Pour un new deal mondial

lundi 7 avril 2008
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HALTE A LA CROISSANCE

En 1958, paraissait un rapport intitulé « Halte à la croissance » développant l’idée d’une nécessité absolue pour l’humanité de stopper la croissance en vue de préserver les ressources notamment énergétiques (pétrole). La crise dite du pétrole (1973) qui vit l’envolée des cours du pétrole et de l’or, n’était pas fondée sur un épuisement des ressources, mais cachait la crise du système financier international commencée en 1969 (crise du dollar).

DE LA MONDIALISATION

Au début des années 80, furent mises en place des politiques économiques dont l’objectif était de libéraliser l’économie en diminuant la place et le rôle de l’Etat et en libéralisant les échanges (suppression du contrôle des changes et des mouvements de capitaux). Reagan aux Etats-Unis, Thatcher en Grande Bretagne obligèrent tous les Etats, y compris la France [1] à accepter une même politique économique fondée sur la libéralisation des échanges et la privatisation des entreprises . [2] Cette politique combinée à la réhabilitation du profit [3] permit une réaffectation des capitaux qui, abandonnant les valeurs refuges (pétrole, or) [4], se précipitèrent pour acquérir à vil prix les joyaux du secteur industriel public.

La « révolution informationnelle » [5] favorisa alors le redéploiement du capital à l’échelle mondial, car la maitrise informationnelle (flux d’informations et d’argent via ordinateur et Internet) et la baisse des coûts du transport (massification + Pavillons de complaisance) peut permettre à un siège social de multinational, basé à New-York de contrôler :

- l’atelier de conception (recherche / Développement) basé dans la silicon Valley,
- la production réalisée en Inde ou en Chine
- le circuit commercial basé à Paris...

tout en pouvant continuer de spéculer sur les matières premières à New-York (pétrole) et Chicago [6] .

Ce management du profit à l’échelle mondiale, fondé sur la liberté de circulation des capitaux, a en contrepartie créé le nomadisme salarial, qui oblige les hommes à se déplacer pour vivre (émigration).

Derrière le mouvement apparent de baisse des prix constaté au niveau mondial, se cachait en réalité une destruction des productions locales, des emplois et des modèles sociaux et politiques, issus des luttes sociales du XIXe et du XXe siècle, portant atteinte aux principes de la citoyenneté.

De ce fait, la mondialisation en s’adressant uniquement au consommateur, porte atteinte au concept même de démocratie fondée sur le citoyen [7] transformant celui-ci en simple consommateur et l’élection en « marché concurrentiel » d’une offre limitée au libéralisme [8], fondé sur le développement de l’économie de marché et du libre échange. La baisse de l’impôt sur le revenu (impôt citoyen) compensée par la hausse de l’impôt sur la consommation (T.V.A) est l’axe central de cette volonté de détruire la citoyenneté.

...A LA CRISE DE LA MONDIALISATION

Nous arrivons aujourd’hui au bout de ce cycle, c’est ce que révèle la crise financière actuelle. Partie d’une simple crise immobilière américaine, celle-ci s’est propagée dans la finance mondiale à la vitesse de la lumière, dévastant les certitudes les plus établies sur la solidité du système financier mondial, précipitant le dollar, dans une vrille macabre, obligeant, une fois de plus, les Etats, à intervenir massivement pour sauver le système financier privé de sa propre crise. La remontée concomitante du pétrole et de l’or [9] accompagnée par l’ensemble des matières premières, y compris agricoles (blé, mais, soja lait, etc.), sont les indicateurs avancés de la crise à venir. Alan Greenspan, ancien Président de la F.E.D, et donc ancien pilote de l’avion de la mondialisation est donc le mieux placé pour alerter sur les risques de récession : « Cette fois, Wall-Street s’inquiète. Et si Alan Greenspan avait raison ? Par deux fois déjà, l’ex-patron de la Réserve fédérale américaine a évoqué l’éventualité d’une récession outre-Atlantique à la fin de l’année. »

Cette remontée concomitante des cours de l’or et du pétrole [10], combinée au retour d’une inflation mondiale [11] véritable duplicata des années 70, nous indique bien que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la crise du système mis en place au début des années 80 et qui s’appelait : « La Mondialisation ».

L’AVENIR DE LA TERRE ?

