu chez certains pour prendre le café ou rencontrer leurs familles. J’ai également logé chez l’habitant. Que ce soit dans les hôtels, dans la rue ou chez l’habitant, je n’ai jamais senti cet « apartheid » entre Cubains et touristes. Au contraire, j’ai toujours apprécié la chaleur de l’accueil des habitants. Il suffirait pour s’en rendre compte d’interroger les très nombreux touristes à leur retour de Cuba pour connaître leurs impressions qui sont rarement défavorable. Quant à la présence policière, il suffit de comparer à Paris !

Pourquoi l’Humanité continue-t-elle de relayer une telle désinformation à l’instar de la quasi totalité des médias français ? »

IRAK : AGIR CONTRE L’OCCUPATION ET POUR LIBERER AL KUBAYSI

La résolution du Parlement européen du 6 juillet 2005 qui dénonçait « le kidnapping et la disparition de nombreux citoyens irakiens et étrangers en Irak » et demandait qu’ils « soient immédiatement libérés » a été peu répercutée dans les médias français qui continuent à donner une vue partielle et partiale de la situation en Irak. La résistance multiforme du peuple irakien à l’occupation est le plus souvent caricaturée en la résumant à des forces islamistes et « saddamistes ». Il est rarement rendu compte du sort des femmes dont les droits déjà réduits seront encore diminués avec la mise en Å“uvre de la nouvelle constitution qui doit être compatible avec la loi islamique.

Quant à la situation des prisonniers politiques, c’est le black-out quasi total sauf pour les procès des dignitaires de l’ancien régime. Seule l’agence « Reuters » a rendu compte du rapport du secrétaire général des Nations-Unies sur les arrestations massives d’Irakiens, aussi bien par les forces d’occupation que par les autorités irakiennes : « Le nombre de prisonniers continue d’augmenter en raison des arrestations massives menées durant les opérations militaires qui ont un effet dévastateur sur la population civile et contribuent à provoquer le déplacement et la souffrance de milliers de familles ». D’après ce rapport, il y a actuellement plus de 25.000 prisonniers dont plus de 13.000 détenus par les forces d’occupation, près de 8000 par le ministère de la Justice et plus de 4000 par le ministère de l’intérieur.

Les Nations-Unies dénoncent également « l’internement de longue durée sans supervision judiciaire adéquate ». Al Kubaysi, enlevé par les forces américaines et emprisonné depuis septembre 2004 au « Camp Cropper », est devenu un symbole de ce type d’internement. Il est détenu arbitrairement sans décision de justice, aucune plainte n’a été officiellement déposée contre lui, aucun procès n’est prévu. Malgré les nombreuses initiatives prises en France par le collectif d’associations qui s’est constitué pour sa libération, les gouvernements irakien et étatsunien font la sourde oreille. Après avoir fait signer une pétition, rencontré des responsables du Ministère des Affaires étrangères, organisé des conférences de presse et réunions d’information, contribué au vote d’une résolution au Parlement européen, ces associations ont suscité la création d’un collectif d’avocats et de juristes qui a lancé un appel et s’est déclaré prêt à prendre la défense d’Al Kubaysi. D’autres interventions ont été faites auprès de la Commission des droits de l’homme des Nations-Unies, du Haut Commissariat aux réfugiés, d’Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains (pour la signature de l’appel et des informations complémentaires, consulter le site : www.iraqresistance.net).

Ces rapports alarmistes, l’aggravation de la situation sur le terrain laissent de marbre les gouvernements de l’Union européenne. Après s’être divisés sur le déclenchement de la guerre, ils ont refait leur unité pour entériner l’occupation, cautionner la constitution et soutenir le gouvernement mis en place sous le contrôle des forces d’occupation. Le 7 novembre, le Conseil de l’Union européenne a même lancé un appel aux pays voisins de l’Irak et aux autres pays de la région pour qu’ils soutiennent le processus politique en Irak.

Le gouvernement français n’est pas en reste. Alors qu’il avait refusé de s’engager en Irak, il a voté le 8 novembre la résolution 1637 du Conseil de sécurité qui légitime la présence des Etats-Unis (159.000 hommes) dans le pays jusqu’au 31 décembre 2006. Ce soutien de plus en plus affirmé à la politique des Etats-Unis n’empêche pas la montée d’un fort courant d’opinion, même aux Etats-Unis, pour un retrait des forces d’occupation qui viennent d’être accusées d’avoir utilisé des bombes au phosphore blanc (interdites par les conventions internationales) contre la population de Fallouja et dont les pertes sont de plus en plus importantes (plus de 2100 militaires étatsuniens sont déjà tombés en Irak).

Dans ces conditions, il serait temps que les nombreuses organisations (partis, syndicats, associations), qui se sont engagées en France contre la guerre, sortent de leur silence et de leur inaction actuels (ce qui revient peu ou prou à cautionner l’occupation) en lançant de nouvelles initiatives contre l’occupation en prenant exemple sur les actions menées en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.



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