Les mystères de l’amour

jeudi 29 mai 2008
par  Charles Hoareau
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Depuis le 12 novembre 2007 des salariés en CDI (dont certains depuis plus de 20 ans dans le même poste), ont été remplacés du jour au lendemain, par des rmistes contraints de travailler pour quelques poignées d’euros et se retrouvent sans travail, sans salaire, sans allocations chômage…

Si la justice leur a donné raison, pour le moment cela n’a eu aucun effet sur leur statut…

Cela fait un moment que nous ne vous avions plus parlé d’ADOMA….et nous sentons bien, aux multiples questions que vous nous posez que votre feuilleton préféré commençait à vous manquer.

Lors de notre denier article [1] nous en étions restés au fait que deux audiences étaient à venir :
-  une avec le juge départiteur pour fixer le montant de l’astreinte imposée aux entreprises pour les contraindre à appliquer le jugement du 27 décembre
-  une devant le bureau de conciliation

Pour l’astreinte, destinée en principe à sanctionner une non application du jugement à la date du 25 février, les conseillers prud’hommes ne s’étant pas mis d’accord (ce qui n’est quand même pas fréquent en pareil cas), il avait fallu faire appel au juge départiteur. L’audience a eu lieu le … 23 avril avec verdict rendu non pas immédiatement comme cela aurait été possible mais le 7 mai : bonjour l’urgence !

Contre toute attente, le juge à qui on demandait simplement de fixer le montant de cette astreinte décidait d’en exonérer ADOMA et de faire porter la condamnation aux seules régies : 3600€ par salarié ! Cette décision si elle a le mérite de confirmer, une fois de plus, le bon droit des salariés leur laisse un goût amer et pour deux raisons
-  la principale fautive de leur situation (et la plus riche 16 millions de bénéfice en 2006) se trouve exonérée
-  les sommes accordées risquent d’être payées en monnaie de singe si les régies sont contraintes de fermer boutique à cause de cette condamnation

Restait la deuxième audience, celle de conciliation initialement prévue le 25 mars, annulée au dernier moment suite à un artifice de procédure d’ADOMA [2] et que le président général du Conseil devait fixer. Malgré une lettre des salariés lui soulignant l’urgence de leur situation, malgré la disponibilité affirmée des juges et personnels du Conseil, l’audience était fixée au… 20 mai !!! 2 mois pour un report totalement abusif !

Le 20 donc les salariés se présentaient pour la 7e fois devant la justice ! Et là, dans une ambiance électrique, dans des conditions telles qu’elles amèneront – fait rarissime – la CGT à écrire au procureur pour lui demander un rendez-vous en urgence, dans une parodie de justice auquel ce tribunal ne nous avait pas habitués, l’affaire était intégralement renvoyée au bureau de jugement du……..17 novembre 2008 !!!
Un an sans salaire, sans même une provision [3] !!

Bien sûr les salariés ont immédiatement intenté un nouveau référé pour obtenir ces provisions dues mais en en attendant ils se posent de sérieuses questions.

Que s’est il passé ? Pourquoi le Conseil par 3 fois n’a pas pris les mesures qui convenaient pour faire appliquer son propre jugement de décembre qui ordonnait la réintégration ? Pourquoi ce nouveau renvoi au 17 novembre ? Quelqu’un a-t-il fait pression pour protéger ADOMA ? Mystère…

Pourquoi dans une affaire où se rejoignent les intérêts des salariés et ceux des entreprises sous traitantes les employeurs ne se manifestent ils pas, ne s’expriment ils pas ?

Alors qu’ils ne cessent de crier au voleur et à l’asphyxie des entreprises à la première grève des salariés pour défendre leur emploi, leur salaire ou le service public,
alors qu’ils organisent des manifestations au motif que des entreprises nationales aux bénéfices confortables seraient soi-disant mises en danger par la fermeture d’un seul de leur magasin le dimanche à Plan de Campagne,
là 3 entreprises sont menacées de fermeture par l’attitude d’ADOMA, toute une profession peut être mise en danger si demain partout des entreprises d’insertion remplacent des entreprises classiques ….
et ils ne disent rien. Mystère, mystère.

