Pierre Moscovici : la grosse tête et les yeux Doubs.

dimanche 21 septembre 2008
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Candidat lui aussi à la succession de Hollande, le député de Montbéliard met en avant son « désintéressement ». Mais cela n’empêche pas plus d’un de ses camarades de le considérer comme un Juppé de gauche.

Lâché , jusqu’au nouveau rebondissement, en pleine université de la Rochelle par son éphémère allié l’inconstant Arnaud Montebourg, le député PS de Montbéliard Pierre Moscovici, 51 ans, a inventé un concept politique d’importance : « La candidature désintéressée ».

On connaissait le traditionnel « J’ai cédé à la pression de mes amis ».

Le secrétaire national à l’international, lui, a imaginé le « Je veux être le patron », ce qui, dans l’imbroglio actuel, est loin d’être acquis, « mais c’est pour y faire profil bas et n’en tirer aucun bénéfice ».

Rions trois fois.

Dans le même temps, Mosco, qui doute peu ou plus de lui même, n’en finit pas de répéter : « Le temps des Barack Obama est venu ».

Pourtant, si son ambition a un visage, ou plutôt une façade, c’est celle de Matignon plutôt que celle de l’Elysée.

Conscient de quelques limites politiques, ce Barack-ci aspire à être le premier Premier ministe socialiste qui ne manquera pas d’être élu en 2012.

Sans appartenir strictement ( les embrouillaminis roses, toujours !) au courant Strauss-Kahnien, Pierre a un penchant pour DSK, qui le repéra naguère parmi ses élèves de Sciences-Po. Et lui fit intégrer le cercle des experts du PS.

Pas exclu toutefois aujourd’hui, glissent de mauvaises langues averties, que Mosco se rallie, le moment venu à Delanoë.

Dans l’immédiat, en sus de l’entreprenant Manuel Valls, il vient tout de même de s’attirer le soutien de quelques tenants de « La Ligne claire » ( on rigole encore !), le maire de Lyon Gérard Collomb, par exemple.

Ou encore le patron du conseil général du « 13 », Jean-Noël Guerini.

Tous d’accord avec lui pour - noble dessein ! - « protéger les présidentiables ».

En d’autres termes, pour éviter que le congrès de novembre ne tourne, quatre ans avant l’échéance, à une bataille rangée pour la présidentielle qui compromettrait peut-être au passage les chances de notre « désintéressé ».

« Il va falloir que tu te décides à grandir ! », avait, au printemps 1999, lancé Jospin à son jeune ministre des Affaires étrangères Pierre Moscovici, lequel venait de poser dans « Libération » un cigare du type barreau de chaise à la bouche.

Reproche paternel : Mosco a fait ses toutes premières armes politiques à partir de 1988, au cabinet du ministre de l’Education Yoyo.

Reproche récurrent aussi.

Rejeton d’un sociologue de renom et d’une psychanalyste émérite, résident de Saint-Germain-des-Prés et grand familier de ses cafés, jamais vraiment réticent à évoquer et jusque dans la presse pipole ses joies de vivre célibataire, Mosco, pendant une longue période, s’est peu détaché d’une réputation certaine de « dandy ».

Normal : il prenait un évident plaisir à la cultiver.

Quitte, à ses débuts ministériels, à provoquer quelques couacs dont l’expert Chirac le consola tout aussi paternellement : « Ne vous en faîtes pas. Vous en ferez d’autres. Qu’est-ce que j’en ai dit, moi ! »

C’est un exemple peut-être ?

Un bonheur vient rarement seul . Au PS, certains de ses adversaires (au parti de la rose, il ne peut être question d’ennemis) ont tôt fait d’assimiler notre énarque et avocat bardé de tant de diplômes ( il n’est que le permis de conduire qui lui ait échappé) à une sorte - c’est aimable !- de Juppé ou de Copé de gauche.

Au registre, du moins, de l’affectivité courante et de la chaleur humaine. "Au côté des grands chefs du parti, il joue l’humilité, la modestie, mais on sent que c’est tellement affecté !

Il cultive un tel sens de sa supérorité intellectuelle !", râle un socialo qu’il a un peu rebuté.

Dieu sait pourtant qu’il veut changer cette image.

Moins en laissant tout récemment pousser une barbe qu’il a fini par raser très vite qu’en acceptant voilà quelques bonnes années la proposition de Daniel Vaillant d’aller conquérir le Doubs ouvrier.

Parcours difficultueux : Moscovici s’étale aux législatives de 1993 et plus tard de 2002 comme il loupe, en 1995, la municipale de Montbéliard.

« Aujourd’hui il n’est plus ressenti dans la région comme un corps étranger », concède un chevénementiste du secteur.

C’est aussi le cas à Paris.

Naguère affecté au programme présidentiel de Jospin, officiellement spécialiste des « idées » - même s’il n’en a pas pondu de fuligineuses depuis un moment -, Mosco brandit aussi une gloire d’apparatchik : « Je suis le plus ancien secrétaire national du parti ».

Résolument allergique à Mitterrand à la fin du tontonnat, il a pondu ce printemps son mini- « Coup d’Etat permanent » à lui :
« Le liquidateur » (Sarko, bien sûr), qui a peu secoué le box-office de la librairie.

Un peu plus tôt, président de la commission d’enquête sur la libération des infirmières bulgares, il refuse de signer le rapport final au motif que Cécilia s’est fait porter pâle.

Tout cela en fait un opposant, parmi d’autres, mais à peine, à ce jour, pour le charisme, un embryon d’Obama.

Par Patrice Lestrohan dans Le Canard enchaîné du 03/09/2008

Transmis par Linsay


En médaillon caricature de Langelot



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