Congrès du PS : Hamon et merveilles.

lundi 10 novembre 2008
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Un portrait qui prend encore plus de saveur maintenant que le résultat du vote interne au PS est connu...

Candidat au poste de premier secrétaire, le quadra prétend à la fois donner un coup de jeune au PS et un coup de vieux à Besancenot.
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On ne l’a jamais vu en marcel, Hamon.

Et pourtant le voilà étiqueté « gauche Dolce & Gabbana » par un éditorialiste de salon.

La référence à la mode milano-mi-homo lui est restée en travers de la gorge.

Qu’avec sa gueule de jeune premier, yeux verts et tempes bretonnes, on le ramène à son physique taille mannequin alors qu’il se rêve carrure Sarko lui paraît relever d’un traitement discriminatoire.

L’homme qui promet une « gauche décompléxée » aux militants qui votent le 6 novembre au congrès de Reims n’a pas assez de mots d’ailleurs pour dénoncer le traitement de seconde zone que lui infligeraient les médias à cause de son année de naissance : « Les grands journalistes pensent que les grandes émissions sont réservées aux gens de leur âge ».

Il les trouve, comme qui dirait, un brin apathiques...

Le garçon est complexe.

Ancien responsable des jeunes socialistes, il continue à jouer du jeunisme pour prendre par la gauche un parti d’Epinay qui moins il marche droit, plus il vire à droite.

Hamon voudrait pouvoir profiter de l’effet de ses 41 ans sans avoir à subir les inconvénients d’une situation moins installée que celle d’un maire de Paris ou d’un ancien ministre.

Les méchantes langues racontent que pour grandir il a rayé le nom d’Emmanuelli de ses bulletins de vote.

Il rétorque que sa motion est le produit de sept contributeurs et qu’il n’allait pas privilégier l’un plutôt que l’autre.

Il a d’ailleurs pris cette décision en accord avec le député des Landes.

Il travaille plus facilement en sa compagnie qu’avec ceux de sa presque génération, type Montebourg.

On le comprend, le premier est largement plus facile à suivre...

« Il est temps qu’une nouvelle génération de responsables prenne aussi sa place dans l’animation du PS et tranche avec le casting monolithique, énarque, homme et blanc », aime-t-il encore àdire.

Hamon n’est pas sorti de l’Ena, mais demeure de sexe masculin et toujours blanc de peau.

Il n’empêche.

Si l’effet Obama après l’élection présidentielle américaine diffuse jusqu’au PS, il n’en laissera pas le monopole au seul Harlem Désir, lieutenant de Bertrand Delanë.

Enfant, il a vécu à Dakar.

Et, de retour à Brest, ou son père travaillait à l’Arsenal, il avait trouvé la ville « très blanche », trop blanche.

Alors, le métissage, il connaît.

D’ailleurs, il est là pour tisser des liens, c’est sa raison d’être.

Il a déjà rassemblé Mélenchon, Emmanuelli, Quilès, Larrouturou, Marie-Noëlle Lienemann, ce qui n’est pas rien.

Il pourrait faire roi le prochain premier secrétaire du PS, pour peu que son score, jeudi 6 novembre, dépasse les 15% en deça desquels sa campagne serait un échec.

Hamon, en attendant, n’aspire ni au rôle de « supplétif » ni à être tondu.

Pour l’heure, il veut croire que la crise financière le favorisera auprès des militants.

Elle le conforte, en tout cas, dans sa critique du socialisme mou qui caractérise, selon lui, les motions adverses.

Il ironise sur la « transhumance » des courants qui se « déplacent de droite à gauche, après des années d’une lente mais certaine dérive du parti vers la conversion aux recettes économiques libérales ».

Les concurrents, il les connaît par coeur puisqu’il a déjà remonté tous les courants, ce qui dans la nature est le lot des vieux saumons, et au PS, des opportunistes.

Entré en politique chez les rocardiens, il a successivement conseillé Jospin, travaillé avec Aubry, refusé l’Europe du traité constitutionnel avec Fabius, tenté de rénover avec Montebourg, porté la parole de Hollande, jusqu’à être perçu l’an dernier comme le successeur dont aurait rêvé le premier secrétaire.

« François ne me l’a jamais dit à moi. C’est une construction qui ne reposait sur rien sauf sur l’intérêt qu’il a eu à me mettre en exergue », explique-t-il.

Hamon dit ne pas « avoir d’alliés naturels », ni Aubry, qui a fait accord à Lille avec le Mo Dem, ni Royal, qui avait imaginé faire de Bayrou son Premier ministre, ni Delanoë, candidat de la vieille garde jospiniste.

Il ne porte plus la parole de personne, sauf celle de sa motion. Qui navigue à gauche toute jusqu’à revendiquer l’interdiction des licenciements boursiers.

En la période ou Sarko laisse croire qu’il s’est converti à l’économie administréen cela peut s’avérer plus malin que d’avoir commencé sa campagne à droite en clamant haut son « audace libérale ».

« On est porté par la crise. On a acquis une crédibilité que tout le monde nous refusait », juge Hamon, qui propose aux militants d’« essayer sa différence ».

Une promesse de rupture en référence à un vieux slogan publicitaire d’il y plus de vingt ans.

Comme quoi rien ne se perd et tout se recycle.

Hamon veut un PS moins gauche face à Sarko et plus à gauche face à la crise du capitalisme.

A l’entendre, il n’aurait pas d’ennemi sorti de son flanc droit : « Qu’on ne me demande pas d’éteindre le feu Besancenot, ce qui m’intéresse, c’est d’éteindre le feu Sarkosy », s’est-il enflammé en meeting, la semaine dernière.

Mais il sait que le succès du facteur vient d’abord des manques du PS.

« L’enracinement de Besancenot est le produit de l’effacement du PS. Il faut réoccuper l’espace qu’il occupe aujourd’hui », dit-il.

Hamon espère bien s’approprier la place du leader du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste), d’autant qu’il a déjà le NPS (Nouveau Pari socialiste).

Il lui reste à passer à l’action directe pour mettre une dérouillée au trotskiste.

Plutôt que faiseur de roi, ne sera-t-il pas plus utile au futur premier secrétaire s’il devient son opposition de gauche ?

Le Breton pourrait culminer en stoppant l’ascension de Besancenot, de sept ans son cadet.

Cours, camarade Olivier,le vieux Hamon est derrière toi...

Par Jean-Michel Thénard dans Le Canard enchaîné du 05/11/2008

Transmis par Linsay



Commentaires

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jeudi 4 décembre 2008 à 16h17 - par  Jean Claude Labranche
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samedi 22 novembre 2008 à 21h16 - par  lydia

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