On a trouvé du pétrole !!!

mercredi 26 novembre 2008
par  Charles Hoareau
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Et pas qu’un peu !
Des millions de tonnes !!!

On va pouvoir se remettre à claquer sans compter cette énergie que l’on disait rare !
A nous les 4X4 et autres grosses berlines ! A nous les embouteillages et leurs joyeux et harmonieux concerts de klaxon ! Finie la récupération fastidieuse des sacs à provision : place aux sacs plastiques jetables (bleus de préférence comme en Afrique où ils décorent magnifiquement les baobabs, les rues et les champs) ! Finies les économies d’énergie : on a trouvé du pétrole !!.

Comment ? Vous ne me croyez pas ? Vous n’en avez pas entendu parler ? Dire que tout le monde (à part Sarkozy qui a dit que cela avait servi à une chose primordiale : fixer une date pour se revoir en avril 2009) tout le monde donc a estimé que le récent G20 c’était la montagne qui avait accouché d’une souris !

Mais c’est là qu’on a eu confirmation de la bonne nouvelle ! Le pétrole est de nouveau abondant et ses réserves quasiment illimitées !!

Je vous sens un peu septiques, alors je vous en dis un peu plus.
Souvenez-vous : cette énergie dont le prix est souvent fixé par le marché de Rotterdam (ville très riche en pétrole c’est bien connu…) avait toujours eu un cours fluctuant. Ces fluctuations tout à fait naturelles auxquelles on ne pouvait rien dépendaient de causes diverses qu’un spécialiste venait gentiment nous expliquer le soir à la télé. A chaque montée du prix, une explication : si ça ne remplit pas les poches ni les réservoirs au moins on a l’impression de payer intelligemment. Il y a même eu des spécialistes, comble de la gentillesse, qui nous ont fait des graphiques clairs….comme celui-ci.

Et vous pouvez constater vous-même que c’est surtout quand ça augmente que l’explication est la plus fournie. Mais après tout quand ça descend on a moins besoin d’explication.

Puis vient 2005.

Tout d’un coup, alors que l’on consomme tranquillement, nos équivalents-pétrole, tout d’un coup à Rotterdam ou ailleurs quelqu’un s’aperçoit que le pétrole est devenu rare, qu’il va bientôt ne plus y en avoir, que cette « prise de conscience des marchés est irréversible » et qu’elle est même salutaire !
Les Echos du 12 avril 2006 titrent même : « Vive le pétrole cher ! »
L’auteur de l’article, [1] prend toute une page pour nous expliquer ce qu’on avait déjà entendu 1000 fois avant lui : « Tout ce qui est rare est cher ».
C’est comme ça c’est la loi et c’est très bien que tout le monde l’ait compris !
Et pour bien nous faire comprendre, il prend, non l’exemple des chevaux de peur de se faire piéger [2] mais celui du cochon, ce qui, pour une production venant essentiellement de pays à majorité musulmane est un peu osé mais passons.

Et il nous explique donc : « Il en est du pétrole comme du cochon. Quand il y a beaucoup de cochon sur le marché, le prix du cochon baisse. Engraisser le cochon, ça ne rapporte plus, les agriculteurs le délaisse [3]. Au bout d’un certain temps, le cochon vient alors à manquer sur le marché. Le prix du cochon augmente. Les paysans se remettent à investir dans le cochon. (…) Eh bien, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec le pétrole. » Et de conclure magistralement : « on sait que nos sols finiront par s’épuiser. Le baril cher, c’est donc un moment, douloureux, du cycle, un moment nécessaire pour que la roue tourne ! » .

Donc, si on a bien compris, quand le prix est haut, les investissements pour en trouver d’autre deviennent rentables, et alors le pétrole devrait baisser, mais comme l’on ne peut pas élever le pétrole comme on élève les cochons, ni le cultiver comme on cultive la vigne, il va finir par s’épuiser et donc la hausse elle ne peut pas s’arrêter.
Logique puisqu’on est dans la loi de l’offre et la demande et que c’est la seule loi qui existe et peut exister à part pour des dinosaures comme Castro et Chavez.
Et donc toujours en continuant ce lumineux raisonnement le pétrole ne pourra pas baisser sauf si on en trouve des millions de tonnes.

Une découverte historique historique imprévue

Mais évidemment ce que ne pouvait prévoir cet éminent spécialiste c’est qu’à peine 2 ans plus tard, après que le baril de pétrole ait atteint le record historique de 144$, on trouverait miraculeusement d’un seul coup des millions de tonnes de pétrole et que donc le baril se mettrait à chuter au point que les Echos (ne changeons pas de spécialiste) nous annoncent aujourd’hui une baisse prochaine à moins de 30$ le baril.

Donc si dans la même période, quand le prix du pétrole ne cessait de monter, des sociétés comme Total ou BP ont vu leurs profits exploser ce n’est pas qu’elles ont spéculé comme le disent de mauvais esprits (pas Sarkozy qui défend l’emploi, lui) mais seulement la faute au cochon. Et aujourd’hui si ça baisse c’est que le pétrole nouveau est arrivé !

Quant à savoir OU on a trouvé tout ce pétrole, allez demander à ces gentils spécialistes de revenir au journal télévisé nous faire le calcul du ratio quantité trouvée sur baisse des cours …et prise des téléspectateurs pour des c...


[1encore un spécialiste éminent puisqu’il s’agit de Erik IZRAELEWICZ Directeur de la rédaction, tellement éminent que depuis il est devenu directeur d’un autre journal très social, La Tribune,

[2on connait l’adage : les chevaux bon marché sont rares, donc les chevaux bon marché sont chers

[3les fautes doivent faire partie du raisonnement



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