François Pérol : La loi du coffre et de la demande.

jeudi 27 novembre 2008
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Débauché par Sarko de la banque Rothschild, le secrétaire général adjoint de l’Elysée aime à poser en supertechno de la finance.

On serait malveillant, on se permettrait de rappeler d’entrée de jeu une prouesse du secrétaire général adjoint de l’Elysée, l’inspecteur général des Finances François Pérol, 45 ans, superministre, en quelque sorte, auprès de Sarko, des questions économiques et financières.

Il est alors, et de janvier 2005 à la mi-mai 2007, associé-gérant de la maison Rothschild, celle-là même qui employa aussi Pompidou, et pas comme garçon d’étage non plus.

A ce titre, il joue les conseils des Banques populaires pour créer une filiale commune des BP et de l’Ecureuil du nom de Naxitis.

Une vraie réussite au bout du compte, comme on sait, puisque, en moins de deux ans, cette nouvelle venue a trouvé le moyen, dans des conditions pas tout à fait éclaircies, de faire perdre des milliards d’euros à ses actionnaires ( « Le Canard » du 19 11 2008).

Tout cela est très injuste.

C’est par une réussite, pas ultralibérale d’ailleurs, que Pérol, major de sa promotion de l’ENA, a, en 2004, forcé, dit-on, l’attention et la confiance de l’actuel président.

Dircab’ adjoint de Francis Mer, le premier grand argentier de Raffarin, il est conservé au même poste dans le cabinet Sarko quand celui-ci débarque aux Finances.

Il met alors en oeuvre la grande opération de sauvetage de l’éprouvée Alstom : un peu d’argent des contribuables [1], un coup de pression sur les banques ’privées) pour qu’elles participent au plan de salut et une négociation serrée avec Bruxelles, alors rétive aux interventions financières de l’Etat dans la vie économique.

Trois ans et quelques dossiers plus tard, Sarkosy, au lendemain de son élection, débauche donc Pérol de la banque Rothschild ou il était allé pantoufler.

Depuis, François s’est penché sur une pléiade d’embrouilles (EADS), Executive Life, nouvelles taxes en faveur de France Télévisions), comme il a oeuvré tout récemment pour la prise de participation publique dans les Chantiers del’Atlantique ( un tiers du capital).

Et la mise sur pied, la semaine dernière, du bien modeste ( 20 milliards) « fonds souverain » destiné à secourir - modérément - de grosses entreprises que la crise aurait endommagées.

A l’Elysée, Pérol occupe le bureau voisin de celui du conseiller social Raymond Soubie.

Il y reçoit, dans un certain désordre mobilier, des grands patrons souvent, des journalistes à l’occasion, des personnages plus exotiques parfois.

Tapie est de ceux là.

Après quelques démentis peu convaincants, Pérol a fini par crâcher le morceau dans « Le Monde » (14/11) : il voit en effet régulièrement Nanard, qui le « fait marrer » !

De là à imaginer que notre homme a, pour le compte de son patron, un peu préparé le providentiel arbitrage si favorable à l’ancien ministre de la Ville, il n’y a qu’un pas que Pérol a franchi, de biais :

« Il fallait un arbitrage, c’est mon avis, il y avait une telle crispation autour de la personne de M. Tapie ».

Tandis que les centaines de millions que celui-ci a ainsi décrochés ont tellement apaisé l’atmosphère « autour de [sa] personne » !.

Pas trop contouné, enfin pas contamment, plutôt pince sans rire, amateur de vieux tubes dont ceux de Dalida, Pérol n’a pas toujours eu de pot avec ses visiteurs, réels ou présumés.

Son ex-ami Imad Lahoud, l’informaticien suspecté d’avoir traficoté les listings de Clearstram, l’a ainsi assuré : en 2004 toujours, et sous un prétexte professionnel, François lui avait ménagé une brève rencontre avec Sarko à Bercy. Et ce quelques jours avant que « Le Point » ne révèle cette affaire d’Etat qui visait... Sarkosy...

« Mytthomanie », a toujours répondu Pérol.

Dans les premiers temps de la nouvelle présidence, de zélés commentateurs se félicitaient que le chef de l’Etat nouveau ait mis en sommeil l’énarchie.

C’est plus vrai du gouvernement que des conseillers de l’ombre.

Par ces temps secoués, l’énarque Pérol n’en finit pas de se concerter avec l’énarque Stéphane Richard (dircab’ de Lagarde), l’énarque Xavier Musca ( directeur du Trésor, un de ses anciens patrons au passage), l’énarque Christian Noyer (Banque de France), etc.

Une joyeuse bande de technos chargés de conarquer ou de circonvenir élus et ministre.

Jusqu’à une date récente, il était même vivement question que Pérol remplace assez vite son homologue sous Chirac, un autre énarque, l’aujiurd’hui directeur général de la Caisse des dépôts Augustin de Romanet, que Sarko poursuit bien sûr de sa méfiance vigilante.

La nécessité de parer au plus préssé dans la crise a un peu éloigné cette perspective, mais, modérément tenté par la chose politique, Pérol ne perd pas espoiur de diriger un jour une puissante entreprise, par exemple l’énorme banque qui résultera de la fusion des Banques populaires, toujours elles, et de la Caisse d’épargne.

Le tout pour se livrer à ces montages financiers qui font ses délices et à l’occasion ceux de Sarko plutôt que pour siffloter « Bambino, bambino » dans les couloirs.

Par Patrice Lestrohan dans Le Canard enchaîné du 26/11/2008

Transmis par Linsay


Dessin de Nalair


[1Opération d’ailleurs rentable pour l’Etat : elle lui a finalement rapporté plus d’un milliard d’euros.



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