Evidemment dans ce contexte les impunis en profitent. Ainsi nous vous avions parlé du cas particulier [4] des bureaux de la direction régionale qui avaient l’objet d’un traitement particulier et été confiés à une entreprise complètement indépendante ETANEUF. Le contrat entre elle et ADOMA se terminait le 31 mars. Ce jour là le chef téléphone à la salariée pour lui dire que le lendemain il viendra récupérer les clefs et le matériel. Et elle ? Il n’a aucune idée de ce qui va lui arriver ! Heureusement Sithy réagit au quart de tour et c’est accompagnée d’un huissier qu’elle vient le lendemain faire constater les faits et interpeller son supérieur. L’affaire est elle aussi portée devant le tribunal où ETANEUF explique que c’est la faute d’ADOMA qui n’a jamais répondu à ses courriers la laissant dans le brouillard le plus complet quant à l’avenir de la salariée : mais que fait le MEDEF ?

Contre ces donneurs d’ordres sans scrupules, camarades patrons révoltons nous ensemble !!

Comme le disent si souvent Parisot et consorts nous sommes tous dans la même bateau !...A moins…

A moins qu’il n’y ait bateau et bateau ou plus exactement paquebot et barquette…
En août 2006, le directeur régional d’ONET, plus gros paquebot du secteur avait déclaré à propos d’ADOMA : « Nous sommes partis à cause des conditions inacceptables que SONACOTRA voulait nous imposer. Aucune entreprise sérieuse, aucune entreprise de nettoyage de grande envergure ne voudra plus travailler pour eux. Ils ne trouveront que des petites entreprises qui se feront avoir » Est-ce à dire que tant que cela ne touchera pas les gros paquebots les barquettes pourront couler tranquilles ?

MEDEF, ADOMA, gouvernement : même combat ?

Dans les coulisses des différents lieux où cette affaire piétine on nous a souvent parlé du poids du MEDEF, en particulier de l’activité débordante d’un certain M. Olivier Tarrazi sur ce dossier et son soutien constant à ADOMA. C’est par pure bonté d’âme que cet « Humaniste dans l’âme » (sic !), vice-Président Départemental du Patronat des Bouches-du-Rhône et membre du Conseil Exécutif du Medef s’intéresse à l’affaire.

Seules les mauvaises langues, dont nous ne faisons pas partie, trouveront un lien avec le fait que notre bon Tarrazi est patron, entre autres, de la SNCE, entreprise de nettoyage de plus de 300 salariés à qui il arrive de faire affaire avec…ADOMA ce qui en fait une vieille connaissance de nombre de salariés d’ADOMA.
Par ailleurs, toujours par humanisme ce bon M. Tarrazi siège aussi….. au Conseil de Prud’hommes de Marseille à la section commerce bien sûr.

Et pendant ce temps là, le préfet [5] et la direction du travail se taisent….
,


En médaillon les salariés d’ADOMA à la manif du 22 mai...à moins que ce ne soit à celle du 15...ou le 1er mai...Allez donc savoir !!


[1Voir dans cette même rubrique les épisodes précédents de ce Dallas social :
SONACOTRA la sale attitude
ADOMA une longue histoire d’amour
ADOMA une longue histoire d’amour (II )
ADOMA une longue histoired’amour (III) : ADOMA déboutée !
ADOMA une longue histoire d’amour (IV) : Y a-t-il un donneur d’ordres dans la salle ?
ADOMA une longue histoire d’amour (V) : ADOMA condamnée !
ADOMA de plus en plus sociale
ADOMA une longue histoire d’amour (VI) : Qui aime bien châtie bien
ADOMA une longue histoire d’amour (VII) : L’amour vache !.

[2ADOMA avait contesté le fait que la section commerce soit compétente pour juger du litige, contestation d’autant plus fallacieuse que dans les locaux mêmes du Conseil de Prud’hommes était affichée une note rappelant que toutes les affaires du nettoyage devaient passer devant cette section !!!

[3hormis celle de 500€ accordée le 27 décembre et payée par ADOMA

[4SONACOTRA la sale attitude

[5rappelons qu’ADOMA est sous la tutelle du gouvernement et que l’Etat est le premier financeur des régies



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