La crise financière mondiale actuelle démontre déjà l’absurdité de tous les raisonnements et mécanismes économétriques [12] mis en place pour justifier, le système du tout marché et du libre échange. Mais il y a plus grave… la poursuite de cette logique de la dictature libre échangiste, était et est en train de conduire la terre vers sa destruction. Le réchauffement climatique, actuel est une alerte à notre manière de conduire l’avenir de la planète. Tout ce qui favorise le développement des transports (première cause de rejet de CO2) doit être interdit au nom même de l’intérêt supérieur de la vie. Accepter le libre échange, dont le seul critère est celui du coût apparent, en vue de réaliser un profit optimum de court terme, revient à planifier la destruction de la planète et de l’humanité.

POUR UN NEW DEAL MONDIAL

Jamais l’Humanité n’a produit autant de richesses qu’aujourd’hui, pourtant jamais depuis les années 1920, les inégalités entre une infime minorité et la grande majorité des citoyens du monde ne se sont autant développées. Si la croissance des années 50 était au service des citoyens (répondant à leurs besoins), la croissance actuelle ne favorise que l’accumulation du capital, dans une logique de destruction des rapports sociaux et de la terre (voir au dessus). Jamais dans le même temps, les capacités technologiques de l’humanité n’ont été aussi puissantes pour permettre de régler les grands problèmes de l’Humanité (eau, famine, maladie etc.). Mais il faut pour cela établir une révolution copernicienne. L’économie et la croissance ne peuvent se définir que comme des outils au service des hommes et non des marchés. Seuls des Etats associés en vue de favoriser le développement durable des hommes, peut permette d’inverser la destruction planifiée.

RELOCALISER LA VIE DES HOMMES

Les rapports humains ne peuvent se développer que dans la proximité [13] . La manipulation des investissements et des marchandises à travers le monde, pour répondre à une seule logique d’accumulation du capital doit être interdite. Il s’agit désormais que les « Etats associés », représentants des peuples du monde, favorisent une logique de développement humain fondé sur la proximité, quitte à ce que celle-ci coûte, en apparence, plus cher financièrement à court terme. Les biens essentiels à la vie de l’humanité (eau, nourriture, santé, éducation, culture, logement, énergie) doivent être déclarés « biens publics mondiaux » et être gérés sous le contrôle d’un service public mondial. L’argent doit enfin redevenir ce qu’il était à l’origine : « un simple outil facilitant les échanges entre les hommes » et non un but en soi (ce qui développe les logiques d’accumulation).

PENSER ET AGIR GLOBAL DU LOCAL AU MONDIAL

La seule alternative politique se trouve dans une autre conception de la mondialisation, centrée sur l’homme, ses besoins et un processus de libéralisation de l’humanité de la dictature du tout marché. Seule une reconstruction passant par cette philosophie : « penser et agir global du local au mondial » peut permettre à l’humanité toute entière de se libérer de la dictature des marchés et se reconstruire un avenir de progrès, mondialement partagé.


[1Tournant dit de la rigueur, qui fut la cause, rappelons le pour l’histoire, du départ des ministres communistes.

[2Cette politique fut appelé plus tard : « le consensus de Washington ».

[3Théorème de H.Schmidt : « Les profits d’aujourd’hui, font les investissements de demain et les emplois d’après demain », théorème appliqué depuis 20 ans et qui n’a fait que développer le chômage de masse..

[4D’où la baisse des cours de l’or et du pétrole de 1980 à 2001.

[5Début de prise en charge par la machine de certaines fonctions de l’intelligence humaine.

[6C’est à Chicago que se fixe le prix mondial du blé.

[7Le citoyen n’est pas qu’un consommateur, il se définit avant tout comme un producteur qui participe à la vie de la cité, le consommateur qui existe dans le citoyen, n’est que la partie finale. En d’autres termes, je n’existe pas par la consommation (philosophie de Nike), j’existe quand je produis.

[8Quelle différence sur le fond y a-t-il entre l’U.M.P favorable au marché fondé sur la compétitivité et le P.S favorable à une économie de marché fondé sur la compétitivité ????

[9Mécanisme comparable au début des années 70.

[10Utilisés comme valeurs refuge face aux risques de crise.

[11Rappelons que la mondialisation était parée de cette vertu extraordinaire de pouvoir empêcher l’inflation car construit sur une délocalisation massive de l’industrie, diminuant ainsi les coûts salariaux.

[12Forme de latin des temps modernes Equations mathématiques complexes et incompréhensibles au citoyen permettant de justifier le libéralisme économique, comme système le plus performant..

[13Observons que les principes mêmes de la mondialisation, fondés sur le libre échange, cherchent au contraire, à éloigner les rapports entre les hommes car le développement de la distance permet de développer l’opacité des prix du marché (comment se fixent les prix).



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jeudi 3 février 2011 à 00h11 - par  Evelyne Vincent

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