Regards de mai 2009

mardi 19 mai 2009
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Les libéralisations continuent pendant la crise.

Au cours de la dernière session du Parlement européen avant les élections de juin, les présidents du Conseil et de la Commission ont rivalisé de propos élogieux pour vanter leur bilan. Ils se sont mutuellement félicités en associant le Parlement européen à l’adoption des 50 propositions législatives qui ont des effets directs pour les citoyens. Pour le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, il faut présenter « avec conviction et clarté » ces résultats aux citoyens européens. Ceux-ci sont tellement convaincus par ces résultats qu’ils s’apprêtent à s’abstenir massivement aux élections européennes de juin pour exprimer leur opposition à des politiques européennes qui sont mises en œuvre contre leurs intérêts et pour satisfaire les marchés financiers. Dans leur grande majorité, ils n’ont pas été dupes de la comédie du G20 dont les mesures ne visaient qu’à « restaurer la confiance des marchés ». Le soufflé médiatique du G20 est vite retombé et les salariés ont subi de plein fouet les conséquences d’une crise dont ils ne sont nullement responsables.

Dans les Etats membres de l’Union européenne, la crise a servi de prétexte supplémentaire pour accélérer les processus déjà engagés : forte progression du chômage et des licenciements, pression renforcée sur les salaires, flexibilisation et précarisation accrues du travail, abaissement de la protection sociale, démantèlement des services publics suivi de leur privatisation. La « moralisation » du capitalisme prônée par certains ne les a pas amenés à remettre en cause le principe de la « concurrence libre et non faussée » qui est le fondement de la construction européenne depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui.

C’est en application de ce principe que la déréglementation et la libéralisation ont été appliquées secteur après secteur, de façon plus ou moins rapide selon le degré de résistance des salariés concernés.

Le 6 mai, les parlementaires européens ont donné leur aval aux grandes lignes du « paquet télécoms » dont l’objectif est de développer la concurrence.

Le troisième paquet législatif sur la libéralisation des marchés du gaz et de l’électricité, adopté par le Conseil et le Parlement européen fin mars 2008, vise à dissocier les activités d’approvisionnement et de production de la gestion des réseaux. Cette libéralisation débouche directement sur l’externalisation des activités contre laquelle les gaziers et électriciens français se battent depuis plusieurs semaines.

Par paquet successif, les transports ferroviaires ont été libéralisés, d’abord le fret (sous le gouvernement de la gauche plurielle) puis le transport international des passagers au 1er janvier 2010. Le 22 avril 2009, la majorité du Parlement européen a demandé à la Commission européenne de proposer une initiative législative pour ouvrir à la concurrence d’ici janvier 2012 le transport ferroviaire intérieur des voyageurs.

La libéralisation totale des services postaux au 1er janvier 2011 n’a été obtenue que dix ans après la première directive de 1997 grâce à la lutte des postiers.

Actuellement, les salariés de tous ces secteurs libéralisés sur le plan communautaire sont mobilisés pour faire échec à l’application sur le plan national des directives européennes. Mais, pour une meilleure efficacité, ne serait-il pas souhaitable de développer la convergence des luttes dans les entreprises publiques directement concernées par les libéralisations décidées sur le plan européen ?

L’EUROPE EN BREF..........

. Après la décision de l’Allemagne de rejoindre le camp des Etats membres qui refusent la culture du maïs transgénique MON 810, la Commission européenne a ouvert la voie à une modification de la législation communautaire concernant les OGM.

. Dans son bilan sur la mise en œuvre de la politique européenne de voisinage (PEV) qui concerne des pays méditerranéens et orientaux, la Commission européenne s’est félicitée des progrès réalisés, par exemple l’alignement sur les déclarations de l’Union européenne en matière de politique étrangère et de sécurité (PESC).

. Le ministre de l’agriculture, Michel Barnier, a remis à la commissaire danoise à l’agriculture Mariann Fischer Boel, le titre de « commandeur du grand mérite agricole ». Sans doute pour la remercier d’avoir accéléré la casse de l’agriculture dans l’Union européenne et de vouloir, contre l’avis de tous les professionnels, créer un vin rosé artificiel en mélangeant du vin rouge et du vin blanc !

. Les 27 Etats membres de l’Union européenne siègent au Conseil des gouverneurs du FMI ; le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Joaquim Almunia, a préconisé un siège unique pour l’Union européenne au FMI.

. L’Union européenne a connu en 2008 une augmentation des demandes d’asile pour la deuxième année consécutive (238 000 demandes soit +6% en 2008 après + 11% en 2007) ; les principaux pays d’origine des demandeurs d’asile sont l’Irak, la Russie, la Somalie, la Serbie et le Pakistan.

. La barre des 20 millions de chômeurs dans l’Union européenne a été franchie en mars 2009, soit une augmentation de 626 000 en un mois ; par rapport à mars 2008, le chômage a augmenté de 4 millions pour atteindre 8,9% (contre 7,2%).

. « L’économie européenne est au milieu de la plus profonde et plus large récession de l’après-guerre », a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Joaquim Almunia ; effectivement, la baisse de l’activité économique devrait atteindre 4% dans l’Union européenne. Tous les Etats membres seront touchés, notamment les Etats baltes, l’Irlande et la Hongrie.



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