La justice face à Lenoir et Mernier

dimanche 25 mai 2008
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Trois Ardennais ont été mis en examen le 16 mai dans le cadre de l’enquête concernant les malversations dénoncées par les ex-salariés de Lenoir-et-Mernier, cette entreprise de Bogny-sur-Meuse liquidée à la fin 2007. (voir articles précédents dans cette même rubrique NDR)
L’ancien directeur de la SAS Lenoir-et-Mernier, Philippe Jarlot, l’ancien ferrailleur William Golinval et une ex-salariée de la société FAV-LCAB sont soupçonnés d’être mêlés à des abus de bien social, recel d’abus de bien social, abus de confiance ou banqueroute. Ces arrestations sont l’aboutissement des premiers mois de l’enquête menée par le SRPJ de Reims depuis le début de l’année.

Ariane Douniol, substitut du procureur qui a repris les dossiers financiers au parquet des Ardennes depuis le début du procès Fourniret : « Des dysfonctionnements avaient été révélés à l’occasion de la procédure collective ouverte à l’encontre des sociétés Lenoir-et-Mernier et FAV-LCAB et aujourd’hui, nous estimons avoir réuni suffisamment d’éléments pour mettre trois personnes en cause. Ces trois anciens dirigeants et salariés ont été placés en garde à vue mardi matin et déférés ce jeudi devant un juge d’instruction de Charleville-Mézières ».

Selon le parquetier, les malversations se sont étendues sur plusieurs années. Elles ont même continué après le placement de l’entreprise en redressement judiciaire en mai 2007, alors qu’un administrateur avait été nommé.

Les trois mis en examen ont été laissés libres, avec un contrôle judiciaire particulièrement strict comportant notamment une caution élevée. L’ancien dirigeant de la SAS Lenoir-et-Mernier est également sous le coup d’une interdiction de gérer. Ils encourent au maximum cinq ans de prison et une amende s’élevant à 75.000 euros ou 375.000 euros en fonction des chefs de poursuites.

Aujourd’hui, les investigations se poursuivent sous le contrôle du juge d’instruction carolomacérien.

Par Christelle Lefebvre dans l’Ardennais 05/2008

Les réactions

Claude Choquet, porte-parole des salariés : « On se réjouit que la justice ait suivi ce dossier, car il faut qu’un jugement soit rendu en mémoire des nombreux emplois perdus. L’ancien directeur va devoir s’expliquer, d’autant que la caution de remise en liberté s’élève à 400.000 €.
L’intérêt d’une telle décision est que les salariés, par le biais des prud’hommes, vont peut-être plus facilement obtenir une juste indemnisation pour le dommage subi ».

Xavier Médeau, avocat des salariés : « Je me félicite de l’efficacité des services d’enquête. Ces mises en examen confirment les soupçons des salariés. On ne peut toujours pas chiffrer l’ampleur des malversations, mais on a désormais des éléments permettant d’affirmer que la liquidation n’est pas liée à une quelconque conjoncture ou mauvaise passe économique, mais bien à une volonté délibérée de piller les fonds de l’entreprise. Ces mises en examen marquent également la volonté de la justice de faire aboutir ce dossier au plus vite ».

Pascal Masséna, actionnaire du groupe ABH qui contrôlait l’entreprise ardennaise : « Une mise en examen ne veut pas dire culpabilité.
Mais s’il y a eu des fautes, il faut qu’il y ait condamnation. C’est le moins que l’on puisse attendre de la justice vis-à-vis des dizaines de salariés restées sur le carreau.
Mais cette décision peut aussi être l’arbre qui masque la forêt. Il faudra aller chercher plu loin dans ce dossier… ».

Ahmed Harir, avocat de Philippe Jarlot : « Mon client sort très fatigué et affecté de 48 heures de garde à vue durant lesquelles il s’est longuement expliqué devant les enquêteurs. Je n’ai pas de commentaires à faire sur sa mise en examen, mais nous nions toute malversation de sa part dans ce dossier.
Il ne s’est pas enrichi au détriment de la société et n’est pas à l’origine de la faillite de Lenoir-et-Mernier. J’ai confiance dans l’efficacité de la justice qui ne manquera pas de mettre son innocence en évidence »
.

Erik Pilardeau*, maire de Bogny : « Je n’ai pas de jugement à porter tant que la justice n’a pas suivi son cours. Il faut maintenant que l’instruction se poursuive et que toutes les investigations soient menées pour connaître enfin les tenants et les aboutissants de ce drame social. Ce serait, en effet, une bonne chose que les salariés sachent pourquoi on les a privés de leur gagne-pain ».

Pierre Cordier, conseiller général : « Je n’ai pas pour habitude de commenter les décisions de justice. Mais on sait que, souvent, il n’y a pas de fumée sans feu.
Beaucoup de salariés avaient d’ailleurs constaté des irrégularités dans la gestion de cette entreprise, que ce soit sur le site de Bogny ou celui de Gespunsart.
S’il s’avère que ces mises en examen sont fondées, ce serait la confirmation des doutes exprimés par de nombreux observateurs.
J’espère seulement que la vérité sera mise au jour car on sait pertinemment qu’on a tous été trompés et floués dans cette affaire qui fera date ».

Propos recueillis par Pascal Remy et Jean-Claude Roussel

Transmis par Linsay

*Erik, on sait déjà pourquoi on est privé de notre gagne pain, et on sait aussi pourquoi on nous a enfoncé.



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