Gérard Larcher : En rondeur de sainteté.

mercredi 20 août 2008
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Jovial et bon vivant, le ministre du Travail de Villepin a au moins un avantage sur son rival Raffarin pour la présidence du Sénat : il n’a pas l’intention d’agacer Sarko...

« Le candidat des francs-maçons et des catholiques », ironise - bêtement - un fonctionnaire du Sénat.

Pas complètement faux : candidat à la candidature UMP au perchoir - on dit plutôt au « plateau » - de la Haute Assemblée, vacant le 1er octobre prochain, Gérard Larcher, 59 ans, sénateur-maire de Rambouillet (Yvelines) et ex-ministre (2004-2007), est, selon le terme consacré, un « humaniste » qui ne rechigne pas à l’occasion au coup d’encensoir moins laïque.

Dans « La Croix », par exemple, en novembre dernier : « Le christianisme restera une valeur de référence car rien n’est supérieur au message évangélique. »

Pour récolter les voix de la France dite « profonde » ?.

Cent deux kilos sur la balance (du moins quand il siégeait au gouvernement), chasseur, pêcheur (du côté de l’île de Batz, ou il possède une résidence de vacances), Larcher, veto de profession, cultive surtout le profil de l’intangible élu du terroir.

Il a entamé en mars dernier son cinquième mandat de maire de Rambouillet (58% au premier tour), une fonction où il a joué comme personne de ce qu’on nomme (pompeusement) le « cumul horizontal » (présidence de l’hosto du cru, de l’office du tourisme, d’une société d’économie mixte, etc).

Il n’est pas non plus tout à fait novice au Sénat, ou il a fait son entrée en 1986, à 37 ans donc : « Après de sérieux accrocs avec sa rivale locale Christine Boutin [1], il a vite compris qu’il valait mieux s’en tenir à un Yalta du bocage », raconte un ex du RPR qui l’a beaucoup pratiqué.

A lui, la mairie et le Sénat. A elle, la députation".

« Au Sénat, où certains l’ont un peu trop vite qualifié de »plouc« , il a , en un sens, fait merveille », poursuit le même.
Il savait tout à la fois traînasser à la buvette avec de vieux sénateurs que plus personne n’écoute et enchaîner rapport sur rapport .

Sur les Télécoms, les chrétiens d’Orient, etc. Il est comme ça , Gérard : il banquète, il s’agite, on le croit à tout moment au bord de l’apoplexie et il repart toujours de plus belle« . »Il a un métier fou, donc un aplomb considérable, nuance le chef de son opposition rambolitaine, le chevènementiste Jean-Luc Trotignon. Impossible de lui faire admettre la plus minime erreur".

Tant d’ardeur et d’appétences ne pouvaient que trouver leur juste application gouvernementale.

Plus séguiniste que chiraquien, gaulliste social autoproclamé, il intègre donc, au Travail, l’équipe de Raffarin (2004-20005), puis celle de Villepin.
Une aubaine pour son ministre de tutelle Borloo, que le sujet et les contraintes parlementaires lassent vite : « Il se couche quand je me lève », rigole Larcher.

Gérard Larcher défend le CNE, renâcle au CPE et, jouant de sa « modération » (un syndicaliste FO) et de la faconde joviale que, tout un chacun lui reconnaît, multiplie les concertations avec les syndicats : « Sous ses côtés hâbleurs, c’est sans doute l’un des moins mauvais ministres du Travail que nous ayons eu depuis un moment, concède le grand négociateur de la CGT Jean-Christophe Le Duigou. Mais il a cependant connu un gros échec avec son plan pour l’emploi des seniors, qui s’est surtout réduit à des voeux pieux ».

Selon son habitude, Gégé, lui, est déjà reparti de l’avant.

Ex-président de la Fédération hospitalière de France, il a pondu en avril, à la demande de Sarko, qu’il a soutenu sans réserve à la présidentielle (« C’est un légitimiste », disent ses amis), un rapport sur la réforme des hôpitaux. Document que, selon de mauvaises langues informées, son grand rival pour le plateau Raffarin (JPR) pourrait bien utiliser contre lui auprès des sénateurs-maires sur le thème :« Après les coupes claires de la carte militaire, les restrictions de la carte hospitalière ! Merci Larcher ! »

Le Phénix du haut Poitou ne cultive pas le moindre doute : son éblouissant passage à Matignon, ses hautes fonctions à l’UMP, sa prodigieuse stature internationale lui confèrent de facto le droit d’occuper le plateau.

Le président du Sénat Christian Poncelet, 80 ans, ne se représentera vraisemblablement pas, et le dernier candidat UMP déclaré, le très libéral Philippe Marini (Oise), ne cherche, semble-t-il, qu’à décrocher la présidence de la commission des Finances.

Pour contrer la candidature du beaucoup plus coriace Larcher, Raff’, voilà quelques semaines, a même répandu la rumeur qu’il pourrait être le prochain Premier ministre : « Un vrai 4x4, parfait pour le job ! », en a rajouté JPR.

Petit hic : si des collaborateurs de l’Elysée, Claude Guéant en tête, ne sont en effet, ces temps-ci qu’éloges de Larcher, d’autres laissent entendre que le chef de l’Etat n’a rien à gagner à prendre position dans ce duel.

Tout en admettant que l’ancien Premier ministre est parfois un peu pesant...

Dans l’immédiat, en tout cas, Larcher se frotte les mains : ses propres pointages le donnent vainqueur de cette primaire UMP (87 voix sur 159).

C’est compter, fait toujours savoir son concurrent, sans les nouveaux élus (les sénatoriales sont fixées au 21 septembre) qui pourraient être rebutés par le côté « sénateur à l’ancienne » de Gégé.

Un concours de branchés au Sénat, c’est grisant !

Par Patrice Lestroban dans le Canard enchaîné du 13/08/2008

Transmis par Linsay


[1Laquelle roulait alors pour Raymond Barre.



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