Se rassembler comment ?

mercredi 16 avril 2008
par  Charles Hoareau
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Comme la formule désormais célèbre l’indique ce monde inquiet sent la poudre et c’est voulu. Ceux qui, dans la foulée de la commission trilatérale et du groupe Bilderberg, [1] rêvent tout haut, depuis le sommet du millénaire de l’ONU, d’un gouvernement mondial de technocrates, de militaires, de PDG et de banquiers, bref d’une dictature planétaire afin de mieux asservir les peuples, ceux là donc sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Et pas une région du monde n’y échappe.
Citons pêle-mêle :

- Cuba le blocus et les centaines d’attentas reconnus par la CIA contre Fidel Castro
- Venezuela les tentatives sans cesse renouvelées de déstabilisation et de dénigrement du gouvernement dont les USA sont les maîtres d’œuvre
- Colombie et le soutien US à Uribe, le dictateur corrompu de ce pays que RSF a du oublier dans sa liste des pays oppresseurs de libertés.
- Haïti qui expérimente dans la douleur les bienfaits de la démocratie américaine après s’être débarrassée d’un dictateur soutenu par les impérialistes du monde entier au premier rang duquel se trouvait la France.
-  L’Afrique du nord au sud, qui expérimente elle, les bienfaits de la banque mondiale et du FMI qui, comme le dit justement le CADTM, n’ont qu’une peur, celle de la révolte des peuples.
- Le Moyen Orient qui avant d’être aussi « grand » que ne le désire Bush est avant tout déchiré, spolié, martyrisé de l’Irak à la Palestine en passant par le Liban comme le souligne la déclaration du 13 mars de 39 partis communistes et à laquelle Communistes de France s’est associé en l’absence de signature du PCF.
- La Chine le nouveau grand satan désigné à la vindicte populaire ce qui faisait dire à une éditorialiste de France Inter à peu près ceci : « pas étonnant que selon un sondage une majorité des français juge que la Chine est le principal danger pour la paix dans le monde quand on les a abreuvés d’images montrant des méchants casqués qui protégeaient une flamme olympique que des gentils voulaient éteindre. »
-  L’Afghanistan où le vieil adage « si tu veux la paix prépare la guerre » déjà et à juste titre décrié par les pacifistes du monde entier est devenu « si tu veux la paix, fais la guerre »…et longtemps !
- Les Balkans font eux une double expérimentation : celle des bienfaits de l’UE et celle de l’OTAN (dont Sarkozy veut réintégrer le haut commandement) au point que chaque jour qui passe voit les partitions se multiplier et la xénophobie grandir.
- En France, en toute logique, la politique internationale belliciste du gouvernement est relayée au plan intérieur par des lois répressives qui, sous couvert de lutter contre une délinquance que cet ordre économique crée de toutes pièces, constituent de fait des attaques sans précédents contre les libertés ce que le soi disant toilettage annoncé de l’ordonnance de 45 vient encore confirmer. Attaques qui, faut il le préciser sont autant d’armes contre la population en lutte face aux mauvais coups sociaux que droite et MEDEF ne cessent de lui porter.

Dire cela ce n’est pas égrener la litanie du malheur, ni énumérer les raisons de désespérer, mais faire un constat lucide de la situation qui pèse sur chacun de nous. C’est cette même situation devant laquelle se trouvent celles et ceux qui, de par le monde, veulent que les choses changent pour le bien des peuples. Qu’ils se disent communistes, anticapitalistes, progressistes ou humanistes, quand ils s’allient, peuvent ensemble constituer une force capable d’inverser ce qui paraît par moments être le cours irréversible de l’histoire.

Cela est dit sans optimisme béat mais en constatant, comme nous l’avons fait souvent ici les points d’appui, de résistance ou de conquête qui existent de par le monde.
L’Amérique du sud avec sa banque du sud,
la redynamisation du rassemblement des pays non alignés,
l’affirmation du droit à la souveraineté de nombre de pays africains…
et, cerise sur le gâteau, après Chypre, le Népal où les communistes remportent un joli succès électoral en forme de pied de nez à toute la campagne internationale contre le « communisme » source de tous les « malheurs » du Tibet voisin.

Sans revenir sur ce que nous avons écrit à de multiples reprises [2] et en particulier sur la déclaration de Communistes de France au sujet des municipales,

Faire un front, comme nous le préconisions dès avril 2005 avec toutes celles et tous ceux qui refusent le monde qui nous est promis, offrir non seulement un soutien aux luttes mais aussi les éclairer en les mettant en perspective avec le changement de société que la satisfaction des besoins qu’elles mettent à nu impose, fait partie de nos tâches et de nos objectifs.

Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, la grève des salariés du commerce, évènement social de ce début d’année, ne pose-t-elle pas au-delà de la question du nécessaire partage des richesses, celle du statut des entreprises, de leur contrôle par la nation – clients et salariés – dont elles devraient être la propriété ? Un groupe comme Carrefour fait les prix du début à la fin de la chaîne. La logique du profit qui commande aujourd’hui conduit aux OGM, au pillage des pays et des travailleurs producteurs aux bas salaires des vendeurs en France et au final l’absence complète de contrôle sur la formation des prix.

Faire le lien entre projet de société et lutte immédiate n’est ce pas là l’essentiel de notre utilité ? Dans une période où nous regrettons tous que les urnes divisent, celles et ceux que les luttes rassemblent, n’est ce pas dans ce combat politique du quotidien que se trouve le ciment de notre rassemblement ?

Modestement c’est cette démarche que nous avions voulu mettre en avant avec notre autre projet pour Marseille qui partait des luttes syndicales et associatives, avait été nourries par elles. Le rôle des politiques étant d’en faire la traduction politique pour la ville.

Rassembler toutes les forces qui doivent pouvoir cheminer ensemble, voilà ce à quoi nous nous attachons.

En réunissant sur ce thème PCF, LCR, CUAL et Rouge Vif, forces différentes par la sensibilité et par l’histoire, nous espérons y contribuer et pensons que ce débat, attendu, sera une pièce utile à la démarche.


[2en particulier dans cette même rubrique les éditos Questions et convictions, L’union est un combat, Le piège



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