Israël obtient un statut « revalorisé » avec l’Union Européenne

samedi 25 octobre 2008
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Le collectif Palestine, formé de plusieurs associations, mouvements et partis (dont Rouges Vifs 13), organisera de nouveau cette année, en décembre, à Marseille les « Six heures pour la Palestine ». A quelques mois des élections européennes, il souhaite orienter son action en direction de l’Union Européenne, dénonçant une politique des 27 qui va totalement à l’encontre des droits du peuple palestinien et du respect du droit international. En avril 2002, pour sanctionner l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens par Israël, le Parlement européen avait demandé la suspension de l’accord d’association de l’Union Européenne avec ce pays. Une demande rejetée par la Commission et le Conseil Européens. En septembre 2008, le Parlement adoptait une nouvelle résolution, estimant (par 416 voix contre 136 et 61 abstentions) que la libération de prisonniers politiques et de membres du Conseil législatif (députés) palestiniens emprisonnés en Israël pourrait constituer une étape sur la voie d’un climat de confiance mutuelle, indispensable pour faire des progrès notables dans les négociations de paix. Ce nouveau souhait des élus européens n’a guère de chance d’être entendu, compte tenu du statut qu’Israël a désormais acquis auprès de l’Union Européenne.

C’est en 2004 que l’Union européenne a lancé sa nouvelle politique dite de « voisinage » (PEV) en direction des pays de l’Est (non membres de l’UE) et des pays méditerranéens. Le gouvernement israélien s’est pleinement inscrit dans cette nouvelle politique en demandant fin 2007 que ce « voisinage » soit renforcé pour déboucher sur un « statut spécial » fondé sur l’association plus étroite d’Israël au marché européen et à certaines politiques communautaires.

Des négociations se sont déroulées dans le plus grand secret -sans information, ni consultation des parlements nationaux et du parlement européen- entre la Commission européenne et Israël à partir du « cahier de revendications » israélien. Malgré l’opposition d’une minorité de parlementaires européens et des associations de soutien à la cause palestinienne, le gouvernement israélien a globalement obtenu satisfaction à la dernière réunion du Conseil d’association UE-Israël du 16 juin à Luxembourg.

Le Conseil des ministres des Affaires étrangères des 27 a donné « une première réponse à la demande israélienne de progresser vers l’établissement d’un partenariat stratégique qui donnerait à Israël un droit d’accès à toutes les politiques communautaires, comme s’il était quasiment un Etat membre de l’Union européenne » (agence « Europe » du 19 juin 20008). Certains pays, comme l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas ou la République tchèque souhaitaient accorder à Israël ce « statut spécial » sans aucune condition ni délai de mise en œuvre.

A la demande d’autres pays, dont la France (la mobilisation des associations n’est sans doute pas étrangère à la position du gouvernement français), l’accord a été donné à ce « statut spécial » mais en le liant aux progrès à réaliser dans le processus de paix. Toutefois, ce lien est plus une clause de style qu’une véritable condition puisqu’il n’est assorti d’aucune contrainte en cas de manquement ou de non-respect des engagements pris. Et chacun sait d’expérience qu’Israël ne s’est jamais soucié de respecter ses engagements, qu’ils soient régionaux ou internationaux !

Certes, Israël reste un pays tiers non intégré dans les différents cadres de concertation et de décision sur des aspects stratégiques, diplomatiques ou de défense et de sécurité. Mais une large coopération économique et commerciale sera établie pour assurer « une vaste intégration » dans le marché unique, dans des domaines tels que les marchés publics, les réglementations techniques concernant les produits industriels, les droits de propriété intellectuelle et industrielle, les politiques de concurrence. Comme le souligne l’agence « Europe » du 19 juin, « c’est en fait un très large champ d’action qui est ouvert : transports, aéronautique, environnement, sciences et technologie, enseignement supérieur, santé etc.. ».

Au final, sans obtenir totalement satisfaction, Israël voit son statut revalorisé dans ses relations avec l’Union européenne. Cette décision du Conseil de l’Union européenne a été reçue par Israël comme un encouragement à poursuivre la même politique. Effectivement, depuis juin 2008, le gouvernement israélien a développé les colonies de peuplement et accentué la répression contre le peuple palestinien sans aucun respect des obligations qui lui incombent en vertu du droit international. Raison de plus pour dénoncer la complicité de l’Union européenne et des Etats membres avec Israël et pour renforcer notre soutien à la lutte du peuple palestinien en exigeant la levée du blocus imposé à Gaza, l’arrêt de la colonisation et le démantèlement des colonies de peuplement, la libération des prisonniers politiques palestiniens (plus de 11 000 sont actuellement détenus, dont des centaines de femmes et d’enfants, dans des prisons ou des centres de détention israéliens) , la destruction du « mur de la honte » et la création d’un Etat palestinien viable avec Jérusalem-Est comme capitale.



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