Claude Evin : Du Bachelot dans son vin.

dimanche 24 mai 2009
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L’ancien ministre de la Santé de Rocard aime bien le projet de loi de Roselyne. Il a intérêt : quand il s’agira d’appliquer ce texte , elle pense lui confier des responsabilités.

Et un plus, de plus, pour l’ouverture, un !.

Comme « Le Canard » l’avait déjà laissé entendre, le revenant Claude Evin, ministre de la Santé de son grand ami Rocard de 1988 à 1991, se dispose à occuper une place de choix dans le dispositif prévu par le projet de loi Bachelot.

Notre homme présidera à partir di 1er janvier 2010 l’ARS (Agence régionale de santé) d’Ile-de-France. A l’instar des académies dans le domaine scolaire et universitaire, les ARS regrouperont dans chaque Région tout ce qui relève de « l’action sanitaire et sociale » ’assurance-maladie, hôpitaux, etc).

Une innovation qui entraîneraaussi la disparition de structures intermédiaires (les Ddass) et peut-être même supérieures (la Cnam, pour faire toujours dans les sigles).

Le choix d’Evin pour la plus importante de ces agences n’a rien aujourd’hui de trop bouleversant : tout récemment, Bachelot lui avait confié le dossier d’indemnisation d’irradiés radiologiques dans un établissement de province.

Une vraie surprise en revanche : sans trop en rajouter toutefois, Evin, dans « Le Parisien », a estimé que la loi Bachelot contenait des dispositions « absolument nécessaires » et que les critiques à son encontre étaient parfois « excessives ».

L’opposition s’oppose trop.

Rare ministre de ces vingt-cinq dernières années à avoir donné son nom à une loi qui a frappé tous les esprits et sans doute allégé quelques poumons, Evin, 60 ans aux cerises, est à sa façon un méritant de la Réoublique.

Fils d’un cantonnier de la SNCF, il a démarré dans la vie comme éducateur spécialisé.

Une spécialité que, beaucoup plus tard, certains de ses détracteurs médicaux ressortiront sans cesse pour attester qu’il n’est pas pas de taille à maîtriser ses sujets.

Le mandarinat est chose robuste.

Ancien de la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne), militant du PSU (à partir de 1971), puis du PS dans le sillage immédiat de Rocard, Claude est en tout cas député dès ses 29 ans et, trois années plus tard, président, au Palais-Bourbon, de l’importante commission ’aujourd’hui dédoublée) des Affaires familiales, culturelles et sociales.

Formidable promotion à partir de 1988.

Tonton (II) ayant truffé de fidèles (Joxe, Dumas, Béré, Charasse, etc.) le gouvernement Rocard, Evin, personnage de tempérament plutôt cordial, se voit par contrecoup affublé d’une foultitude de casquettes : Solidarité, Santé, Protection sociale (il fera adopter le RMI et la CSG), sans oublier le porte-parolat du gouvernement.

Du coup, les contestataires ont tendance à lui faire porter le plus large chapeau.

Fils de prolo, il prend ainsi en pleines dents une grève des infirmières, qui ont débrayé, notamment, après l’annonce que Christine Ockrent, en rupture de ban de TFI, s’est fait attribuer par la société publique Antenne2 (actuelle France 2 ) la bagatelle mensuelle de 22 000 euros.

En vingt ans, la capacité d’indignation a beaucoup baissé.

En mai 1991, son mentor Rocky éjecté de Matignon, Evin prend très mal que Cresson et Mitterrand ne veuillent^pas le reconduire aux Affaires sociales. Et lui préfèrent l’énarque Bianco, tout droit débarqué du secrétariat général de l’Elysée.

Bien loin d’avoir démérité, juge-t-il, il a, par surcroît, une réforme hospitalière en cours qui, question maîtrise de coûts, annonce vaguement l’actuelle.

Depuis, il n’a eu de cesse de vouloir revenir dans le secteur de la Santé.

Dans le civil, Evin, qui ne s’est pas représenté à l’Assemblée en 2007, par respect, dit-il, d’engagements anciens sur le « Place aux jeunes », est aujourd’hui avocat.

Une loi assez récente permet en effet à des parlementaires blanchis sous le harnois d’exercer cette profession sans passer d’examen spécifique.

Et, longtemps présent dans diverses instances sanitaires et sociales, il préside aussi l’influente Fédération hospitalière de France.

Détail, en début de semaine, Evin était dans l’attente d’un jugement du tribunal de Paris annoncé pour ce mardi 5 mai.

Bénéficiaire d’un non-lieu, en cours d’instruction, dans l’affaire du sang contaminé, Evin est en effet aussi poursuivi par la famille d’une victime (par transfusion sanguine).

Famille qui l’accuse d’avoir fait pression sur elle par personne interposée pour quelle retire sa plainte.

Une affaire embrouillée ou le ministère public a recquis la relaxe.

« Je n’ai jamais voulu, commente notre homme, que m’expliquer avec les familles ».

Quand à la présidence de l’ARS d’Ile-de-France, le futur préfet sanitaire n’est pas totalement au bout de ses peines.

Dans sa situation, il lui reste à espérer que, pour apaiser le corps médical, Sarko ne bouscule pas trop le projet de loi.

Evin aurait bonne mine d’avoir soutenu un texte obsolète !.

Par Patrice Lestrohan dans Le Canard enchaîné du 06/05/2009

Transmis par Linsay



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