Pourtant depuis 48 heures, des manifestations avaient eu lieu dans tout le pays [1] , demandant le retrait pur et simple des soldats français de l’Afghanistan.

A Marseille, à l’appel d’un collectif d’organisations [2] plusieurs centaines de personnes ont manifesté du Vieux-Port à la Préfecture pour dire : non à la guerre, à l’occupation de l’Afghanistan et à l’OTAN qui n’a aucune légitimité
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Dans son intervention (voir texte intégral joint) au nom de toutes les organisations, Régine Minetti, du Mouvement de la Paix, a clairement exposé les motivations partagées par tous les manifestants et plus largement par une majorité de citoyens, si on en croit les sondages [3] : « On nous ment sur les réelles causes de ce conflit, comme il en est des autres (Proche orient, Caucase…). Le juteux commerce des armes, la bataille pour les ressources naturelles, les appétits géostratégiques sont inavoués. Seule la mise en œuvre d’une solution politique internationale, qui donne la priorité à l’aide d’urgence, aux réparations, aux droits du peuple afghan, aux droits des femmes, peut permettre de sortir de ce bourbier. Non, La sécurité de la France et du monde ne se joue pas en Afghanistan ! Mesdames et Messieurs les parlementaires, nous vous demandons de ne pas voter la guerre car la guerre n’est jamais la solution ! »

Printemps 2008, manif pour la paix au festival de Cannes

Le Mouvement de la Paix a également donné aux manifestants les résultats de la lettre ouverte aux députés des Bouches-du-Rhône adressée il y a une dizaine de jours pour leur demander de s’opposer à la prolongation de la présence militaire française en Afghanistan : « deux députés sur les seize des Bouches du Rhône nous ont répondu : Michel VAXES (PCF) qui votera pour le retrait et une solution politique au conflit (il n’avait pas attendu notre demande pour se positionner) et Henri JIBRAYEL (PS) qui dit attendre de voir les propositions du gouvernement pour se prononcer… »

La bataille est loin d’être terminée

Entretemps les députés se sont prononcés et M. Jibrayel s’est aligné sur la position de son parti : « la cause nous réunit, les moyens d’y parvenir nous séparent » a pu dire Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, illustrant ainsi l’ambigüité de la position socialiste qui inspire au journal Mediapart le commentaire suivant : « Parce que l’on a parlé de la guerre, de la mort des populations civiles et de celle de soldats, ainsi que d’un engrenage autrement plus grave et lourd de conséquences que celui de la Bosnie, la moindre des choses aurait été que cette confrontation soit traitée avec soin, que les enjeux soient explicités, les arguments clairement exposés afin de permettre à chacun, au-delà de la représentation nationale, de se faire une idée. A cet égard, il n’est pas sûr que l’on soit très avancé. Entre un gouvernement gêné aux entournures par la mainmise de l’état-major américain sur les structures de l’OTAN et un PS, lui aussi favorable à la présence française en Afghanistan mais soucieux de « reconstruire le mandat », il n’était pas facile de comprendre les enjeux et de se faire une opinion ».

Ce 20 septembre n’était qu’un début : la bataille est loin d’être terminée pour ceux qui veulent la paix, qui pensent qu’en Afghanistan comme ailleurs, la réponse ne peut pas être militaire et la priorité doit être donnée à la reconstruction du pays, au soutien à la société civile. Face à un président de la République qui décide seul en reniant ses propres promesses électorales, il faut exiger que les sommes colossales dévolues à la guerre soient enfin consacrées à la promotion de la paix et aux énormes besoins sociaux.

Ce sera l’objectif du « contre-anniversaire » des 60 ans de l’OTAN en avril 2009. Dans le cadre du Forum social européen à Malmö un séminaire international s’est tenu sur ce thème avec la participation de 12 pays. Il s’agit de préparer une grande manifestation les 3 et 4 avril 2009 à Strasbourg et Kehl (du côté allemand du Rhin). A Marseille, le collectif d’organisations qui manifestaient samedi s’est engagé à travailler pour une grande mobilisation.