Xavier Musca : un Pérol de composition

samedi 4 avril 2009
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Venu de la Direction du Trésor, le nouveau secrétaire général adjoint de l’Elysée est un familier de son prédécesseur. Sous Sarko aussi, les technos adorent les chaises musicales...

SARKO ne s’est pas trop exposé au surmenage en recherchant, pour le secrétariat général adjoint de l’Elysée, un successeur au désormais fameux François Pérol, parti, comme prévu, diriger la grande banque issue de la fusion des Banques populaires et de l’Ecureuil, fonction qui lui cause d’ailleurs quelques désagréments (1).

Depuis vingt ans le parcours professionnel de son remplaçant au Château, l’ex-directeur du Trésor Xavier Musca, 49 ans, n’en finit pas de croiser le prestigieux itinéraire de notre président.

Tout commence voilà deux décennies comme une polyphonie corse du côté de Cargèse (Corse-du-Sud), ou se rencontrent à l’occasion l’été Musca et Sarko.

Ils ont un point commun : la famille de Xavier, natif, lui, de Bastia, est originaire de Vico, le village de Dominique, la première épouse de Nicolas.

Leurs relations prennent un autre sens (politique) quelques années plus tard, quand l’inspecteur des Finances Musca entre au cabinet du Premier ministre Balladur alors que Sarkosy occuppe le ministère du Budget.

Accessoirement, Musca est aussi résidant de Neuilly-sur-Seine.
Fin 2007-début 2008, il a d’ailleurs pris en main l’organisation financière du candidat implosé à la mairie, l’ex-porte-parole-élyséen David Martinon.

Chacun a ses faiblesses, ou ses excès de zèle.

Dans l’intervalle, Musca, qui, sous Chirac I, a planché sur la politique monétaire européenne, joue à partir de 2002 les dircab’ de l’émulsif ministre de l’Economie et des Finances (et ex-sidérurgiste) Francis Mer.

Un poste ou il a d’ailleurs pour adjoint le même Pérol (toutes ces dernières années, ces deux-là se sont rarement perdus de vue). Et c’est toujours un ancien du cabinet Mer,Ramon Fernandez (2), qui lui succède au Trésor.

« Musca était un fonctionnaire très loyal, commente un ancien conseiller de Raffarin à Matignon. Pas du genre à garder sous le coude pour d’obscures raisons un dossier qu’on lui réclame (ça se pratique donc dans les palais nationaux ?). Surtout, il avait le don, avec amabilité et savoir-faire, d’aplanir les choses, ce qui n’était pas facile avec un ministre comme Mer, toujours prêt à une sortie du genre »Vous les politiques, évidemment...« Bref, il arrondissait, un peu comme Guéant à l’Intérieur. »

A L’Intérieur, puis aux Finances, ou Sarko débarque début 2004.
Il maintient Pérol dans ses fonctions et propulse bientôt Musca à la tout aussi prestigieuse Direction du Trésor.

« La fin des énarques », avaient un peu rapidement titré quelques gazettes, françaises comme étrangères, après la constitution de l’équipe Fillon.

Pour les apparences, c’est exact : dirigé par un non’énarque, ce qui n’est pas vraiment la règle depuis vingt-cinq ans, le gouvernement compte fort peu d’anciens élèves de la grande école.

Mais pour le cabinet du Roi et ses relais dans les ministères, c’est faux : Sarko s’entoure de technos chargés de cornaquer ou de circonvenir élus et ministres, sûrement dans le sens de la rupture et souvent nantis d’ailleurs d’une convenable expérience du privé qui ne demande qu’à resservir.

Dircab’ de Christine Lagarde : l’inspecteur des Finances Stéphane Richard, ex-Immobilière Phénix, ex-Vivendi, ex-Veolia. Conseiller économique de l’Elysée, sous les ordres de l’énarque Guéant, l’inspecteurdes Finances Bernard Delpit, ponte de PSA Peugeot-Citroën pendant sept ans.
Dircab’ adjoint de Fillon : l’inspecteur des Finances Antoine Gosset-Grainville, avocat - jusqu’en 2007 - aux barreaux de Paris et de Bruxelles.

Comme disait l’autre, il faut bien que « le corps [des inspecteurs des Finances] exulte »...

Musca n’a jamais goûté aux délices du privé.
« Il n’a pas du tout, comme Pérol, une vision bancaire des choses, dit une de ses relations. C’est un grand argentier habitué à oeuvrer dans le sens de l’intérêt général. »

Fichtre !

A la différence de Pérol, Musca, qui donne aussi ès qualités dans diverses instances européennes, est également un grand taiseux qui fuit la presse comme la peste.

Pince-sans-rire (le seul humour qu’on reconnaisse aux énarques), abrupt à l’occasion, il n’est sorti du bois qu’une seule fois, en 2005, sur ordre, pour défendre son ministre de l’époque, Thierry Breton - scandaleusement, bien sur - suspecté d’avoir, quand il était dans le privé, optimisé ses audits de la déliquescente maison Rhodia.

« Musca ne vient pas à l’Elysée pour se vendre, assure la même »relation".

Il vient pour son savoir-faire".

Pour une fois qu’un sarkozyste se passe de faire savoir...

Par Patrice Lestrohan dans Le Canard enchaîné du 25/03/2009

Transmis par Linsay


(1) Et notamment une plainte, déposée par une association de juristes, pour « prise illégale d’intérêt » : à l’Elysée, c’est lui qui a couvé des yeux cette fusion.

(2) Fils de l’académicien Dominique Fernandez, auteur tout récemment de « Ramon » (Grasset), biographie de son propre père, l’écrivain Ramon Frenandez.



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