Laurence Parisot Ane ma soeur âne...

mardi 14 avril 2009
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« On n’oblige pas un âne à boire s’il n’a pas soif », dit Sarko à propos de la présidente du Medef, dont les adhérents, avec le décret sur les stock-options, ne vont pas beaucoup trinquer.

En début d’année, amusés au moins que leur patronne Laurence Parisot tienne une ligne un peu fluctuante et, disons, indexée sur l’actualité, quelques barons du Medef s’étaient plu à lui décerner un « Golden Globe du double langage ».

Au vu des derniers ajustements de Laurence, c’est un prix Nobel qui va bientôt s’imposer.

L’extravagante rémunération des grands patrons, et en particulier la « part variable » de celle-ci, sujet chaud s’il en est ?

Notre amie le proclame tout d’abord : elle n’a « ni le pouvoir ni le désir » d’intervenir sur la question.

Alain Minc, l’ami du CAC 40, qui redoute une rebellion des classes dangereuses, s’en offusque dans « Le Figaro » et Sarko prend de la hauteur :« On n’oblige pas un âne à boire s’il n’a pas soif. »

Alarmée de la colère présidentielle, l’ânesse vient bientôt à semi-résipiscence : dans le cas d’une entreprise bénéficiaire « d’aides publiques », il est bien « compréhensible » que l’Etat fixe des « obligations »...

La règle des trois tiers si chère au Président (un tiers des bénefs pour les investissements, un tiers pour l’actionnaire, un tiers pour le salarié) ?

Il y a quelques semaines encore, Parisot hurlait à l’atteinte à « l’inaliénable droit de propriété ».

Elle n’évoque plus ces jours-ci que des aléas techniques.

Le fonds d’investissement destiné à reclasser des victimes de la crise, une idée de la CFDT au passage ?

Le Medef s’étonne maintenant du retard à réaliser ce projet.

Et plus question d’ironiser sur ces « nostalgiques » bien « français du communisme » qui donnent dans « l’économie dirigée ».

Bref, il règne sur tout cela un certain air de recentrage et de conciliation.
Il est vrai que le décret final de Matignon ne contrarie pas à ce point les souhaits exprimés du grand patronat.

Initialement, c’est-à-dire au printemps 2007, Laurence, élue deux ans plus tôt à la présidence du Mesef, attendait apparemment beaucoup du sacre de Nicolas :[il] va réconcilier les Français avec l’argent", ce qui ne semble plus tout à fait acquis.

Une opinion d’autant plus méritoire que l’affaire n’avait pas démarré au mieux.

Révélé par un bouquin de journalistes (1), le mot a été repris par bien des gazettes.

Au soir du triomphe électoral de Sarko, Parisot cherche à le joindre pour le féliciter alors qu’il festoie avec ses amis au Fouquet’s.

Elle appelle donc Claude Guéant, qui se rembarrer par le président tout nouvellement élu :

« Ah non, pas cette conne ! Elle n’a même pas été capable de rassembler les patrons pour moi ! »

Il semble que ces derniers temps elle ait été plutôt disposée à rassembler les patrons contre lui.

Ou du moins à en donner les apparences.

Toutes les hypothèses ont couru sur ce que la CGT qualifie de « raidissement idéologique » récent de la patronne des patrons : la pression de durs du Medef ; le besoin d’exister aussi :
« Il y a de grands patrons que Sarko reçoit plus souvent qu’elle » (à commencer par son cher Henri de Castries, d’Axa), relève précisément un responsable cégétiste.

Sans oublier des préoccupations électorales, car Laurence est déjà quasiment en campagne : son mandat de cinq ans, renouvelable une fois, vient à terme l’an prochain.

Il lui faut donc fédérer et surtout se prémunir des désirs de revanche de l’UIMM (l’Union des industries et métiers de la métallurgie), hostile à son élection en 2005 et qu’elle n’a donc pas ménagée dans l’affaire de la caisse noire supposée « fluidifier les relations sociales ».

Un repoussoir idéal pour qui veut comme elle accoucher du « patronat du XXIe siècle ».

Détail, elle a été déboutée du procès en diffamation qu’elle avait intenté à l’ex-dirigeant de l’UIMM Daniel Dewavrin.
Celui-ci affirmait que Lolo était au courant des pratiques de l’UIMM, ce qu’elle a toujours démenti.

« Je ne viens pas du milieu de la finance », dit encore Laurence, propriétaire, pour l’anectote, à Saint-Barthélémy (Antilles françaises) d’une des « plus belles plages privées du monde » (du moins selon les jaloux qui ont eu le loisir d’apercevoir ce paradis).

Il lui arrive cependant de croiser dans le milieu de la finance.
Grand agent, en 2005, de son élection à la présidence du Medef, le pédégé de BNP Paribas Michel Pebereau l’a accueillie l’année suivante dans son conseil d’administration.

Une diversification que notre amie rappelle rarement : les banquiers n’ont pas, ces temps-ci, la meilleure des réputations.

Remarquée pendant ses études supérieures par deux pontes des études d’opinion, Alain Lancelot et Pierre Weill (Sofres), Laurence vient en effet du secteur des services, et plus précisément de la maison Ifop, que son fortuné et pas trop social industriel de papa lui a offerte pour ses 30 ans, ou quasiment.

Un institut qui ne jouit peut-être plus de son prestige de naguère.

De la même façon, elle s’est délestée en 2006 d’une autre entreprise familiale, Optimum la mal nommée, qui renouait difficilement avec le succès.

« Vivement l’avenir », c’était, le mois dernier, le mot d’ordre de l’assemblée générale du Medef.

Dans le fond, entre ressentiments internes et tensions politiques, la présidente, qui, un temps, s’était rêvée commissaire européenne, n’est peut-être pas si pressée....

Par Patrice Lestrohan dans Le Canard enchaîné du 01/04/2009

Transmis par Linsay


(1) La nuit du Fouquet’s, de Raphaëlle Bacqué et Arianne Chemin (Fayard).



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