VICTOIRE HISTORIQUE D’EVO MORALES

lundi 23 janvier 2006
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Evo Morales, candidat du « Mouvement vers le Socialisme » (MAS) fondé en 1995, est le premier Indien à devenir chef d’Etat en Amérique Latine après avoir obtenu près de 54% des voix dès le premier tour des élections présidentielles. En Bolivie, les Indiens représentent 60% de la population et constituent les couches les plus pauvres (la majorité de la population vit avec moins de 5 dollars par semaine) qui sont totalement exclues du partage des richesses accaparées par les firmes multinationales et la bourgeoisie nationale. C’est notamment le cas dans les secteurs du gaz naturel et des mines.

L’élection d’Evo Morales, qui s’inscrit dans le prolongement de puissantes luttes populaires, est due pour une grande part à ses engagements de lutter contre les inégalités et de nationaliser le gaz, revendication prioritaire des mouvements indigènes et de la Centrale Ouvrière Bolivienne. Les contrats avec les compagnies pétrolières étrangères (dont Total) ont été déclarés « illégaux et anticonstitutionnels » et le nouveau pouvoir compte bien utiliser les richesses gazières pour financer la réforme agraire, la création d’une sécurité sociale, la gratuité de l’école, le relèvement du pouvoir d’achat des plus pauvres.

Après avoir déclaré que la Bolivie « veut des partenaires, pas des maîtres », Evo Morales a mis ses actes en accord avec ses discours en effectuant à Cuba son premier déplacement à l’étranger, avant même son investiture prévue le 22 janvier.Tout un symbole ! Comme l’a fait le Vénézuela, la Bolivie ne manquera pas de développer ses relations avec Cuba où déjà près de 3000 Boliviens poursuivent leurs études dont 2700 en médecine. Premier résultat de cette visite : Cuba s’est engagé à accorder 5000 bourses pour la formation des médecins boliviens, à soigner chaque année 50000 Boliviens atteints de problèmes oculaires et à aider à une campagne d’alphabétisation.

Adversaire déclaré de l’économie néolibérale et de la politique des Etats-Unis, Evo Morales s’est déjà prononcé en faveur de « l’Alternative Bolivarienne dans les Amériques »(ALBA), projet d’intégration économique fondé sur la coopération et la solidarité porté par Cuba et le Vénézuela, qui s’inscrit en opposition avec la zone de libre-échange des Amériques fondée sur la domination des Etats-Unis sur leurs « partenaires ».

Comme l’a dit Fidel Castro au cours de leur rencontre :« Il semble que la carte politique en Amérique Latine soit en train de changer ». De son côté, le gouvernement étasunien subit (sans jusqu’à présent pouvoir l’empêcher malgré toutes ses menaces et pressions) ce « changement » dans ce qu’il a considéré pendant longtemps comme son « arrière-cour » où sa domination est de plus en plus contestée. Espoir pour les peuples d’Amérique Latine mais aussi la plus extrême vigilance car les pressions des Etats-Unis et des multinationales ne vont pas manquer pour essayer d’empêcher le nouveau gouvernement bolivien de tenir ses engagements vis-à-vis de son peuple.



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